L'immigration, la solution à la pénurie?
La pénurie d’éducateurs et éducatrices francophones constitue un casse-tête pour la Province mais également pour les directeurs et directrices de garderies. En effet, aux problèmes d’attractivité du secteur s’ajoutent des disparités territoriales.
La directrice générale de la Fédération des parents de la francophonie manitobaine (FPFM) Brigitte L’heureux estime qu’il manque actuellement entre 50-75 éducateurs ou éducatrices de la petite enfance qualifiés pour les centres de garde et d’apprentissage francophones au Manitoba.
« Ce sont surtout les centres ruraux qui sont le plus touchés. C’est non seulement difficile de recruter mais également de retenir les personnes embauchées. Cela nuit donc à l’ouverture de nouveaux centres et cela met en péril des centres déjà existants. »
La Province partage le même constat que Brigitte L’heureux.
« Le gouvernement du Manitoba a identifié une pénurie d’éducateurs francophones au Manitoba. Nous avons également déterminé qu’il n’y a pas assez de diplômés francophones dans les établissements postsecondaires du Manitoba pour répondre à ce besoin croissant, et que les éducateurs en provenance d’autres provinces au Canada n’émigrent pas au Manitoba », a communiqué le gouvernement du Manitoba par voie de courriel, le 22 février dernier.
Pour pallier ce problème d’attractivité, le gouvernement du Manitoba a choisi de se tourner vers l’étranger pour aider à combler ces pénuries sur le marché du travail. Les 25 et 26 février 2022, la Province a participé à un salon de l’emploi en ligne, organisé par Destination Canada, et exclusivement dédié aux métiers de l’enseignement et de la petite enfance.
« Le programme Candidats du Manitoba a participé à la quasi-totalité des salons de l’emploi Destination Canada, depuis leur lancement en 2004. Le programme considère qu’il s’agit d’un outil essentiel pour atteindre nos objectifs d’accroissement de la population de travailleurs francophones qualifiés et d’investisseurs privés.
« Entre le 1er janvier 2012 et le 31 décembre 2021, une moyenne annuelle de cinq professionnels francophones de l’enseignement sont devenus résidents permanents du Manitoba par l’intermédiaire du programme Candidats du Manitoba. Les principales professions de ces nouveaux arrivants étaient enseignants, éducateurs et assistants de la petite enfance », fait savoir le gouvernement du Manitoba.
| La barrière du rural
Depuis son ouverture en mars 2020, la garderie Les P’tits Loups à Saint-georges peine à attirer des éducateurs : « Je suis actuellement la seule éducatrice qualifiée, indique Cédelynne Lachance, l’actuelle directrice. La garderie dispose de deux aides de services à l’enfance (ASE) et trois à quatre suppléantes. »
Deux ans après avoir pris la direction de la garderie, Cédelynne Lachance s’apprête d’ailleurs à quitter son poste le 1er avril. La situation géographique de Saintgeorges n’est pas étrangère à sa décision : « J’ai choisi de me rapprocher de ma famille qui habite autour de Sainte-anne. Ma fille y est également scolarisée et cela fait également plus proche pour mon compagnon, qui travaille à Winnipeg. »
Cédelynne Lachance sait déjà que son remplacement va être difficile. « En général, on donne deux semaines de préavis. J’ai consenti à donner un mois. » Toutefois, elle assure que son départ n’aura pas d’impact sur leur accueil des enfants : « Le centre de garde et d’apprentissage ne va pas fermer. Le CA travaille avec la Province pour mettre quelqu’un en place rapidement. »
Le garderie Les P’tits Loups s’occupe actuellement de 14 enfants sur 16 possibles, dont 12 préscolaires et deux scolaires.
| La rétention, l’autre partie du problème
L’attraction et la rétention des éducateurs et éducatrices sont aussi deux questions cruciales pour Syvelie Mésidor Vanéus, directrice de la garderie Les Petits Amis à Sainte-anne. « C’est toujours difficile de recruter, confie-t-elle. J’ai assez d’employés pour le moment mais je dois reconnaître que c’est difficile de trouver des gens, et aussi des gens qui restent. »
D’autant que la demande est là. En effet, Syvelie Mésidor Vanéus évalue à 100 enfants inscrits sur la liste d’attente de la garderie. Presque deux fois sa capacité actuelle, puisque celle-ci accueille un total de 60 enfants dont quatre bébés, 24 enfants préscolaires (deux à quatre ans) et 32 enfants scolaires (cinq à 12 ans).
Un projet d’agrandissement de la garderie Les Petits Amis a donc été soumis à la Commission scolaire francomanitobaine (CSFM).
« Si le projet d’agrandissement est retenu, on accueillerait au moins 48 enfants supplémentaires, estime la directrice de la garderie. À terme, on souhaiterait notamment avoir 16 bébés. »
Le nombre d’enfants nouvellement accueillis déterminera le nombre d’éducateurs ou éducatrices en plus : « Le ratio est une éducatrice pour quatre bébés, une pour huit préscolaires et une pour 15 scolaires. »
La superficie actuelle de la garderie Les Petits Amis est de 1 939 pi2. Syvelie Mésidor Vanéus n’est à ce stade pas en mesure de dire combien elle atteindra après l’agrandissement.
« Ce sont surtout les centres ruraux qui sont le plus touchés. C’est non UGWNGOGPV FKHƂEKNG FG TGETWVGT OCKU également de retenir les personnes embauchées. » - Brigitte L’HEUREUX