La créativité en héritage
La galerie d'art du Centre culturel francomanitobain, en lien avec le Théâtre Cercle Molière (TCM), accueillera à partir du 26 avril l'exposition Jeux de Miroirs. Organisée conjointement par le tandem d'artistes Anna Binta Diallo et sa mère, Lise Gaboury-diallo, l'exposition explore les liens familiaux et artistiques. Les artistes y évoquent les leurs, mais aussi ceux de Gabrielle Roy avec sa mère et sa grand-mère.
L’exposition Jeux de Miroirs est née entre deux pièces du théâtre au TCM. Anna Binta Diallo raconte :
« L’hiver dernier, j’ai été invitée pour faire les illustrations 2021-2022 du TCM. J’ai accepté l’offre puis j’ai développé les visuels de la saison. Il y a quelques mois, Maxine Robert (1) est venue vers nous à l’occasion de la pièce La détresse et l’enchantement (2). Elle nous a approchées toutes les deux, je pense, ensemble, pour savoir si on pouvait faire un genre d’exposition. « On a fait un remue-méninges, et c’est ma mère qui a eu l’idée de faire quelque chose au sujet de trois générations de femmes artistes.
« On s’est lancé dans ce thème, de la créativité, de mère en fille, de génération en génération. On a aussi développé des oeuvres tirées des passages de Gabrielle Roy. »
L’exposition rassemble d’abord des oeuvres visuelles développées par Anna Binta Diallo, des textes de Lise Gaboury-diallo, évoquant des membres de sa famille, et des céramiques de l’artiste Claire Breton-gaboury, mère de Lise Gaboury-diallo et grand-mère d’anna Binta Diallo. L’occasion de montrer les destins croisés de trois artistes dont le lien familial a bercé les démarches artistiques.
Lise Gaboury-diallo l’illustre en premier : « Il y a trois générations de femmes artistes, et puis toi-même, tu t’insères dans une lignée de femmes créatrices. »
Sa fille poursuit, et évoque son enfance : « J’étais toujours entourée d’art. Soit dans la maison, ou j’entendais les histoires, ou bien on allait voir des choses. Tous ces éléments combinés m’ont donné envie de faire de l’art dès mon plus jeune âge. Ça aussi, j’en parle beaucoup dans mes oeuvres artistiques. C’est comme si c’était venu très tôt, et je crois que c’était grâce aux gens qui m’entourent qui avaient l’art dans leur vie. »
Le lien avec Gabrielle Roy est tout trouvé, ce sera l’inspiration familiale. L’artiste franco-manitobaine a aussi été inspirée par des femmes de sa famille. Sa grand-mère, qui lui fabriquait des poupées, puis sa mère, ont été des exemples pour elle. Elle en parle dans ses écrits. Ces passages seront montrés dans l’exposition. Lise Gaboury-diallo a travaillé à cela : « J’ai l’impression qu’une famille qui valorise l’art, va certainement transmettre l’amour de l’art aux enfants. Ce qui peut être miraculeux, c’est que Gabrielle Roy a déjà vu chez sa grand-mère cette étincelle de créativité quand elle a fait une poupée. Alors que ce n’était pas évident. « C’est ça qui sera peutêtre intéressant pour certaines personnes. C’est de découvrir ces passages où elle parle des femmes, de sa mère, de sa grand mère, et même de son propre travail comme écrivaine. »
Pour Anna Binta Diallo, c’est surtout la créativité qui est mise en avant. Celle de femmes canadiennes passionnées par leur art : « On est toutes des femmes, des Prairies, francophones. Donc je pense qu’il y a aussi ce côté-là que montre la créativité de chez nous. « J’avais un peu peur que les gens pensent qu’on se compare à Gabrielle Roy, mais je voulais vraiment distinguer que ce n’est pas une comparaison. On voulait juste démontrer que la créativité existe dans tout le monde.
« Comment on peut préserver cette créativité ou bien la partager? Et puis apprendre aussi, parce que c’est en apprenant sur les autres aussi qu’on peut garder un peu de cette créativité pour nous même. En lisant beaucoup, en ouvrant les horizons et en se questionnant sur C’est quoi les arts? »
(1) Maxine Robert est la responsable des communications et du marketing au TCM.
(2) Prévue du 29 avril au 1er mai au Théâtre Cercle Molière. Plus d’informations sur https:// www.cerclemoliere.com/
« J'étais toujours entourée d'art. Soit dans la maison, ou j'entendais les histoires, ou bien on allait voir des choses. Tous ces éléments combinés m’ont donné envie de faire de l'art dès mon plus jeune âge. » - Anna BINTA DIALLO