Agriculture et danse : un pas de deux original
La danse et l’agriculture ont toujours fait partie de la vie du Québécois JeanDaniel Bouchard, qui a été formé à l’école du Ballet royal de Winnipeg. Après des années sur les scènes, il a effectué son retour aux sources en reprenant la ferme familiale au Saguenay.
En 2018, Jean-daniel Bouchard devenait la sixième génération à vivre de la ferme familiale. Un travail qu’il conjugue avec son autre passion : la danse.
« J’ai commencé à danser à l’âge de quatre ans. Ma mère était directrice artistique de l’organisme Prisme culturel. Tout est parti de là.
« Lorsque j’étais en secondaire quatre, j’ai passé une audition pour le Ballet royal de Winnipeg. Malheureusement, ça n’a pas été concluant. J’ai auditionné de nouveau au secondaire cinq, et là j’ai été accepté.
« Je voulais vraiment aller au Ballet royal de Winnipeg.
Ils sont reconnus pour leur programme de danse classique. C’est ce qui m’intéressait vraiment. »
À l’âge de 18 ans, JeanDaniel Bouchard a donc pu se lancer dans l’aventure de l’ouest canadien.
| Une carrière dans l’ouest
« C’était un beau défi pour moi, parce que, bon, j’avais appris l’anglais scolaire. Mais c’était tout. Je ne parlais pas plus anglais que ça. L’expérience m’a aussi permis de devenir beaucoup plus autonome. J’étais loin de ma famille pour la première fois.
« J’ai fini l’école du Ballet royal en 2005. Entre le moment de quitter l’école et celui de rentrer dans des compagnies, il y a un programme particulier à suivre : celui d’aspirant. Je l’ai été pendant un an.
« J’ai eu ma première job en 2006 au Banff Centre for the Arts. À la suite de quoi, j’ai décroché mon premier contrat avec le Ballet de Kelowna.
« J’ai aussi eu la chance de danser pour le Ballet Jorgen Canada à Toronto. J’ai dansé dans des grands classiques comme Casse-noisette, Roméo et Juliette. J’ai pas mal visité le Canada. »
Et puis l’envie de poser ses valises est devenue plus forte pour Jean-daniel Bouchard. « Mon père, Clément Bouchard, voulait vendre la ferme. Elle était dans notre famille depuis si longtemps, je trouvais ça vraiment dommage qu’elle se perde.
« Je suis retourné aux études au Collège d’alma pour obtenir un diplôme en gestion et technologies d’entreprise agricole. Et j’ai repris la ferme en 2018. Mon père continue de me soutenir et de m’apporter beaucoup d’aide. »
Ceux qui penseraient que les deux passions ne sauraient aller de pair, Jean-daniel Bouchard les dément très volontiers. « L’agriculture, c’est quelque chose de très calculé, de très carré, qui ne laisse pas vraiment de la place à la créativité. La danse m’apporte ce côté créatif et de liberté.
« À la danse on apprend des enchaînements, comme en agriculture. Et la danse m’a apporté une grande souplesse pour éviter de me blesser dans des mouvements très répétitifs. Je suis encore jeune, j’ai 34 ans, mais il faut faire attention.
« Et puis la danse me donne un petit revenu pour compléter les revenus de la ferme, car j’ai ouvert ma propre école de danse en 2016 : Ballet Synergie. Je donne des cours aussi au Prisme culturel, où j’ai fait mes premiers pas. J’en propose aussi à l’école de danse Suzanne Maltais Gagnon. »
| Nourrir le monde
« Je commence mes journées à 5 h du matin et je les finis vers 21 h 30. Deux après-midis par semaine sont dédiés à mes cours de danse. Et je pratique pour mon plaisir en soirée. »
Son choix de se tourner vers la terre, Jean-daniel Bouchard le résume d’une simple formule : « J’ai choisi de nourrir le monde. C’est quelque chose d’important pour moi. Les arts sont tout aussi importants pour l’esprit humain. Sauf que l’agriculture m’apporte beaucoup plus de stabilité financière.
« Je salue la formation que j’ai reçue au Ballet royal de Winnipeg. La discipline et la rigueur que j’ai acquises me servent encore. Si j’ai choisi d’enseigner la danse, c’est aussi parce que je trouve essentiel de pouvoir transmettre cette manière d’être à d’autres. Et puis, quand je vois certains de mes élèves, je me revois à leur âge et c’est l’fun. »