La Liberté

UNE INSPIRATIO­N

POUR TOUTES LES GÉNÉRATION­S

- Ophélie DOIREAU odoireau@la-liberte.mb.ca

Voici le trio de femmes qui a porté le projet de mise en valeur des contributi­ons de vie de plus d’une centaine de femmes du Manitoba français.

Des femmes, nées entre 1910 et 1950, honorées comme des marraines. De gauche à droite : Hélène Roy, Lise Gaboury-diallo et Michelle Smith.

En 1916, le Manitoba est devenu la première province canadienne à accorder le droit de vote aux femmes. Le centenaire de l’évènement avait été commémoré en grand au Manitoba français. Au point de motiver pendant cinq ans Lise Gaboury-diallo, Michelle Smith et Hélène Roy, qui ont cosigné Manitobain­es

Engagées, que publient les Éditions du Blé. (1)

Ce n’est pas la première fois qu’un livre conçu pour mettre en avant les réalisatio­ns de femmes manitobain­es voit le jour. Lise Gaboury-diallo tient à le souligner. « En 1984, Janick Belleau avait écrit Le Manitoba des femmes répond – Questionna­ire Gabrielle-roy.

« Et en 1985, les Éditions du Blé ont publié Femmes de chez nous, un ouvrage voulu par la Société historique de Saint-boniface et la Ligue féminine catholique du Manitoba.

« Mais les portraits de ces femmes touchaient celles nées en 1916 ou avant. Alors on savait qu’il avait une mise à jour à faire. »

Michelle Smith est l’instigatri­ce du projet Manitobain­es Engagées.

« À l’approche de 2016, je voyais que ce centenaire du droit de vote accordé aux femmes approchait. Et je voulais vraiment faire quelque chose.

« Un comité d’organisati­on a eu l’idée d’un brunch. (2) On a invité personnell­ement chaque femme. À leur arrivée, elles ont reçu chacune une rose. Ces femmes étaient toutes des femmes qui avaient contribué à l’épanouisse­ment de leur communauté. Elles sont en quelque sorte nos marraines.

« Lors de ce brunch, on a pu identifier une à une les femmes présentes et prendre un peu la mesure de leurs accompliss­ements.

« J’adore l’histoire. J’ai un côté archiviste. Je me suis dit qu’un suivi aux deux premiers livres déjà publiés serait formidable pour mettre en valeur toutes ces femmes. »

Le projet a pris forme dans la tête de Michelle Smith qui, pendant le brunch, a approché Lise GabouryDia­llo pour lui parler de son idée, qui l’a tout de suite emballée.

« Il y avait un vrai intérêt à faire ce livre, qui ne s’est jamais démenti. Au début, on avait cette petite base de données de femmes qui étaient bien connues au Manitoba, comme Maria Chaput, avec lesquelles on pouvait commencer notre travail à vocation historique.

« Et puis quand on les contactait, certaines nous disaient : Mais est-ce que vous avez pensé à une telle ou une

telle? On s’était effectivem­ent d’abord concentré sur celles qui vivaient au Manitoba. Puis on a élargi notre champ d’intérêt à celles qui étaient nées ici et qui avaient fait carrière ailleurs.

« Un groupe de travail s’est formé et a apporté son réseau. C’était un bon moyen d’inclure des femmes qui s’étaient démarquées dans plusieurs domaines. (3)

« Sauf qu’à un moment, on avait bien trop de noms! (rires) Alors on a dû revoir nos critères de sélection. On a choisi des femmes nées entre 1910 et 1950. Mais là encore, la liste était bien longue. Alors on a essayé de se limiter à une centaine. »

Cette exigence de sélection est d’ailleurs un regret assumé de Michelle Smith.

« J’aurais voulu inclure toujours plus de femmes. (rires) Mais bon! Il faut savoir s’arrêter à un moment, même si c’est difficile. Parce que j’ai tellement appris au cours du u projet.

« Je pense que mes moments préférés, c’était sans aucun doute lorsque je communiqua­is avec les femmes ou avec les s membres de leur r famille pour une ne raison ou une autre. tre. J’adorais en savoir voir toujours plus. »

Puis est venu nu le moment où Michelle chelle Smith et Lise Gabourybou­ryDiallo ont dû établir un plan de match ch pour recueillir le témoignage moignage de chacune des femmes. emmes.

Lise Gaboury-diallo Diallo s’en souvient bien. « Le comité de travail a établi une ne dizaine de questions, sur lesquelles ll les l femmes étaient libres de parler autant qu’elles le souhaitaie­nt. Avec toutefois une limite de deux heures. La majorité de nos entretiens ont duré une heure.

« Certaines femmes ont débordé un peu et on a perdu leurs données. Elles ont généreusem­ent accepté d’être enregistré­es de nouveau. »

| Souci de documentat­ion

« Pour mener nos entretiens, l’école technique et profession­nelle de l’université de Saint-boniface nous a gracieusem­ent prêté son studio du Départemen­t des technologi­es.

« Les enregistre­ments vidéo et audio vont être remis à la Société historique de Saint-boniface à des fins patrimonia­les. »

Cet aspect s’avère l’un des points essentiels pour Michelle Smith.

« Dans un souci de documentat­ion, on a même recueilli les signatures des femmes qui sont en vie. S’il avait été possible de faire un lancement en personne, ça aurait été très symbolique de remettre en main propre ces vidéos et ces enregistre­ments audio. »

Les entrevues menées, il fallait s’attaquer à l’écriture. Autrement dit, à assurer la facture du récit de ces femmes. C’est à cette étape du projet que les compétence­s et le souci de la minutie d’hélène Roy sont entrés en jeu.

« Je recevais les transcript­ions des entrevues, qui faisaient environ 8 000 mots. Il fallait que je m’emploie à les résumer, tout en préservant leur manière de parler et l’idée principale qu’elles exprimaien­t.

« C’était un énorme travail. Je devais souvent prendre du recul sur mon texte. Je suis arrivée à réduire chaque témoignage à environ 2 000 - 2 500 mots. Chaque transcript­ion me demandait bien sûr plusieurs heures de travail. Je crois bien avoir passé plus de 2 000 heures sur ce projet.

« Il fallait assurer un certain niveau dans l’écriture, parce qu’il fallait transforme­r de l’oral en écrit. Les témoignage­s sont écrits au je, sauf pour les femmes décédées. C’était vraiment intéressan­t de lire leurs histoires. Je pensais en connaître certaines, et j’en ai tellement appris plus en lisant.

« Atteindre une certaine unité dans ces 350 pages, c’était un très beau défi. J’ai toujours aimé les travaux d’écriture et celui-ci a été très passionnan­t. Voir le portrait de ces femmes qui se sont dévouées dans leur domaine, tout en étant pour certaines mères de famille, c’est beau et inspirant. »

Sans aucun doute, les trois amies voient ce livre comme un legs.

Hélène Roy :« Manitobain­es Engagées raconte l’histoire de femmes qui ont fait leur histoire. Chaque génération suivante va trouver son moyen de s’exprimer à son tour. Ce livre pourra peut-être inspirer aussi bien des femmes que des hommes. »

Lise Gaboury-diallo : « C’est un livre qui permet de cerner une époque, en constatant aussi bien l’écart génération­nel que l’écart culturel dans le cas de certaines femmes qui ne sont pas nées au Canada.

« C’est une belle occasion de célébrer le travail des femmes, qui est souvent passé sous silence. D’ailleurs, beaucoup de femmes s’interrogea­ient quand on leur a demandé de participer. Elles disaient, en première réaction : Mais pourquoi moi? Je n’ai rien fait de spécial. »

Michelle Smith : « C’est absolument un legs important pour la communauté, qui permet d’honorer nos marraines et de faire connaître des histoires très touchantes. Le projet a connu quelques temps forts. »

| Photos : l’atout central

« À l’automne 2018, on a organisé une rencontre avec ces femmes. Il y av avait deux vidéos de trois minutes minut chacune, où environ 25 fem femmes répondaien­t à deux qu questions.

« La première était : Quelle f femme t’a le pl plus marquée dan dans ta vie? L’autre était : Quel conseil donne donneriez-vous aux femmes aujourd’hui?

« Il y avait tellement de belles bell réponses, inspirante­s inspirante­s. Ça montrait vraiment l’ampleur du projet. »

Les conceptric­es concep Michelle Smith et Lise Gaboury-diallo s’accordent sur su l’atout central de ce livre : les le photos. Elles l’expriment d dans un même élan :

« Les photos sont tellement touchantes! On voit ces femmes jeunes, on pressent des femmes en devenir. C’est tellement beau. Les photos parlent tout autant que les textes. Ces photos vraiment, c’est la cerise sur notre sundae. »

(1) Le lancement du livre est prévu le 27 mai.

(2) Le comité d’organisati­on était composé de Madeleine Arbez, Martine Bordeleau, Ginette Lavack, Bernice Parent, Geneviève Pelletier, Michelle Smith, Françoise Therrien-vrignon.

(3) Lise Gaboury-diallo tient à préciser que ce groupe n’était pas toujours le même. Ont participé sur une période de cinq ans : Aline Campagne, Lynne Champagne, Nicole Collette, Jule Dubé-smith, Louise Duguay, Riel Foidart, Suzanne Kennelly, Roland Lavoie, Gilles Lesage, Papa Mbao, Bernice Parent et Karlee Sapoznik.

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Photo : Marta Guerrero
 ?? Photo : Marta Guererro ?? De gauche à droite : Lise Gaboury-diallo, Hélène Roy et Michelle Smith.
Photo : Marta Guererro De gauche à droite : Lise Gaboury-diallo, Hélène Roy et Michelle Smith.
 ??  ?? Les trois ouvrages qui rendent hommage aux femmes manitobain­es. De gauche à droite :
Femmes de chez nous, publié en 1985 par les Éditions du Blé; Manitobain­es Engagées, publié en 2021 publié par les Éditions du Blé; et Le Manitoba des Femmes répond, publié en 1984 par le Centre d’études franco-canadienne­s de l’ouest.
Les trois ouvrages qui rendent hommage aux femmes manitobain­es. De gauche à droite : Femmes de chez nous, publié en 1985 par les Éditions du Blé; Manitobain­es Engagées, publié en 2021 publié par les Éditions du Blé; et Le Manitoba des Femmes répond, publié en 1984 par le Centre d’études franco-canadienne­s de l’ouest.
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