La Liberté

Un perpétuel étonnement face au mystère de la vie

- Maria FERNANDA ARENTSEN

J’ai la chance d’avoir un frère exceptionn­el, Pablo, qui a une trisomie 21. Notre quotidien est chargé le monde autrement. C’est ce que je souhaite partager. Mon frère Pablo adore les animaux, particuliè­rement les animaux de compagnie. On pourrait dire que c’est un trait de famille. Des deux côtés de ma famille, celle de ma mère et celle de mon père, tout le monde, sans exception ou presque, adore les animaux. À l’image de la société, certains préfèrent les chats et d’autres préfèrent les chiens. Tous les membres de ma famille, parents, grandspare­nts, oncles, tantes, cousins, cousines, tous adorent les animaux. Et Pablo ne fait

Chez nous, il y a toujours eu des chiens ou des chats, mais aussi des lapins, des oiseaux, des tortues, des poissons rouges, et même des cochons d’inde. Tous sont devenus amis avec Pablo. C’est que Pablo sait comment les approcher. Il s’adresse à eux avec respect, douceur, délicatess­e, mais aussi avec une sorte d’étonnement que j’interprète comme l’étonnement philosophi­que face au mystère de la vie. Pour Pablo, les hiérarchie­s n’existent pas dans la vie comme dans son coeur. Tous les Lorsque nous étions petits, nos parents nous ont montré comment parler à nos animaux de compagnie, comment les caresser, les nourrir, et surtout, comment les prendre dans nos bras pour ne pas leur faire mal. Mais pour Pablo, ces précaution­s n’étaient pas nécessaire­s. Il savait exactement comment les prendre, comment s’adresser à eux, comment jouer manière à lui, si gracieuse et délicate. Et malgré le temps qui passe, il a conservé ce don. Comme tout bon ami, il les protège lorsqu’il considère que quelqu’un leur fait mal. Il ne tolère aucun geste qu’il interprète inappropri­é. Par exemple, si je gronde mon chien parce qu’il a fait un gros trou dans mon jardin ou dans mon parterre de fleurs, Pablo vient tout de suite me faire savoir que ce que je viens de faire est inacceptab­le. Il se retourne ensuite vers le chien, le caresse et lui dit tout doucement : Pauvre toi. Chose qui compromet complèteme­nt mon autorité devant mon chien! la manière d’être des animaux est un peu utopique. C’est que Pablo est un rêveur et il projette son idée de la vie sur le comporteme­nt des animaux. Comme il pense que tous les animaux sont pareils et qu’ils sont tous amis entre eux, il les traite en conséquenc­e. Par exemple, un jour où j’étais très occupée, je lui ai demandé de donner à manger aux chats. Il a donc pris la nourriture des chats, celle du chien et celle des oiseaux, et il a tout mélangé comprendre qu’il pensait qu’ils allaient tous manger ensemble, du même plat, et que les chats seraient assez gentils pour manger à côté des oiseaux, en partageant leur nourriture avec eux.

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Photo : Marta Guerrero

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