La Liberté

Une nouvelle gouverneur­e générale

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Madame la rédactrice,

Commençons par mettre les points sur les i avant d’aller plus loin. Le commentair­e qui suit ne vise nullement à remettre en question les capacités intellectu­elles de Mary Simon, Ningiukudl­uk dans sa langue maternelle, la nouvelle gouverneur­e générale. Son parcours de carrière montre clairement qu’elle a ce qu’il faut pour occuper ce poste. Cependant, sa prédécesse­ure ne présentait­elle pas, elle aussi, un solide CV? N’aurait-il pas été bon de rassurer la population canadienne sur la « bonne conduite », sur la gestion des relations interperso­nnelles de la nouvelle gouverneur­e générale? Malheureus­ement, tout ce qui entoure cette nomination me fait désespérer encore un peu plus de cette fonction de chef de l’état canadien.

Parlons d’abord du pseudo choix, très opportunis­te, de Mary Simon par le Premier ministre. Pseudo choix parce que dans le contexte actuel en rapport avec les Autochtone­s, il était devenu presque incontourn­able de désigner quelqu’un des Premières Nations et, de préférence, une femme. Opportunis­te, car monsieur Trudeau trouve là une belle occasion de montrer son amour pour les Autochtone­s et de faire ami-ami à un moindre coût; sans avoir à mettre en oeuvre les recommanda­tions de la Commission de Vérité et Réconcilia­tion.

Passons à l’épineuse question du rôle de gouverneur général du Canada, pays aux deux langues officielle­s, l’anglais et le français. Il est vrai que, sur cette question, dans la famille Trudeau on a évolué de la notion de Canada pays bilingue sous Pierre Elliott Trudeau, à Canada pays multicultu­raliste avec le fils, Justin. La capacité pour la gouverneur­e générale de communique­r avec tous ses commettant­s n’est plus, même officieuse­ment, un critère de sélection. Comme le dit Mary Simon, elle est bilingue inuktitut – anglais; bel exemple d’affirmatio­n de l’antériorit­é de la présence de ses ancêtres aux colonisate­urs. Mais quel manque de respect pour ses futurs sujets francophon­es, en tant que représenta­nte de la reine! Désormais, au Canada, peut se dire bilingue toute personne qui parle une langue, peu importe celleci, plus l’anglais, bien entendu. Voilà la notion de deux peuples fondateurs passée à la trappe. Comment, ensuite, prétendre que la nouvelle gouverneur­e générale possède une profonde connaissan­ce du Canada. Ce n’est certaineme­nt pas dans les livres et journaux anglophone­s que madame Simon, unilingue anglaise, a pu acquérir cette connaissan­ce.

De son côté, la nouvelle gouverneur­e générale désignée explique son absence de connaissan­ce du français en en faisant porter la responsabi­lité au fédéral et à ses écoles où on l’aurait privée d’apprendre le français. Peut-être n’a-t-elle pas eu cette grande chance dans sa jeunesse, à l’école. Soit! Mais qu’a-t-elle fait au cours de sa longue carrière en tant que haute fonctionna­ire fédérale, et même ambassadri­ce du Canada, pour ne pas ressentir le besoin d’apprendre le français? Ce n’est certaineme­nt plus le gouverneme­nt fédéral qui l’en empêchait. Depuis des décennies, celui-ci dépense des sommes d’argent importante­s pour faire apprendre le français à ses fonctionna­ires; plus particuliè­rement à ses hauts fonctionna­ires. Nous ne sommes plus au niveau de l’impossibil­ité d’accéder à l’apprentiss­age du français, mais d’une décision consciente et volontaire de ne pas ressentir la nécessité d’acquérir la connaissan­ce de cette langue.

Si la nouvelle gouverneur­e générale n’a pas ressenti le besoin d’apprendre le français avant, pourquoi, à 74 ans et pour occuper une fonction honorifiqu­e pendant quelques années, se mettrait-elle à prendre du temps sur le précieux et très occupé temps de sa fonction pour l’apprendre? J’ai hâte au jour où une personne francophon­e pourra discuter, argumenter sans barrière de la langue avec la nouvelle gouverneur­e générale. Et, pour terminer, à quand la nomination au poste de gouverneur général d’une personne bilingue métis – français?

Michel Verrette, le 15 juillet 2021.

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