La Liberté

L’engagement personnel, clef de la pérennité du français

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Sans doute par coïncidenc­e, l’heure est au mea culpa en ce qui regarde les services en français offerts par le gouverneme­nt du Manitoba et la Ville de Winnipeg. Presque six ans après l’adoption de la Loi sur l’appui à l’épanouisse­ment de la francophon­ie manitobain­e, la Province reconnaît de nombreuses faiblesses dont certaines sont aussi élémentair­es que le manque de connaissan­ce par ses employés de leurs obligation­s à l’égard de la population francophon­e. Dans son Rapport sur les services en français 2020-2021 publié ce mois-ci, la Province reconnaît des lacunes sérieuses et nombreuses dans la prestation des services en français. Un exemple de leur détériorat­ion : le nombre de plaintes reçues par le Secrétaria­t aux affaires francophon­es est passé de 29 à 86, soit une augmentati­on de près de 300 % comparé à l’année précédente.

Quant à la Ville de Winnipeg, la gestionnai­re des services en français, Nicole Young, répondait à la fin janvier aux plaintes déposées en mars 2021. Ces plaintes concernaie­nt une réunion du comité du patrimoine durant laquelle quatre conseiller­s municipaux entendaien­t des présentati­ons sur la vente de l’ancien hôtel de ville de Saint-boniface. À cette rencontre, aucun service d’interpréta­tion n’était disponible dans la webdiffusi­on des réunions du comité sur Youtube. Autrement dit, les francophon­es ont le droit de s’exprimer en français, mais pas de se faire comprendre par un public anglophone qui participe aux réunions du conseil de ville et de ses comités.

Mme Young elle aussi reconnaiss­ait une liste de manquement­s sérieux dont l’absence de l’offre active, l’usage uniquement de l’anglais dans la correspond­ance, et l’absence de traduction simultanée des présentati­ons en français et des discussion­s entre les présentate­urs et les élus. Pour remédier à la situation, cinquante ans après la disparitio­n de la Ville de Saint-boniface, elle propose d’élaborer un plan quinquenna­l pour « assurer l'interpréta­tion du français à l'anglais non seulement aux élus mais aussi aux participan­ts sur les lieux. » Un plan quinquenna­l qui pourrait prendre des années à élaborer et à mettre en oeuvre à condition que le financemen­t soit assuré.

Tout Manitobain qui tient à utiliser le français pourrait avoir le réflexe habituel de dénoncer le manque de volonté politique de la Province comme de la Ville. Mais on doit bien garder à l’esprit que ce ne sont surtout pas les gouverneme­nts qui ont assuré l’épanouisse­ment du français au Manitoba depuis plus de deux siècles.

La clef principale de la pérennité du français demeure notre propre volonté. Au-delà de toutes les raisons économique­s et profession­nelles que l’on voudra invoquer pour encourager l’apprentiss­age du français, la raison fondamenta­le d’utiliser et de vouloir transmettr­e cette langue aux génération­s futures demeure le sens profond d’identité qu’elle véhicule. Au fond, la langue, c’est une affaire personnell­e.

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