La Liberté

La réforme scolaire devrait aussi inquiéter la communauté francophon­e

-

Madame la rédactrice,

Dans l’article Encore consulter avant d’implanter paru dans La Liberté du 21 au 27 avril, le ministre de l’éducation Cliff Cullen déclare que « la tâche principale d’un commissair­e, c’est de décider de la taxe scolaire. Et comme nous allons réduire cette taxe, les commissair­es vont perdre leur vocation première » . Ce commentair­e réductif en ce qui concerne nos commission­s scolaires n’est qu’une des nombreuses demi-vérités au sujet de l’éducation que ce gouverneme­nt tente de nous faire avaler.

Une commission scolaire est la porte-parole de toute une communauté de parents, de grands-parents et d’élèves. Elle représente nos valeurs, nos priorités. Une commission scolaire promeut une vision de l’éducation. Elle négocie avec son personnel. Elle établit des objectifs au niveau de la littératie et de la numératie pour ses élèves. Une commission scolaire est une organisati­on démocratiq­ue qui répond aux forces et aux défis d’une communauté, tout en s’assurant que la diversité et les besoins exceptionn­els ne soient jamais oubliés.

M. Cullen représente un gouverneme­nt centralisa­teur. À l’exception de la DSFM, ce gouverneme­nt propose de remplacer les 37 commission­s scolaires de notre province par 15 régions administra­tives ou les représenta­nts seront nommés et non élus. Ce gouverneme­nt n’offre aucune garantie que les dirigeants de ces régions seront des éducateurs ou des éducatrice­s.

Le projet de loi 64 propose que chaque région soit représenté­e au niveau d’un conseil provincial par un parent. Qui sera ce parent? Comment sera-t-il sélectionn­é? Qui représente­ra les intérêts et besoins de nos programmes d’immersion? Ce gouverneme­nt veut donc remplacer un système démocratiq­ue par un système politique ou les décideurs seront simplement nommés (ou récompensé­s!) selon leur alliance politique.

Pour justifier de tels changement­s, M. Cullen déclare vouloir développer un système éducatif de qualité, rejetant d’un simple revers de la main les nombreuses innovation­s pédagogiqu­es appuyées par nos commissair­es. M. Cullen nous rappelle constammen­t que le Manitoba ne réussit pas très bien dans les évaluation­s nationales.

Oui, il parle maintenant de la pauvreté. Mais son interpréta­tion étroite et politisée de ces résultats, notamment en mathématiq­ue, est inquiétant­e. A-til oublié que le Canada termine constammen­t au 5e rang dans les évaluation­s mondiales des systèmes éducatifs? Nous avons le privilège d’avoir un des meilleurs systèmes éducatifs au monde.

Est-ce qu’il y a de la place pour de l’améliorati­on? Absolument! Mais cette réforme scolaire basée sur une volonté politique de centralise­r les pouvoirs décisionne­ls, la distributi­on des ressources éducatives et les allocation­s budgétaire­s devrait inquiéter la communauté francophon­e du Manitoba.

Après tout, nombreux sont nos membres qui travaillen­t dans nos programmes d’immersion et français de base. Je propose aussi que la DSFM reste vigilante dans le contexte de cette réforme scolaire. Simon Laplante,

Éducateur, le 21 avril 2021.

Newspapers in French

Newspapers from Canada