1918, année où une pandémie faisait aussi l’actualité
Natalie Vielfaure révèle que la pandémie de grippe 1918 est souvent connue comme la « pandémie oubliée », tant elle n’est pas bien documentée. Toutefois, l’archiviste établit que le bouche à oreille et la désinformation étaient déjà des préoccupations : « Certains journaux de l’époque nous donnent un aperçu de la désinformation qui circulait en clarifiant de l’information au sujet de la grippe. »
Ainsi, le 20 novembre 1918, le journal La Liberté publiait un article dans lequel le bureau central d’hygiène de la province du Manitoba mettait en garde contre l’alcool, utilisé comme médicament contre la grippe. (1) Le Winnipeg
Tribune rapportait que la grippe de 1918 ne touchait pas seulement les personnes mal-nourries et citait l’exemple d’officiers de la marine américaine, le 27 septembre 1918 dans l’édition du soir. (2)
L’opposition aux restrictions sanitaires s’affichait également en une des journaux. Natalie Vielfaure cite à nouveau le Winnipeg Tribune, qui mentionnait l’opposition d’un révérend à la fermeture des églises, le 12 octobre 1918 dans l’édition du soir (3), ou celle d’entrepreneurs contre le maintien des restrictions, le 23 novembre 1918 dans l’édition du soir. (4)
Natalie Vielfaure rappelle également que la pandémie de 1918 a exacerbé les tensions sociales, avec pour point culminant la grève générale de Winnipeg de 1919 :
« Ceux qui étaient plus pauvres, tels que les personnes de la classe ouvrière, étaient plus affectés par la pandémie et les hôpitaux n’offraient pas des services gratuits. Alors, seulement ceux qui pouvaient se permettre de payer pour des services, pouvaient recevoir des traitements. Cela a contribué aux nombreux problèmes liés aux conditions de travail et aux inégalités sociales qui ont mené à la grève. »