La Liberté

Des poupées noires pour combler un manque

Avoir des jouets plus inclusifs et qui représente­nt la diversité : voilà le défi entrepris par Marie Rosette Mikulu en vendant des poupées noires depuis cette année. Avec une volonté plus sociale que commercial­e.

- Ophélie DOIREAU odoireau@la-liberte.mb.ca

Marie Rosette Mikulu s’est lancée sur la base d’un simple constat. « Quand j’étais petite en République démocratiq­ue du Congo, j’avais des poupées blondes avec des yeux bleus. Et quand j’avais des poupées noires, elles avaient toutes les cheveux lisses. Aucune n’avait de coupe afro. Ce n’était pas vraiment très inclusif.

« Quand j’ai eu ma fille en 2019, je cherchais des poupées qui lui ressemblai­ent. Je voulais qu’elle se voie au travers de sa poupée. C’était vraiment important pour moi.

« Rapidement, je me suis dit que si je pensais comme ça, je n’étais certaineme­nt pas la seule maman à vouloir une poupée noire pour ses enfants. En fouillant, je n’ai rien trouvé au Canada. »

Marie Rosette Mikulu a fait appel à son réseau. « J’ai une amie qui est allée au Burkina Faso. Elle a pu me rapporter quelques poupées noires avec des coupes afro. J’ai donc décidé de passer des commandes auprès de cette entreprise pour avoir les poupées. Pour ma part, je m’occupe des tenues.

« En fait, je suis étudiante en mode et design à la Toronto Film School depuis janvier de cette année. Je dessine de nouveaux modèles pour les poupées en pagne. Je les rends un peu plus modernes : je veux apporter une africanité moderne au Canada.

« Je ne savais pas comment ces poupées seraient reçues. Alors j’en avais commandées que 11.

Deux semaines après, j’étais sold out. Bon, il y en a une qui est restée à la maison, parce que ma petite s’est prise d’amour pour elle. J’en ai donc vendu dix.

« Pour l’instant, je n’ai pas de site web. Alors je les vends au travers de mon Instagram ou de mon Facebook. (1)

« J’ai senti qu’il y avait vraiment un mouvement en ce moment pour la diversité et l’inclusion. Et le public me l’a bien fait ressentir.

| Ne pas nourrir une industrie polluante

« Il est possible de passer des commandes personnali­sées. Si une maman veut une tenue particuliè­re, je peux la faire. »

Ces poupées ne sont pas le coup d’essai entreprene­urial de Marie Rosette Mikulu.

« Avant ça, je vendais déjà des vêtements. Ces activités, j’aimerais les faire à long terme. Ce n’est pas uniquement pour financer mes études.

« Je travaille aussi à fabriquer des vêtements de manière plus écologique. À la Toronto Film School, j’ai déjà appris que la mode était le deuxième secteur économique le plus polluant après le pétrole. La plupart des vêtements fabriqués finissent à la poubelle.

« Cette informatio­n a été un vrai choc pour moi. Je n’en avais pas encore eu conscience. J’ai donc décidé de ne jamais avoir d’inventaire. Je ne fais des créations que sur commande.

« C’est déjà un premier pas pour éviter le gaspillage et nourrir cette industrie si polluante. Je réfléchis toujours à comment je peux devenir écologique­ment plus responsabl­e. »

(1) Il est possible de retrouver les poupées sur les pages des réseaux sociaux de Marie Rosette Mikulu sous le nom de inspire_d_elykia

 ?? Photo : Marta Guerrero ?? Marie Rosette Mikulu est originaire de la République démocratiq­ue du Congo. Elle est étudiante, maman, travailleu­se et entreprene­ure. « Je suis très déterminée : j’ai un rêve et je veux qu’il se réalise. Quand je dessine un vêtement, je le vois prendre vie et la satisfacti­on du client n’a pas de prix pour moi. »
Photo : Marta Guerrero Marie Rosette Mikulu est originaire de la République démocratiq­ue du Congo. Elle est étudiante, maman, travailleu­se et entreprene­ure. « Je suis très déterminée : j’ai un rêve et je veux qu’il se réalise. Quand je dessine un vêtement, je le vois prendre vie et la satisfacti­on du client n’a pas de prix pour moi. »

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