Greg Selinger cultive toujours sa fibre sociale
Douze Manitobains et Manitobaines recevront l’ordre du Manitoba le 15 juillet prochain. Parmi les personnes distinguées : Greg Selinger, l’ancien Premier ministre du Manitoba. Bien qu’il ne soit plus en politique active, sa fibre sociale reste toujours en éveil.
Greg Selinger le reconnaît sans ambages : « C’est sans aucun doute un grand honneur de rejoindre les Manitobains et les Franco-manitobains qui ont été reconnus avant moi pour leur implication. » (1)
C’est à dessein que l’ancien député de Saint-boniface souligne sa dimension francophone, fruit d’un lien personnel.
« J’ai rencontré Claudette Toupin et par amour pour elle, j’ai décidé d’apprendre à parler français. Nos enfants ont été élevés en français. Comme famille, on voulait vraiment vivre de manière bilingue chaque jour, c’était notre choix.
« Le Manitoba a une histoire francophone très riche, avec tellement de personnes qui se sont battues et qui se battent encore pour préserver leur héritage. C’est très inspirant. Il y a des organismes qui m’animent chaque jour, comme St-boniface Street Links, le Centre Flavie-laurent et, plus largement, l’héritage des Soeurs Grises. »
Celui qui a grandi dans l’ouest de Winnipeg s’est avant tout lancé en politique pour faire une différence, à l’instar de ces personnes qui l’inspirent.
« Mon début de vie professionnelle, je l’ai fait comme travailleur social dans le développement communautaire.
« J’étais confronté à des problèmes humains et des histoires individuelles qui m’ont profondément touché.
« Ce qui m’a vraiment poussé à me présenter en politique provinciale, c’est une histoire personnelle.
« En 1998, je visitais l’hôpital Saint-boniface et je voyais beaucoup de mes concitoyens dans les couloirs en train de se faire soigner. Ce n’était pas une manière de faire pour moi.
« Ce sont nos expériences propres qui nous poussent à devenir meilleur chaque jour. En entrant en politique, je voulais faire les choses différemment. »
Pourtant, pour améliorer les conditions sociales, Greg Selinger souligne qu’il n’est pas nécessaire d’être impliqué en politique.
| Jeunesse engagée
« Maintenant que cette partie de ma vie est derrière moi, je m’aperçois qu’au fond, on a vraiment tous un rôle à jouer dans la société. On peut faire des dons, du bénévolat, appuyer des causes qui nous tiennent à coeur.
« Bien sûr, le poste de Premier ministre a un grand impact sur la société dans laquelle on vit. Mais je crois que c’est important que chacun, dans sa vie, trouve sa direction.
« Il faut saisir les occasions qui se présentent à nous pour faire bouger les choses à notre niveau. Ça peut très bien être comme enseignant, comme entrepreneur ou encore comme bénévole. Chacun a sa place et son rôle à jouer dans le monde.
« J’ai un énorme respect pour tous ces jeunes qui s’engagent dans des causes qui leur tiennent à coeur et qui deviennent des leaders. »
La fibre naturelle qui avait déjà tant animé le travailleur social n’est jamais très loin.
« Comme citoyen, je me suis impliqué dans un projet pour surveiller la pollution de l’air et de l’eau de Saint-boniface, pour voir s’il est possible d’établir des liens avec les allergies de certaines personnes.
« Je travaille aussi sur un projet de recherche dans le nord de Saint-boniface qui s’intéresse aux familles marginalisées et à leur quotidien.
« Plus récemment, j’étais engagé dans le dossier du carré civique de Saint-boniface et avec la Coop d’habitation La Crèmerie.
« À vrai dire, c’est bien simple : je retourne aux choses que je faisais avant la politique. Au nom de cette conviction que comme citoyen, il est toujours possible d’améliorer les choses. Parce que rien n’est parfait. »
(1) Depuis 1999, huit Franco-Manitobains ont été élevés à l’ordre du Manitoba : Alfred Monnin (2000), Soeur Thérèse Champagne (2004), Roland Mahé (2009), Raymond Poirier (2011), Étienne Gaboury (2012), Raymonde Gagné (2014), Jonathan Toews (2015), et Mitch Bourbonnière (2020).