Projet de loi 64 : toujours le temps des questions
Le projet de loi 64, présenté à la mi-mars par le ministre de l’éducation Cliff Cullen, suscite toujours plus de préoccupations affichées au grand jour. Les dernières en date sont celles des directions d’écoles, parce que le projet de loi dispose qu’elles ne pourront plus faire partie de la même entente collective que les enseignants.
Marc Roy est président de la Fédération canadienne des directions d’écoles francophones et directeur du Centre scolaire Léo-rémillard. C’est avec cette double casquette qu’il aborde la délicate question de l’appartenance syndicale.
« Bien que la Division scolaire franco-manitobaine (DSFM) ait un statut particulier assuré par l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés, certains paragraphes du projet de loi 64 s’appliquent tout de même à la division scolaire.
« Les directions d’écoles et les enseignants sont régis sous la même entente collective depuis plus de 100 ans. Avec le projet de loi 64, ça ne sera plus le cas. Et donc les directions d’écoles ne pourront plus faire partie de la MTS. »
| Syndicat de leur choix
« Pourtant, dans le projet de loi, la Province permet aux directions d’écoles, d’opter pour le syndicat de leur choix. On pourrait donc rester sous le parapluie de la MTS. »
Marc Roy souligne que certaines directions d’école endossent aussi le rôle d’enseignant(e).
« Au rural, les directions d’écoles ne sont pas toujours à 100 % des administrateurs. Leur temps est réparti entre l’enseignement et l’administration. Il arrive qu’à l’urbain aussi, certaines directions adjointes fassent 25 % d’enseignement.
« La Province indique qu’à partir d’un certain pourcentage d’administratif, les personnes seront considérées comme des administrateurs et ne pourront donc plus être régies par l’entente collective des enseignants. Dans la loi, ce pourcentage n’est pas encore défini. C’est un point à éclaircir encore. »
Autre conséquence : si les directions d’écoles ne font plus partie du même groupe que les enseignants, leur poids sera considérablement diminué, estime Marc Roy.
| Clarifier les termes
« Actuellement, la MTS regroupe plus de 16 000 enseignants. Dans ce groupe, on estime que 1 200 sont des administrateurs, dont environ 45 travaillent à la DSFM.
« Un syndicat de taille permet d’avoir plus de ressources. En ce moment, si un parent entre en conflit avec une direction d’école, c’est la MTS qui défraye les coûts pour un avocat ou des spécialistes.
« La MTS le fait parce que les coûts sont divisés entre ses membres. Assumer un coût important entre 16 000 personnes ou devoir l’assumer entre 1 200, ce n’est pas la même chose.
« Par conséquent, si les directions d’écoles se retrouvent dans un plus petit groupe, les coûts seront forcément répercutés différemment. Ou alors on ne pourra pas se permettre d’avoir la même qualité de services. »
Le choix du vocabulaire pour définir la fonction de direction d’école entretient aussi un flou dérangeant, remarque Marc Roy.
« Dans le même projet de loi, le ministère de l’éducation se sert de différents termes pour nommer les directions d’école. Parfois on est des leaders pédagogiques, parfois on est des superviseurs, et parfois des managers.
« Il va falloir clarifier les termes qu’on utilise pour définir les directions d’écoles, parce qu’à un certain point, les superviseurs et les managers ne peuvent plus forcément devenir membre d’un syndicat. Qui sommes-nous et quels sont nos droits? »
« Au rural, les directions d’écoles ne sont pas toujours à 100 % des administrateurs. Leur temps est réparti entre l’enseignement et l’administration. » - Marc ROY