L’animatrice des têtes et des coeurs
Alors que se profile le 50e anniversaire du Conseil jeunesse provincial en 2023, Roxane Dupuis, sa directrice générale depuis 18 ans, s’est sentie à la croisée de son chemin professionnel. Son départ prochain est motivé par une réflexion personnelle sur ses projets d’avenir.
Avant d’en devenir la directrice générale, Roxane Dupuis a été impliquée à différents niveaux au CJP. « Quand j’avais 1415 ans, j’ai découvert les activités du CPJ par l’intermédiaire de jeunes bénévoles qui distribuaient de la nourriture dans la cantine du Centre communautaire de Saint-jeanBaptiste. Je trouvais qu’il y avait une belle dynamique chez eux.
« Ils m’ont parlé du CPJ, de l’organisme par et pour les jeunes. J’ai donc décidé de contribuer à ma manière en m’y impliquant. J’ai été élue au conseil d’administration, et j’en ai même assuré la présidence pendant deux ans, de 1997 à 1999.
« Après ce mandat, j’ai été la présidente, jusqu’en 2001, de l’organisme national dont est membre le CJP : la Fédération de la jeunesse canadiennefrançaise (FJCF).
« J’ai eu la chance d’être à la FJCF au moment des premiers Jeux de la francophonie, tenus au Nouveau-brunswick. En parallèle, le Forum de la francophonie se tenait à Moncton, avec pour thème la jeunesse.
« Pendant ces annéeslà, mon univers a gravité autour des organismes de la jeunesse. Et puis je voyais mon 25e anniversaire arriver. Je savais que je ne pourrais plus renouveler mon membership.
« Pourtant, je ne voulais pas m’arrêter là. Ce réseau jeunesse m’avait tellement donné que c’était important pour moi de pouvoir donner à mon tour. »
En décembre 2003, le CA du CJP a décidé d’embaucher Roxane Dupuis à la direction générale. En connaissance de cause. « J’avais la chance de travailler à la FJCF à Ottawa, à un temps où Rolande Kirouac, ma prédécesseure, m’avait contactée pour m’informer qu’elle songeait à quitter son poste. (1) »
| Série de projets
« Je suis donc revenue au Manitoba. Pendant plusieurs mois, j’ai eu la chance de suivre Rolande pour qu’elle me donne des occasions d’en apprendre plus sur le poste. À la suite de son départ, le CA a publié l’offre d’emploi, puisque c’est la procédure à suivre. J’ai eu le poste. »
Sa longévité dans l’emploi a permis à Roxane Dupuis de participer à la concrétisation de toute une série de projets initiés par des jeunes.
« Il y a une expression dans le réseau jeunesse qui dit que les jeunes sont la tête et le coeur des projets. Et que les employés sont les bras et les jambes.
« Si je devais n’en choisir qu’un à mettre en valeur, ce serait le projet Ceci est notre
message. En 2009, le CJP a réalisé une vidéo avec des jeunes pour s’exprimer sur leur réalité. C’étaient les débuts de
Youtube. Les jeunes FrancoManitobains ne se voyaient pas et ne s’entendaient pas.
« Alors Gabriel Tougas, qui à l’époque était dans ses débuts comme réalisateur, avec une équipe de scénaristes, ont écrit un script sans contraintes de notre part. Je me rappelle encore de ma première lecture du scénario, je m’étais dit : Wow! Moi comme diplomate, je ne suis pas sûre que j’aurais dit ça.
« Avec le CA, on a donc eu à faire face à une problématique :
Est-ce qu’on voulait revoir le scénario en appliquant une
sorte de censure? Puis on s’est dit : Non, on ne peut pas les
censurer. Parce qu’on veut donner la parole aux jeunes, on veut les outiller et les appuyer pour leur donner les moyens de se faire entendre.
« En 2019, on a sorti un suivi à cette vidéo : Cela était
notre message. On a repris les mêmes jeunes. On a fait le point sur comment les choses avaient évolué. C’est dire que la première vidéo avait eu un réel impact! »
Roxane Dupuis a aussi pu voir le visage de la francophonie se transformer.
« Quand j’ai pris la direction de l’organisme, le CJP a pris une position assez claire sur qui était sa clientèle. Il faut se rappeler que la Division scolaire franco-manitobaine existe seulement depuis 1994.
« Chaque septembre, il y a un grand rassemblement des jeunes d’expression française. Jusqu’à fin des années 1990, à cet évènement, il n’y avait que les écoles françaises, qui étaient principalement devenues les écoles de la DSFM.
« Mais quand même, dans nos vies quotidiennes, on côtoyait les personnes de
l’immersion qui étaient nos coéquipiers. Alors on s’est
demandé : Pourquoi on ne fait rien avec eux? Mais aussi : Estce qu’il y a de l’intérêt de leur côté? »
| Virage majeur
« Le résultat de ces réflexions a été que le CJP organise depuis ce rassemblement d’automne pour les jeunes d’expression française, qu’ils viennent de l’immersion ou de la DSFM. Il y a même eu une évolution de notre vocabulaire : plutôt que de dire “Franco-manitobain”, on voulait être plus inclusif en disant “jeune d’expression française”. C’est un virage majeur qu’on a pris.
« C’est un vrai legs de la part des CA de l’époque. Même si ça n’a pas fait l’affaire de tout le monde. Il y a eu un sentiment, qui n’a jamais été exprimé explicitement. En tout cas certains pensaient qu’en étant jumelé aux jeunes de l’immersion, la qualité du français de la programmation du CJP allait souffrir. C’était bien dommage. »
Roxane Dupuis quitte la direction générale avec la conviction que le temps était venu. « J’ai été assez gourmande ces dernières années de ne garder le poste que pour moi. Je n’aurais jamais pensé faire ce travail aussi longtemps. Je voyais le 50e anniversaire du CJP arriver en me disant que je n’étais pas forcément la meilleure personne p pour le célébrer.
« Je vais donc rejoindre O Strategies, une firme de planification stratégique où je vais pouvoir mettre mes compétences de gestion en pratique dans un autre contexte. »