Le convoi de la liberté à Ottawa

Madame la rédactrice,

Le convoi de la liberté a voulu protester contre l’obligation vaccinale de la COVID-19 pour les camionneurs traversant la frontière des États-unis. Mais rapidement ces protestataires ont voulu que soit enlevé tout règlement voulu par les Agences fédérale et provinciales de la santé publique. Cela inclut-il l’entrée sans masque et sans vaccin dans un centre d’hébergement de soins de longue durée pour les personnes âgées et vulnérables; le droit d’occuper disproportionnellement des lits d’hôpitaux retardant ainsi pendant des mois et même des années des chirurgies et des diagnostiques qui amélioreraient la qualité de vie et la longévité de plusieurs personnes?

De plus cette démonstration s’est propagée à plusieurs ports d’entrée des États-unis avec des impacts sérieux sur l’économie canadienne. « Cela n'a rien à voir avec vacciné et non-vacciné, pas du tout. C'est une question de liberté de choix », a d’ailleurs déclaré et bien résumé Clarence Penner de St. Andrews au Winnipeg Free Press. De plus, les leaders des protestataires ont demandé par écrit au Gouverneur Général de limoger les élus du parlement canadien pour les remplacer par eux-mêmes et ceux et celles de leur choix. Le Canada devient-il un pays en proie de l’anarchie? « Mandate Freedom » quel beau slogan à première vue. Ne faut-il pas pousser notre réflexion plus loin?

- Est-ce la liberté de bloquer des routes payées par les citoyens d’ottawa pour sa propre occupation même si je suis résident d’une autre province?

- Est-ce la liberté de conduire sans permis, de ne pas avoir à mettre une plaque d’immatriculation sur son véhicule ou encore de traverser les feux rouges?

- Est-ce la liberté de fumer dans des endroits publics ou encore de porter des armes dans des endroits tels qu’au cinéma, à l’aréna ou à l’église? - Est-ce la liberté de ne pas payer d’impôts fonciers à sa municipalité? Donc sans moyens, pas de force policière, ce qui laisserait libre cours à la criminalité, pas de pompiers risquant des incendies catastrophiques (ex., un feu poussé par un grand vent en une journée très chaude qui rase tout un village ou toute une ville), pas de système d’aqueduc et d’égout, pas de chemins ou de rues pavées, ou encore des chemins bloqués pour le reste de l’hiver par une grosse tempête.

- Est-ce la liberté de ne pas payer d’impôts sur le revenu ou de taxes de ventes? Comment alors construire et maintenir des écoles qui coûtent plus de 15 000 $ par étudiant; des universités responsables de former nos professionnels de la santé, de l’enseignement, de la justice et autres; des centres d’hébergement de soins de longue durée pour nos aînés et nos concitoyens plus vulnérables; et des hôpitaux pour nos chirurgies ou toute autre urgence de santé? Que ferions-nous sans les infrastructures qui pourvoient de l’électricité ou du gaz naturel pour chauffer nos maisons l’hiver prochain? Que ferions-nous pour se protéger contre l’attaque d’un dictateur sans nos militaires et ententes d’entraide entre gouvernement d’autres pays. Les entreprises privées souvent étrangères pourraient-elles assumer ces responsabilités et ceci sans réglementation imposant certaines responsabilités et codes de sécurité ou de conduite voulus par nos gouvernements dûment élus?

Somme toute, comment est-ce que près de 8 milliards de personnes sur cette planète pourraient vivre sans règlementation et sans institutions gouvernementales assurant une liberté responsable soit la liberté de l’un mais pas au dépend de la liberté de l’autre et assurant le bien-être de tous et chacun et en particulier des plus vulnérables? Voulons-nous une société moderne ou non?