La Liberté

Au gré des pensées, la poésie

Le petit bruit du poème est le titre nouveau recueil du poète Laurent Poliquin. Paru le 18 mars aux Éditions du Blé, il questionne l’écriture poétique, mais aussi le rapport au monde de son auteur.

- Matthieu CAZALETS mcazalets@la-liberte.mb.ca (1) La présentati­on était diffusée sur la page Facebook des Éditions du Blé.

Une poignée d’amateurs de poésie étaient réunis le 1er avril au soir à la Maison des artistes visuels francophon­es du Manitoba. Laurent Poliquin y présentait

Le petit bruit du poème, en alternant lecture de quelques parties et réponses aux questions des spectateur­s et téléspecta­teurs (1). Un moment de partage pour un recueil destiné à voyager.

| Un contexte particulie­r

L’ouvrage est un enfant de la pandémie, période d’inspiratio­n fertile pour le poète : « Je me suis retrouvé avec un certain désir d’écrire, un peu comme tout le monde d’ailleurs ». Cet ouvrage vient juste après L’ivresse fragile

de l’aube, paru en 2021 aux Éditions L’harmattan, et sera suivi d’un troisième recueil. Les trois ont en lien d’avoir été écrits en période de COVID-19, mais n’ont pas forcément de liens entre eux : « J’ai eu envie de passer du temps à écrire. Un projet est venu, puis un deuxième, et un troisième. »

Le contexte prend une part très importante du travail de l’artiste. Il le dit lui-même, chaque livre est ancré dans un moment et dans un environnem­ent : « Je le fais à partir de là où je suis, du temps, on est en 2022, je suis à Winnipeg, dans un contexte linguistiq­ue particulie­r. Cela lui donne une couleur aussi, peutêtre un peu plus original dans ce sens-là. »

Ses textes, Laurent Poliquin veut les faire voyager, l’occasion de faire découvrir la francophon­ie manitobain­e à travers le pays, voire le monde : « Mon but aussi, c’est de faire voyager ces textes. Une façon de se faire connaître. Montrer qu’il y a des auteurs dans le

Far West au Canada, qui n’ont peut-être pas de chapeau de cow-boy, mais qui écrivent, et qui écrivent des belles choses. » Bel exemple, un des poèmes a été récupéré sur le recueil collaborat­if français Entre

chiens et loups. Publié par les Trois petites truites éditions et axé sur un thème : « Le collectif », il sera normalemen­t publié à la mi-2022 en France. Le nom du recueil, Le petit

bruit du poème, est un autre exemple de l’importance du voyage des textes. Il prend ses racines dans la lointaine Italie, il y quatre ans déjà : « Le titre du livre reprend un poème qui a été sélectionn­é à Milan pour le prix Léopold Sédar Senghor. Un prix littéraire que j’ai remporté en Italie en 2018. Les textes en questions sont inclus dans le livre, j’ai voulu faire un petit clin d’oeil à ces poèmes qui ont remporté un prix littéraire sympathiqu­e. »

| Au centre, la poésie

Beauté de l’art, la poésie est utilisée pour questionne­r l’écriture poétique dans Le

petit bruit du poème : « Si un thème domine davantage, c’est probableme­nt plus le questionne­ment de l’écriture, je pense. » Autour de ça gravitent plusieurs réflexions, qui constituen­t le coeur du recueil : « Je questionne ma relation avec le monde, avec la poésie. C’est aussi ma relation avec la nature, l’environnem­ent, l’espace politique. »

Et quand il s’agit d’écrire sur ces sujets qui l’inspirent, Laurent Poliquin ne perd pas de temps. À un rythme effréné, les textes jaillissen­t de son bureau : « Le luxe que je me suis donné avec les dernières années est d’avoir mon petit coin à moi, mes quelques milliers de livres. C’est certain que je me suis parfois déplacé. Mais j’ai un petit bureau, j’essaie de m’installer dans mes affaires, entouré de livres. »

Il évoque une section pour laquelle il a une affection particuliè­re : « Il y a une section que j’appelle Art poétique de nos relations, qui est un peu plus en prose. Je ne fais pas souvent ce genre de choses, et je m’y suis risqué avec quelques textes.

« Quand je suis dans un projet, je m’y donne à fond. Ça peut aller vite. C’est comme si j’avais des moments d’écriture intense et d’autres moments pas du tout. Mais quand je rentre dedans, c’est une dizaine de poèmes par jour. »

Des poèmes qui ont besoin de repos, avant d’être repris, retravaill­és, voire même canalisés à certains moments : « Ça va vite, parce qu’au bout de quatre jours, on en a 40. Au bout de trois semaines, un mois, on a déjà quelque chose. On le laisse reposer, on enlève des trucs, on continue. On a encore cette pulsion de la poésie. Parfois, on se dit c’est trop, là c’est trop, là ça déborde. »

Après d’infinies relectures et choix de poèmes, ce sont 78 pages de poésie qui sont aujourd’hui entre les mains des lecteurs et des lectrices. Un résultat dont Laurent Poliquin est fier, et qu’il tient évidemment à partager avec tous les acteurs du projet : « Voilà, je me sens choyé, je suis reconnaiss­ant du travail qui est fait et du résultat qui est magnifique. »

L’auteur attend maintenant de voir les retours sur son travail, tout en philosopha­nt : « Je n’ai pas de recette, j’essaie juste de faire de mon mieux. Avec ce que je connais, ce que j’ai lu, et puis, j’essaye juste de faire du mieux que je peux. »

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Photo : Marta Guererro Laurent Poliquin.

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