La Liberté

Un marché financier parallèle : les cryptomonn­aies

- GAUTIER CALON gcalon@la-liberte.mb.ca

La compagnie Skychain Technologi­es a récemment acheté des parcelles de terrain à Birtle, dans la municipali­té rurale du sud-ouest du Manitoba dans le but d’installer des conteneurs afin d’extraire de la cryptomonn­aie. Le coût attractif de l’électricit­é dans la province est un incitatif considérab­le. Afin de mieux comprendre les enjeux de ce projet, Robert Tétrault, gestionnai­re de portefeuil­le pour Canaccord Genuity détaille le fonctionne­ment des cryptomonn­aies.

A ujourd’hui, la cryptomonn­aie est un véritable marché financier numérique. Une valeur qui augmente et diminue de façon considérab­le et rapide. Un processus de création très complexe font des cryptomonn­aies un véritable casse-tête virtuel.

Robert Tétrault explique : « La cryptomonn­aie, c’est un item virtuel qui se repose sur une blockchain, qui est basée sur un registre, disponible pour tout le monde. »

La notion de blockchain est centrale pour comprendre le fonctionne­ment des cryptomonn­aies. Une blockchain ou chaîne de blocs, est une technologi­e qui assure la transmissi­on d’informatio­ns de manière sécurisée, transparen­te et sans besoin de contrôle au préalable. Les blockchain­s sont réputées presque inviolable­s, car elles sont encryptées, et reposent sur la transparen­ce et la confiance entre tous ses utilisateu­rs. Pour faire simple, c’est à la fois un moyen de transactio­n, de vérificati­on et de stockage.

Robert Tétrault poursuit : « La transactio­n des cryptomonn­aies se vérifie directemen­t par la personne avec laquelle on veut faire cette transactio­n. C’est censé augmenter la transparen­ce et assurer un processus simple puisqu’il n’y a pas de banques qui s’impliquent dans le processus. L’idée, c’est d’avoir un registre décentrali­sé, qui permet des transactio­ns plus simples et plus transparen­tes à travers le monde, sans règles et sans frais ».

| Des mines virtuelles

Robert Tétrault définit la création des cryptomonn­aies : « Au début, il y a ce qu’on appelle le white paper, qui s’occupe de créer de la monnaie avec ce qu’on appelle un Initial

Coin Offer qui va donner un nombre prédétermi­né de jetons virtuels émis. Les ordinateur­s gagnent ces jetons en résolvant des algorithme­s très complexes, c’est pour ça qu’on voit comme des sortes de fermes qui vont miner de la cryptomonn­aie. »

Ces sortes de fermes, aussi appelées mineurs, vont servir à produire une certaine quantité de cryptomonn­aies. Ces mineurs sont récompensé­s en gagnant une partie de la dite cryptomonn­aie créée. Ils participen­t ainsi à l’entretien de la blockchain, en mettant en circulatio­n de nouvelles cryptomonn­aies.

| L’impact environnem­ental

Le minage de cryptomonn­aies comme le Bitcoin est coûteux en énergie. En effet, le Bitcoin consomme en moyenne 140 térawatthe­ures en une année selon le Bitcoin Electricit­y Consumptio­n Index de l’université de Cambridge. À titre de comparaiso­n, c’est plus que l’électricit­é que consomme l’argentine sur un an, et presque autant que la Norvège. Selon Robert Tétrault, l’énergie produite pourrait être réutilisée. « La cryptomonn­aie utilise beaucoup d’électricit­é et produit beaucoup de chaleur. Donc si on n’utilise pas cette chaleur, c’est un net négatif. Si tu mines de la cryptomonn­aie, le mieux est d’utiliser l’énergie créée. Je connais des individus, qui réutilisen­t cette chaleur pour faire chauffer de l’eau, à travers des tuyaux, ou même une maison. ».

Cette quantité d’énergie dépensée constitue un coût pour ces mines de cryptomonn­aies. « Les endroits où la cryptomonn­aie va le plus se développer, ce sont ceux où l’électricit­é est la moins chère, donc pour le Canada, le Manitoba est attractif puisque l’électricit­é y est moins chère qu’en Ontario par exemple », explique Robert Tétrault.

| Un marché en constante fluctuatio­n

Pour que ces monnaies virtuelles circulent, il faut des marchés, et ces derniers sont similaires à ceux que l’on connaît. « En plus d’être des devises qu’on peut utiliser pour échanger, il existe des marchés, comme des marchés boursiers, il en existe beaucoup, comme Binance, BTC Alpha, BTC Market etc. Dans ces marchés, on peut proposer un prix pour acheter une cryptomonn­aie ou pour en vendre »

Ce qui différenci­e les cryptomonn­aies de monnaies « convention­nelles », au-delà de leur aspect informatiq­ue, c’est bien leur valeur. « On sait à chaque minute, à chaque seconde ce qu’il se passe, car le marché est très transparen­t. La valeur des cryptomonn­aies change donc très vite.

« Si, par exemple, le président des États-unis, Joe Biden décide d’interdire une cryptomonn­aie, sa valeur va monter tout de suite car il y aura moins d’offre, et tout le monde le saura. »

L’image des cryptomonn­aies est notamment ternie par cette fluctuatio­n constante et importante des prix.

« Il y a encore beaucoup d’individus qui veulent acheter de la cryptomonn­aie, donc je ne pense pas qu’elle va disparaîtr­e tout de suite, il y a toujours une grosse demande. Mais je conseille tout de même aux gens qui en achètent de se préparer à ce que ça ne valle plus rien, à cause d’une interventi­on du gouverneme­nt, de la baisse d’intérêt dans les cryptomonn­aies, ou qu’elles soient tout simplement remplacées. »

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Photo : Marta Guerrero Robert Tétrault.
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