La Liberté

Ma maison, c'est le Manitoba

- OPHÉLIE DOIREAU odoireau@la-liberte.mb.ca

Venue pour un poste de professeur de chimie à l’université du Manitoba d’une durée de trois ans, Hélène Perreault a su transmuter son emploi en terre d’accueil. Un Manitoba où elle a pu aussi développer ses talents d’artiste et d’animatrice.

Hélène Perreault est professeur­e depuis 1994. « Je connaissai­s peu de choses du Manitoba. Gabrielle Roy ou encore Daniel Lavoie. Mais rien de plus. La province a été pour moi une découverte totale.

«Je venais de passer trois ans aux États-unis à Boston. J’avais envie de revenir au Canada. En arrivant j’ai été rapidement immergée dans le monde anglophone, puisque tous mes collègues étaient anglophone­s. J’ai reçu de leur part un accueil très chaleureux, propre au Manitoba. L’emploi était agréable, les gens aussi. Alors je me suis dis : Pourquoi ne pas rester?

« En parlant, je me rends compte que j’ai passé plus de temps dans ma vie en dehors du Québec qu’au Québec. Je suis partie en 1988 et je n’y suis jamais retournée. Le Manitoba m’a séduite. Je suis venue pour un emploi et c’est les Manitobain­s qui m’ont fait rester. »

Il aura fallu attendre environ cinq années avant qu’hélène Perreault ne s’implique dans la francophon­ie manitobain­e. « Je savais qu’il y avait des francophon­es dans l’ouest canadien et surtout à Winnipeg avec le quartier de Saintbonif­ace.

« C’est en 1999. J’écoutais Envol dans ma voiture et j’ai eu un gros coup de nostalgie. Toute ma vie se faisait en anglais, je ne parlais plus le français. Et là j’entendais des musiques que j’avais écoutées plus jeune. Et puis tout d’un coup, l’animateur annonçait que la radio était à la recherche d’animateurs. J’ai saisi l’occasion et j’ai animé de 1999 à 2014 l’émission : l’apéro du samedi. C’était une émission qui prenait l’occasion d’évènements culturels pour développer des sujets.

« J’aimais le fait de pouvoir m’exprimer sur autre chose que la science. C’était le moment où je pouvais parler d’art, de musique. Je rencontrai­s des artistes aussi, c’était vraiment inspirant. (Voir encadré.)

« Avec mon expérience comme enseignant­e c’était facile pour moi de transmettr­e des informatio­ns. Et puis devant un micro je pouvais me permettre plus de libertés

Hélène Perreault a pu au fil des années découvrir la scène artistique et musicale du Manitoba. « J’ai continué de m’impliquer dans plusieurs organismes : le 100 NONS, les chorales, le Théâtre Cercle Molière. En plus, je suis maintenant assez âgée pour être membre de la Fédération des aînés francophon­es du Manitoba.

« J’adore vivre la réalité des minorités linguistiq­ues. J’avais déjà vécu l’expérience en Nouvelle-écosse avec les Acadiens. Je trouve que les minorités linguistiq­ues forment des groupes spéciaux que je ne pourrais probableme­nt pas apprécier si j’étais au Québec, à part du côté anglophone. »

Toutefois, Hélène Perreault ne se considère pas francomani­tobaine. « Quand je dis :

Je vais à la maison, je pense au Manitoba. Je suis une francophon­e du Manitoba, mais pas une Franco-manitobain­e.

« Je ne voudrais pas faire partie d’un monde unilingue. Mon conjoint est anglophone. À la maison, on baragouine notre propre langue, si je peux dire. J’aime le bilinguism­e, mon coeur bat en français et mes rêves sont en anglais. Je suis toute ma vie entre cette dualité. »

La vie au Manitoba a donc été le moteur de son évolution personnell­e.

« Je pense que d’une manière générale, je suis devenue plus relax. Je remarque plus rapidement les personnes qui sont stressées. Je prends vraiment plus de temps pour faire les choses.

« Au Manitoba, j’ai aussi plus de libertés et plus de place pour m’épanouir. Nous ne sommes pas tous empilés les uns sur les autres. Dans une ville plus dense, les choses deviennent tout de suite plus compliquée­s.

« À Winnipeg, il y a aussi ce côté proche de la nature que j’aime beaucoup. Je vois des animaux sauvages en pleine ville, dans mon jardin. J’ai également appris à connaître davantage les plantes. »

La vie manitobain­e s’épanouit toujours plus en douceur aux yeux et au coeur d’hélène Perreault.

« J’aime le bilinguism­e, mon coeur bat en français et mes rêves sont en anglais. Je suis toute ma vie entre cette dualité. » - Hélène PERREAULT

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Photo : Gracieuset­é Hélène Perreault Hélène Perreault vit au Manitoba depuis 1994.
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