La Liberté

Quand éducation rime avec plaisir

- Vincent ERARIO Ijl-réseau.presse-la Liberté

L’histoire du Manitoba est une richesse à partager. C’est le message porté par le programme scolaire du Festival du Voyageur, qui propose cette année des activités permettant d’allier plaisir et sécurité. Les élèves pourront notamment participer à une présentati­on virtuelle du Fort Gibraltar qui leur fera découvrir le mode de vie des voyageurs, mais aussi le rôle des femmes autochtone­s dans le commerce de fourrures.

Cette année, l’organisati­on a décidé de miser sur des activités en ligne et interactiv­es. Forts de l’expérience de l’édition précédente, déjà en virtuel, Colin Mackie et son équipe sont convaincus que les enseignant­s et les élèves des écoles y trouveront leur compte.

« Je suis très confiant que les élèves et les enseignant­s vont s’amuser avec les programmes virtuels, parce qu’ils l’ont déjà fait », déclare le directeur des programmes du patrimoine et de l’éducation.

Trois grands types d’activités seront proposés dans le cadre du programme scolaire. Il y aura tout d’abord la zone virtuelle pour les enfants, où les élèves pourront trouver des activités gratuites à faire à la maison. Il y a aura ensuite les trousses de bricolages, qui permettron­t aux enseignant­s d’initier leurs élèves à des activités artisanale­s et manuelles.

« Avec chaque programme, il y a des vidéos étape par étape. Ce sont des activités qui ont lieu sur une journée. On offre des activités avant, pendant et après le Festival », explique Colin Mackie.

Fabricatio­n d’une marionnett­e avec une cuillère en papier, création d’un bonhomme gigueur, tissage d’une ceinture fléchée ou encore perlage métis, les ateliers correspond­ront aux élèves de la maternelle à la 12e année. Colin Mackie indique que 1 200 trousses de bricolages avaient été distribuée­s en 2021.

La troisième activité est sans doute la plus immersive : une présentati­on virtuelle en direct du Fort Gibraltar. « On a des interprète­s-animateurs en costumes qui présentero­nt le Fort Gibraltar en direct, via webcam. L’idée, c’est de donner à voir quelle était la vie d’un voyageur à l’époque des débuts 1800 », présente Colin Mackie.

Plusieurs angles thématique­s seront proposés durant la présentati­on virtuelle, dont celui du rôle des femmes autochtone­s durant le commerce de fourrures. Colin Mackie est particuliè­rement fier de ce choix de programmat­ion : « C’est super important dans l’histoire du Manitoba et c’est super important de partager ça. » Là encore, les présentati­ons virtuelles seront proposées selon les différents niveaux de classe.

Améliorer le bienêtre des élèves grâce aux perspectiv­es autochtone­s

Pour Joël Tétrault, enseignant de perspectiv­es autochtone­s au sein de la Division scolaire Louis-riel au secondaire, les écoles ont beaucoup à gagner à intégrer l’histoire et les cultures autochtone­s dans les programmes scolaires.

« Une des choses qu’on voit dans les écoles où l’on intègre les perspectiv­es autochtone­s, c’est que les élèves autochtone­s sont mieux intégrés et plus engagés », explique l’enseignant. Dans une étude publiée en 2018, l’organisati­on de coopératio­n et de développem­ent économique­s (OCDE) soulignait également l’importance de valoriser la culture des élèves autochtone­s pour améliorer leur engagement. (1)

L’engagement des élèves non-autochtone­s est également encouragé par les perspectiv­es autochtone­s selon Joël Tétrault, en raison de l’importance qu’elles donnent au travail communauta­ire. « Apprendre à travailler ensemble, apprendre à répartir la tâche est très important », commente l’enseignant. D’autres composante­s, comme les compétence­s intercultu­relles, le non-verbal ou les relations avec la communauté peuvent également être évoquées. (2)

De manière générale, les perspectiv­es autochtone­s invitent à repenser la manière d’enseigner et d’évaluer. Joël Tétrault promeut ainsi une « pédagogie par projets » : « Plutôt que de faire des tests de connaissan­ces, on va mettre en place des activités où les élèves vont utiliser leurs connaissan­ces pour créer quelque chose. »

Enfin, pour Joël Tétrault, repenser l’enseigneme­nt, c’est aussi voir la relation entre professeur­s et élèves comme un échange à double sens : « La réciprocit­é est un aspect important des perspectiv­es autochtone­s. Il n’y a rien qui domine. Quand on prend, on doit donner en retour. Moi, comme enseignant, je dois être assez humble car je vais donner à mes élèves et je vais prendre de mes élèves. Ça change toute la perspectiv­e enseignant­e. »

(1) La réussite scolaire des élèves autochtone­s, pratiques prometteus­es : https://www.oecd-ilibrary.org/fr/ education/la-reussite-scolaire-deseleves-autochtone­s_9789264291­676-fr

(2) L’intégratio­n des perspectiv­es autochtone­s dans le milieu scolaire de la langue française, une approche pédagogiqu­e inspirée par les visions du monde autochtone­s : https://www.edu. gov.mb.ca/m12/frpub/ped/autochtone­s/ perspectiv­es/docs/doc_complet.pdf

 ?? Photo : Marta Guerrero ?? Joël Tétrault est enseignant de perspectiv­es autochtone­s depuis 15 ans. Il travaille actuelleme­nt à la Division scolaire Louis-riel, au sein d’une équipe de six personnes.
Photo : Marta Guerrero Joël Tétrault est enseignant de perspectiv­es autochtone­s depuis 15 ans. Il travaille actuelleme­nt à la Division scolaire Louis-riel, au sein d’une équipe de six personnes.

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