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Le gouvernement du Manitoba a annoncé un nouveau financement permanent à hauteur de 350 000 $ pour le programme d’éducation de l’université de Saint-boniface (USB). L’enjeu est d’avoir un nombre stable d’étudiants et étudiantes diplômé.es pour répondre à la pénurie d’enseignants et enseignantes francophones dans la province.
Le 8 février, le gouvernement du Manitoba a annoncé le financement permanent de « 350 000 $ de plus à l’université de Saintboniface pour qu’elle accueille chaque année 60 et 70 étudiants supplémentaires dans son programme d’éducation. » D’entrée de jeu, Sophie Bouffard, rectrice de L’USB tient à être exacte au sujet de ce nouveau soutien financier : « Il ne s’agit pas de places en plus, il s’agit de maintenir la capacité qu’on a créée depuis 2017. »
Pourtant la Province du Manitoba a parlé lors de son annonce du 8 février d’expansion du programme de L’USB. Interrogée par La
Liberté, la Province précise de quoi il s’agit exactement : maintien de la capacité ou bien augmentation de la capacité. Un porte-parole de la Province explique par voie de courriel : « Le programme d’éducation a bénéficié du financement d’un projet pilote fédéral qui lui a permis d’atteindre sa capacité actuelle. Ce financement prend fin cette année, ce qui aurait entraîné une baisse de la capacité sans ce financement supplémentaire. Les 350 000 $ qui ont été annoncés leur donnent un financement permanent et stable pour maintenir les chiffres élevés. »
L’USB accueille depuis septembre 2021 une cohorte de 69 nouveaux étudiants dans le baccalauréat en éducation. Il s’agit presque du double du nombre d’étudiants et étudiantes qu’elle accueillait avant 2017. (1) Cette augmentation a notamment été permise grâce à la création de trois postes supplémentaires de professionnel-enseignant depuis 2017, portant l’ensemble du corps professoral à environ 8 postes équivalents temps plein pour le baccalauréat en éducation.
| Un financement fédéral à son terme
« Ce financement de la Province nous permettra de rendre permanents les trois postes supplémentaires de professionnel-enseignant à terme », confie Peter Dorrington, vice-recteur à l’enseignement et la recherche à L’USB.
Peter Dorrington explique qu’avant l’intervention de la Province et même du fédéral, L’USB a tout d’abord engagé ses propres fonds pour financer la création des nouveaux postes : « L’USB a décidé, de façon proactive, de financer à elle seule et à ses propres frais, la création de deux postes supplémentaires de professionnel-enseignant à terme, qu’elle a créés successivement en 2017 et 2018. »
À partir de 2019, L’USB a pu compter sur le soutien du gouvernement fédéral, grâce au Plan d’action pour les langues officielles 20182023. « Afin d’appuyer les provinces à répondre à la pénurie d’enseignants en français langue première et français langue seconde, le Plan prévoyait entre autres des fonds servant au recrutement et à la rétention des enseignants », indique le vice-recteur.
La démarche de L’USB auprès de Patrimoine canadien s’est effectuée dans un cadre collectif. En effet, la Division scolaire franco-manitobaine (DSFM), la Manitoba Association of School Superintendents (MASS), la Manitoba School Boards Association, Canadian Parents for French – Manitoba et l’université de Saint-boniface se sont réunis à plusieurs reprises au cours de l’année 2018-2019. « Des représentants du Bureau de l’éducation française (ministère de l’éducation) et le ministère de l’éducation postsecondaire étaient également autour de la table », révèle Peter Dorrington.
C’est finalement le Bureau de l’éducation française qui a transmis une demande de financement auprès du gouvernement fédéral. « Le gouvernement du Manitoba a accepté de soumettre au fédéral une demande de 886 000 $ sur trois ans afin de permettre à L’USB de maintenir les deux postes déjà créés et d’en créer un troisième. »
L’USB a effectivement perçu les 886 000 $ de la part du Fédéral entre 2019 et 2022. Cette somme a ainsi permis de couvrir une partie du coût total des trois postes de professionnelenseignant sur la période. (2) Le financement fédéral arrive à son terme le 31 mars 2022.
Contacté par La Liberté pour en savoir davantage sur ce financement et s’il sera renouvelé dans le prochain Plan d’action, Patrimoine canadien a émis la déclaration suivante le 11 février : « Nous sommes fiers des progrès réalisés grâce au dernier Plan d’action, et nous nous apprêtons à lancer les consultations du prochain Plan d’action. Une demande budgétaire sera faite pour financer le prochain Plan d’action 2023-2028. »
En attendant le prochain Plan d’action, Patrimoine canadien a évoqué les nouveaux engagements dans le budget 2021 : « Nous avons annoncé dans le budget de 2021 un financement de 121,3 millions $ sur trois ans pour offrir une éducation postsecondaire de qualité dans la langue de la minorité au Canada.
« Nous suivrons de près les travaux entourant la préparation des États généraux sur le postsecondaire en contexte francophone minoritaire qui se déroulent depuis l’automne dernier et nous prendrons le temps d’analyser les recommandations, suite au dépôt du rapport. »
| Une pénurie loin d’être réglée
Le nouveau financement provincial arrive donc à point nommé. Il prendra effet dès le 1er avril 2022 selon les informations apportées par Peter Dorrington.
Est-ce que ce financement provincial suffira à répondre à la pénurie d’enseignants en français langue première et français langue seconde dans la province? Peter Dorrington rapporte un sondage mené en juin 2021 par la MASS auprès de la DSFM et des divisions scolaires ayant un programme d’immersion. Sa conclusion est que le nombre de diplômés cumulés par toutes les facultés ne suffit pas. Pour un besoin évalué à 149 enseignants francophones chaque année, il y a 70 diplômés environ.« L’écart entre la demande et la production manitobaine de diplômés qualifiés pour l’enseignement français et d’immersion francophone est d’environ 80 postes chaque année », conclut Peter Dorrington.
(1) Entre 2012-2013 et l’année universitaire 2017-2018, la taille moyenne des cohortes de première année au Baccalauréat en éducation était de 37 étudiants.
(2) Le coût total des trois postes supplémentaires de professionnelenseignant à terme au cours de la période 2019-2022 a été de 1 165 000 $.