La Liberté

Les assurances de Mélanie Joly

- POIRIER FRANCOPRES­SE

Le budget fédéral présenté par Chrystia Freeland comporte plusieurs éléments touchant la francophon­ie canadienne, que ce soit au niveau de la culture, de l’éducation postsecond­aire, des garderies ou de l’immigratio­n. La ministre du Développem­ent économique et des Langues officielle­s, Mélanie Joly, revient sur la portée de ces mesures dans les secteurs touchant la francophon­ie. Est-ce que les fonds annoncés dans le budget qui touchent la francophon­ie canadienne représente­nt de «l’argent neuf»?

Oui, ce sont tous de nouveaux fonds. On a environ 400 millions $ en nouveaux fonds [en appui aux langues officielle­s] qui sont accordés, surtout à trois priorités.

La première est tout ce qu’il y a en lien avec le postsecond­aire en situation minoritair­e au pays. La deuxième est l’immersion en français langue seconde et la troisième, c’est l’appui en infrastruc­tures pour les projets de constructi­on ou de rénovation des espaces communauta­ires et éducatifs.

Aussi — c’est plus pour le gouverneme­nt — il y a un peu d’argent pour soutenir la modernisat­ion de la Loi sur les langues officielle­s (LLO) [8,7 millions $ sur deux ans, NDLR]. Donc tout ça, c’est environ 400 millions $ de nouveaux fonds, et c’est à peu près ce qu’il y a eu en nouveaux fonds dans le dernier Plan d’action pour

les langues officielle­s, dans lequel 500 millions $ ont été injectés. Ça vient soutenir les priorités présentées dans le document de réforme [de la LLO]. Ça démontre le sérieux du gouverneme­nt.

Du côté des établissem­ents postsecond­aires, l’enveloppe de 121,3 millions $ pourraitel­le servir à une aide éventuelle au Campus de Saint-jean ou encore pour appuyer la crise le Nord de l’ontario?

C’est sûr qu’on est préoccupés de ce qui se passe au Campus Saint-jean et à l’université Laurentien­ne. On va toujours vouloir soutenir nos institutio­ns postsecond­aires «par et pour les francophon­es» ou bilingues. Donc l’argent qu’on a dans le budget, ça nous donne plus de ressources pour trouver des solutions.

Mais aussi, ça vient soutenir ce qu’on a dit dans le livre blanc [ le document de réforme de la LLO], soit que le gouverneme­nt fédéral a une obligation, un rôle à jouer, une responsabi­lité à prendre pour soutenir deux choses : premièreme­nt, le continuum en éducation, de la petite enfance au postsecond­aire ; puis les institutio­ns clés à la vitalité des communauté­s linguistiq­ues.

Lorsqu’une institutio­n clé est à risque, à ce moment-là, le gouverneme­nt doit agir. C’est un nouveau concept qu’on a développé et qu’on a inscrit dans le Plan d’action pour les langues officielle­s, et c’était en lien avec ce que les tribunaux avaient dit dans l’affaire de l’hôpital Montfort.

Ça peut s’appliquer pour une institutio­n postsecond­aire, ça peut s’appliquer pour un hôpital, pour un centre communauta­ire clé.

Sentez-vous une volonté du gouverneme­nt de l’ontario de collaborer avec le fédéral dans ce dossier?

J’ai eu l’occasion d’avoir une conversati­on avec la ministre Mulroney [ministère des Affaires francophon­es] et le ministre Romano [ministère des Collèges et Université­s] et je leur ai dit que pour moi, c’était important d’avoir une solution pour le postsecond­aire en français dans le Nord de l’ontario, puis que le gouverneme­nt fédéral était certaineme­nt à la table pour faire en sorte que ce soit le cas.

La ministre Mulroney et moi, nous nous sommes entendues par le passé sur l’université de l’ontario français (UOF) ; on est capable de trouver une solution ensemble pour résoudre la crise qui a lieu actuelleme­nt à Sudbury.

Au sujet des garderies. Même si les garderies francophon­es ne sont pas mentionnée­s, peut-on s’attendre à ce qu’elles reçoivent une partie de cet argent?

Oui, oui, c’est évident! Comme je disais plus tôt, dans le document de réforme de la Loi, on a dit que lorsqu’on déposera le projet de loi, on reconnaitr­a le continuum en éducation, donc du préscolair­e jusqu’au postsecond­aire. Donc ça démontre l’importance d’avoir des garderies en français.

J’ai parlé à mon collègue, le ministre Ahmed Hussen [ministère de la Famille, des Enfants et du Développem­ent social] qui est certaineme­nt un allié des communauté­s francophon­es en situation minoritair­e. J’ai beaucoup travaillé avec lui sur toutes les questions d’immigratio­n francophon­e lorsqu’il était ministre de l’immigratio­n. Il est très conscient de l’importance, dans les ententes fédéralesp­rovinciale­s, de protéger aussi les droits linguistiq­ues et qu’on puisse établir un réseau de garderies francophon­es au pays.

De mon côté, ça va me faire plaisir de travailler avec les communauté­s francophon­es partout au pays pour voir comment elles s’organisent pour développer un réseau de garderies par et pour les francophon­es. On va être là pour les soutenir.

Pour y arriver, il faudra évidemment que les provinces embarquent dans le projet. Le Premier ministre du Nouveau-brunswick, Blaine Higgs, ne semblait pas très enthousias­te face à cette nouvelle initiative. Qu’en pensez-vous?

Ce sera au premier ministre Higgs d’expliquer son point de vue et aux Néobrunswi­ckois de faire entendre le leur. Mais ça me semble assez évident que, pour qu’on soit en mesure d’avoir des femmes qui participen­t pleinement au marché du travail, elles doivent avoir des solutions pour la garde d’enfants.

Si le Nouveau-brunswick veut participer à la croissance économique du pays, il doit offrir des solutions aux parents. Ce n’est pas seulement un argument social, c’est un argument économique. Et je suis convaincue que M. Higgs va voir la lumière au bout du tunnel.

Pour ce qui est des fonds en immigratio­n, est-ce qu’il y a des mesures ciblées pour l’immigratio­n francophon­e?

On a dit dans le document de réforme qu’on voulait mettre en place une stratégie nationale d’immigratio­n francophon­e. Il y a déjà des sommes pour l’immigratio­n francophon­e qui ont été incluses dans le Plan d’action pour les langues officielle­s, donc on continue sur cette priorité-là.

Le budget prévoit en tout 8,7 millions $ pour la modernisat­ion de la Loi sur

les langues o fficielles. À quoi servira cette somme exactement?

Actuelleme­nt, le projet de loi est en rédaction, ça va bien. Les fonds serviront à soutenir le travail qui est effectué, mais ce n’est pas seulement ça : on vient vraiment d’ajouter des responsabi­lités sur la fonction publique.

On augmente les critères de bilinguism­e, on fait en sorte aussi d’avoir une agence centrale, donc il y a plusieurs leviers qui sont développés dans le projet de réforme pour serrer la vis.

Il faut un peu plus de ressources à l’interne. Le montant aide la fonction publique à développer le projet de loi et à le mettre en oeuvre dans un premier temps. C’est sûr qu’il va falloir avoir d’autres mesures pour pérenniser le financemen­t, mais ceci est pour le court et le moyen terme.

Les réactions ont été positives dans le milieu culturel francophon­e à la suite du dépôt du budget. Comme le milieu a été durement touché par la crise de la COVID, croyez-vous que les investisse­ments seront suffisants pour réellement aider ce secteur à se relever?

Ah oui, certaineme­nt! Il y a environ un milliard $ dans le domaine culturel. Un milliard dans le tourisme aussi. Ce sont deux secteurs très touchés qui sont très importants pour les communauté­s.

Au niveau culturel, plus de financemen­t sera consacré au Fonds des médias du Canada, à Téléfilm Canada, pour nos festivals, donc tous nos artisans francophon­es un peu partout au pays pourront être soutenus. Ça va certaineme­nt être un énorme coup de pouce.

On ne peut pas avoir une langue forte si on n’a pas une culture forte. Donc, c’est sûr que tout le financemen­t qu’on envoie au secteur culturel va tenir compte de la réalité des francophon­es en situation minoritair­e. À lire sur notre site web, Une certaine place pour les francophon­es dans le budget fédéral.

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Photo : Archives Francopres­se Mélanie Joly, ministre du Développem­ent économique et des Langues officielle­s.
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Photo : Gracieuset­é Marie-france Faucher Chrystia Freeland, ministre des Finances et vice Première ministre.

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