Le Sud du Manitoba se prépare
Avec le printemps qui arrive, le Manitoba se prépare pour des potentielles inondations. D’après un rapport, publié le 17 mars, par le Centre de prévision des régimes fluviaux de la province, la vallée de la rivière Rouge est la zone la plus exposée au risque.
Le Centre de prévision des régimes fluviaux prévoit que la rivière Rouge et ses affluents présentent un risque élevé d’avoir une inondation modérée voire majeure (1).
Le Centre de prévision s’est basé sur des cartographies réalisées par Environnement Canada. Il pointe notamment, au Manitoba, en Saskatchewan et au Dakota du Nord, une quantité de précipitations hivernales supérieures aux normales saisonnières.
Par exemple, la quantité moyenne de précipitations calculée par Environnement Canada à proximité de l’aéroport international James Armstrong Richardson, entre 1981 et 2010 était de 19,9 mm et 13,8 mm pour les mois de janvier et février. En 2022, 20,0 mm et 19,9 mm de précipitations totales ont été enregistrés au cours des mois de janvier et février au même endroit. Ces données correspondent à la quantité de pluie et l’équivalent en eau de la neige tombée.
« 6,1 mm de différence par rapport à la normale c’est beaucoup, commente Taha B. M. J. Ouarda, professeur titulaire de la chaire de recherche du Canada en hydroclimatologie statistique à l’institut national de la recherche scientifique (INRS). « Mais ce qui compte c’est la quantité de neige qui est sur le bassin versant en amont, aux États-unis. C’est elle qui va alimenter la rivière. »
D’après le site collaboratif COCORAHS, la ville de Grand Forks, située dans l’état du Dakota du Nord, a reçu un total de 68,58 mm de précipitations durant les mois de janvier et février 2022. Il s’agit de 17,018 mm de plus que le cumul des normales calculées sur la période de 2006-2020 par National Centers for Environmental Information pour les mois de janvier et février. (2)
| Des incertitudes météorologiques
Outre la quantité de précipitation, d’autres facteurs ont une influence sur le risque d’inondations. Natalie Hasell, météorologue pour Environnement Canada, évoque notamment l’humidité du sol au moment des premières périodes de gel. « Si le sol est saturé, l’eau va geler dans le sol et il n’y aura pas de place pour l’eau de la fonte des neiges. »
D’après le rapport du Centre de prévision des régimes fluviaux, le gel du sol observé cette année est propice à un plus grand ruissellement des eaux en surface.
La température des prochaines semaines sera également déterminante. Une fonte rapide de la neige en raison de températures plus chaudes amplifiera l’impact des inondations. « La vitesse de la fonte va faire une grosse différence, explique Natalie Hasell, mais on ne peut pas estimer comment la fonte va se passer. »
« J’ai regardé les prévisions à Winnipeg, pour la semaine du 21 au 27 mars, les températures vont être autour de trois degrés et il n’y a pas de pluie, observe Taha B. M. J. Ouarda, donc pour moi les conditions de fonte sont idéales, car la pluie contribue directement à l’inondation mais elle fait fondre la neige plus vite aussi. »
Natalie Hasell fait remarquer qu’en 1997, année de « l’inondation du siècle », un blizzard avait frappé le Manitoba entre le 4 et 5 avril. « C’est vraiment cet évènement où on a vu tomber une grosse quantité de neige qui a déterminé l’intensité de l’inondation. Donc il suffit d’une tempête et l’histoire va complètement empirer. »
Le 8 mars, une réunion virtuelle de prévention était organisée entre l’organisation des mesures d’urgence du Manitoba, différents services provinciaux et 30 municipalités du Sud du Manitoba. Michel Duval, directeur général de la municipalité de Ritchot, y a participé. « Il y a eu beaucoup de répétitions par rapport aux années précédentes », résume le directeur général. Pour le moment, aucune indication particulière n’a été donnée. Les opérations habituelles de prévention ont donc été lancées à Ritchot. « Nous avons commencé à déneiger les fossés pour faciliter le drainage et l’écoulement de l’eau. Nous allons ensuite procéder à la vérification des pompes, à l’inventaire des sacs de sable et nous gardons la possibilité d’ouvrir le Centre des opérations d’urgence au besoin », annonce Michel Duval.
Également convié à la réunion du 8 mars, Jean Barnabé, conseiller municipal pour le quartier 2 de Montcalm, se trouve dans le même état d’expectative. « À ce pointci, il n’y a pas beaucoup de choses à faire d’avance. On est tellement habitué qu’il y ait des inondations de différents niveaux, que l’on sait quels chemins vont être inondés et à quelles hauteurs.
« Nos employés préparent les équipements d’urgence, des pompes, des générateurs, des pelles et des sacs de sable. Nous nous apprêtons d’ailleurs à recevoir une livraison de sable dans les prochaines semaines. »