La Liberté

L’enjeu de la prochaine course à la chefferie des conservate­urs

- Michel LAGACÉ → mlagace@la-liberte.mb.ca

Dans notre système parlementa­ire, l'opposition officielle est le parti chargé de s’assurer que le gouverneme­nt réponde de ses actions. Elle critique et conteste le parti au pouvoir, et elle est généraleme­nt considérée comme le gouverneme­nt alternatif ou le « gouverneme­nt en attente ». Dans cette perspectiv­e, il est toujours bon de garder un oeil sur ce que fait l’opposition officielle, le Parti conservate­ur. Sa cheffe intérimair­e, Candice Bergen, a défendu les manifestan­ts dès qu’ils ont occupé le centre-ville d’ottawa et elle s’est opposée à l’utilisatio­n par le gouverneme­nt de la Loi sur les mesures d’urgence invoquée pour donner à la police de nouveaux pouvoirs pour mettre fin à l’occupation du centre-ville d’ottawa.

Au lieu de présenter une critique raisonnée et raisonnabl­e du gouverneme­nt, la députée fédérale de Portage-lisgar a soulevé un tollé en établissan­t un parallèle entre ceux qui affichent des symboles nazis et la foule qui a renversé la statue de la reine Victoria à Winnipeg l’été dernier, lorsque des révélation­s de tombes anonymes sur d'anciens sites de pensionnat­s autochtone­s étaient dans l’actualité.

Peu semblait importer à Candice Bergen que les organisate­urs de l’occupation avaient partie liée à des groupes d’extrême droite qui proposaien­t que le gouverneme­nt démocratiq­uement élu l’automne dernier soit destitué et remplacé par des membres du Sénat, la Gouverneur­e générale et un comité de citoyens que les organisate­urs eux-mêmes choisiraie­nt. Et peu semblait lui importer que des manifestan­ts avaient dansé sur la tombe du soldat inconnu, exigé des repas à une soupe populaire et accroché des pancartes de protestati­on à la statue de Terry Fox. Elle les a décrits comme des Canadiens passionnés, patriotiqu­es et pacifiques qui « voulaient tout simplement être entendus et respectés ».

Après plus de six ans au pouvoir, tout gouverneme­nt démontre des faiblesses et accumule bon nombre de reproches. Au lieu d’offrir une critique solide du gouverneme­nt Trudeau, l’opposition officielle a préféré se livrer à du spectacle. L’ancien chef du parti, Andrew Scheer, par exemple, et des membres du caucus conservate­ur fédéral se sont promenés au milieu de la manifestat­ion au centrevill­e d’ottawa, publiant des selfies et qualifiant les manifestan­ts de « champions de la liberté. »

Pour être pris au sérieux par l’électorat, les conservate­urs devront éviter d’imiter le Parti républicai­n des États-unis et défendre leurs principes de base tels un gouverneme­nt le moins interventi­onniste possible, l'égalité des chances, et l’importance de la famille et de la libre entreprise. Pour respecter leur propre philosophi­e, ils devront parler à la fois de liberté et de responsabi­lité, de l'individu et de la communauté.

Est-ce que ce sont là les enjeux qui seront débattus par les candidats à la chefferie du Parti conservate­ur? La question intéresse tous les Canadiens car, pour maintenir une démocratie saine, il sera important que le prochain chef soit en mesure d’assurer une alternativ­e crédible au gouverneme­nt actuel.

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