La DSFM s'engage et poursuit son travail
Après des évènements de nature raciste survenus au Collège Louis-riel en octobre 2021, la Division scolaire franco-manitobaine (DSFM) a fait appel à des auditeurs indépendants pour établir des recommandations dans une volonté d’inclusion.
Ce sont deux auditeurs qui ont été retenus pour mener une analyse objective des enjeux liés aux évènements survenus au Collège Louis-riel : Le centre nord-américain de la menace et de l’intervention en cas de traumatisme (NACTAR) et le Dr Mamadou Ka, consultant en gestion de la diversité.
Alain Laberge, directeur général de la DSFM, fait le point sur la conduction de ces deux rapports.
« Mamadou Ka a rencontré des groupes d’élèves de chaque niveau scolaire. Pour simplifier la récolte de données, on a fait des groupes de 15 élèves environ. Mamadou Ka était là pour écouter ce que les élèves avaient à dire. Il n’était pas là pour donner son point de vue ou pour rediriger les questions. Il était réellement à l’écoute des élèves.
« Pour NACTAR, ils ont ciblé des parents, des membres du personnel, des élèves. Ils se sont concentrés sur des personnes qui étaient au CLR depuis plus de 20 ans, des personnes qui sont arrivées il y a moins de cinq ans. On voulait un mélange de personnes qui avaient vécu des expériences différentes au CLR. Ces personnes sont passées en entrevue individuelle.
« Toutes ces entrevues sont bien évidemment confidentielles. Il fallait que ce soit le plus objectif et le plus inclusif possible. »
À la suite de ces entrevues, deux rapports ont été produits avec chacun des recommandations dans le but d’offrir un environnement scolaire sécuritaire et à l’abri du racisme. La DSFM a accepté l’ensemble des recommandations et du travail a déjà eu lieu dans la division scolaire. « Les rapports sont privés parce qu’ils contiennent des éléments qui pourraient mener à l’identification des personnes qui sont passées en entrevue.
« Lors de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, on a annoncé toutes les actions que la DSFM comptait mettre en place pour parvenir à un milieu scolaire plus inclusif.
« Entre autres, on a restructuré le poste de coordonnateur qui va s’occuper entièrement des dossiers de l’équité, l’inclusion, la diversité, l’antiracisme et l’accessibilité. C’est un poste important qui nous a été demandé.
« On s’est lancé l’objectif pour les deux prochaines années de revoir toutes nos directives administratives parce que le racisme c’est parfois une question de langue. On a certaines directives administratives qui ont été construites avec un certain langage, on va les revoir. On va aussi mettre une directive administrative sur l’antiracisme. »
Pour certaines personnes les directives administratives ne suffisent pas, il faut des politiques, Alain Laberge tient à être clair sur ce point. « Le système fait en sorte que chez nous il y a deux entités : la DSFM et la CSFM. La CSFM fait des politiques, et la DSFM fait des directives administratives. Mais ce sont comme des politiques, c’est une question de technicalité de terme. »
Si des actions ont été mise en place pour le milieu scolaire, Alain Laberge souligne la nécessité d’une collaboration avec plusieurs acteurs de la francophonie manitobaine. « On a débuté un comité de travail communautaire mené par l’accueil francophone dont on fait partie avec l’amicale de la francophonie, le Réseau d’immigration francophone, l’université de Saint-boniface et d’autres encore. Des personnes se concentrent sur les incidents d’octobre. Mais depuis plein d’évènements racistes se sont passés partout.
« La lutte contre le racisme et l’intolérance ne se fait pas seulement à l’école donc ce comité de travail permet d’aborder plusieurs angles de la société.
« Un exemple concret c’est la création de formations pour des parents en partenariat avec la Fédération des parents de la francophonie manitobaine. »
C’est donc beaucoup de travail qui attend l’ensemble de la division scolaire et Alain Laberge en est bien conscient. « Le racisme prend des formes différentes, il est subtil, il est partout. Il n’est pas au même niveau dans toutes les écoles. Alors on ne peut pas arriver avec une recette miracle pour toutes les écoles. On doit s’adapter avec le même objectif : abolir l’intolérance, le racisme et l’iniquité.
« Chaque deux années, depuis huit ans, la DSFM fait un sondage auprès de tous les parents, de tous les élèves de la 4e à la 12e année et de tout le personnel administratif. Il y a des questions qui portent à l’environnement de l’école, à la diversité et sur ces enjeux.
« Ces données probantes permettent qu’on puisse pousser la direction d’école en disant : Il y a peut-être des choses à améliorer de ce côté. La création des groupes de discussions dans tous les secondaires de la DSFM va aussi nous donner de la rétroaction. »
Pour veiller à ce travail d’élimination du racisme, la question du curriculum scolaire est au coeur des discussions. « On va soumettre au ministère de l’éducation des recommandations par rapport à nos ressources, au curriculum. Notre question c’est : Comment fait-on pour que nos élèves aient un curriculum qui reflète la réalité de 2022, qui est inclusif, qui permet à tout le monde d’avoir sa place tout en permettant une éducation et une compréhension? »