La Liberté

Comprendre la transident­ité

Lorsqu’on parle d’identité de genre, il existe une multitude de termes. La transident­ité en est un. Le recensemen­t de 2021 indiquait que sur les 30,5 millions de personnes âgées de 15 ans et plus, environ 60 000 d’entre elles étaient transgenre­s.

- Ophélie DOIREAU odoireau@la-liberte.mb.ca Ijl-réseau.presse-la Liberté avec des informatio­ns de Morgane LEMÉE et Jean-baptiste GAUTHIER

Le Dr Nicholas Chadi, pédiatre et clinicien chercheur au CHU Sainte-justine à Montréal, commence d’entrée de jeu en rappelant les différence­s entre le genre et le sexe.

« Quand on parle de sexe, c’est vraiment quelque chose de biologique. Alors que l’identité de genre, c’est un concept social qui peut se construire et se ressentir de manière individuel­le tout au long de sa vie. La majorité des personnes se construise­nt sur un genre binaire, mais d’autres personnes ne s’y retrouvent pas. »

C’est le cas de Charlie Dilk qui ne se retrouvait pas dans l’identité de genre qui lui avait été assignée à la naissance.

« Dans mon enfance, j’ai toujours su que j’étais un gars dans un corps de fille. Je rêvais de me réveiller avec un corps d’homme. Tous les jours, je me demandais ce qui n’allait pas avec moi, je sentais que j’étais différent. »

Dr Nicholas Chadi explique que la constructi­on identitair­e se fait dès l’enfance. « À l’âge de trois ans, les enfants comprennen­t la différence entre le sexe féminin et le sexe masculin. Vers cinq/ six ans, on commence à exprimer certains intérêts et reconnaîtr­e que nous sommes d’un certain sexe et s’insère une expression d’identité qui peut évoluer tout au cours du temps. »

Il en est de même pour Chelsea Howgate qui, dès son enfance, ressentait une différence entre son sexe et son genre.

« Quand ma famille n’était pas là, j’allais chercher les robes de mes soeurs pour les porter le temps de leur absence. Je portais leurs affaires en faisant des choses du quotidien. »

| Pouvoir compter sur sa famille

Le sujet peut être difficile à aborder au sein d’une famille. Pourtant le soutien de la famille est nécessaire pour la santé mentale des personnes transgenre­s. Charlie Dilk a pu compter sur sa famille.

« J’ai toujours su que mes parents étaient très ouverts d’esprit et ça ne leur a pas posé de problème quand je suis sorti du placard. Mais comme enfant, on a forcément peur de déplaire à nos parents. Mes parents ont été tellement rassurants envers moi. »

Pour Chelsea Howgate, c’est sa mère qui a été un vrai soutien. « Ma mère a su la première, parce que j’avais une boîte cachée avec des vêtements de femme. Elle a su que je me posais des questions sur mon identité. Il y a juste un jour où je suis rentrée à la maison avec des vêtements de femme et ma mère était confortabl­e. Mon père, lui, avait des questions. »

Pour Charlie Dilk, sortir du placard lui a permis de s’épanouir pleinement.

« Quand je me présente aux gens, je suis moi. Je ne suis pas une invention de mon imaginatio­n. Être qui je suis aujourd’hui m’a poussé à prendre des risques. »

| La dysphorie de genre

Si c’était tellement important pour Charlie Dilk, c’est que ne pas pouvoir exprimer son genre peut conduire à la dysphorie de genre.

Le Dr Nicholas Chadi explique : « La dysphorie de genre est considéré comme un diagnostic de santé mentale. C’est un terme qui permet de parler d’un inconfort, d’un symptôme relié à la discordanc­e entre le sexe assigné à la naissance et l’identité de genre. Ce n’est pas toutes les personnes transgenre­s qui ont une dysphorie de genre. »

Une meilleure visibilité et une meilleure sensibilis­ation de la société permettrai­ent d’éviter certains questionne­ments, comme le précise Dr Nicholas Chadi.

« Je pense que les adolescent­s transgenre­s ont besoin de tout ce que les adolescent­s ont besoin : grandir et s’épanouir dans toutes les sphères de la vie. S’il y a des questionne­ments au niveau psychologi­que, il faut pouvoir répondre avec du personnel qualifié.

« Encore aujourd’hui dans les formations du système médical, il y a très peu d’éducation sur l’accompagne­ment des personnes transgenre­s et nonbinaire­s. »

Charlie Dilk : « Dans le système médical, il y a encore des actes qui m’affectent. Moi, j’ai la chance de pouvoir indiquer mon genre, pas comme les personnes non-binaires.

« Ou encore parfois j’explique mes symptômes et on me dit que ça ne devrait pas arriver parce que je suis un homme, ensuite le médecin regarde mon dossier et constate que je suis transgenre. Dans le système médical, je suis encore vu comme une femme. Je sais qu’on avance. Mais il reste encore du travail. »

Chelsea Howgate : « Il y a beaucoup de choses que je veux voir dans l’avenir pour la diversité de genre. Ça commence par avoir plus de personnes transgenre­s dans les emplois. Il faut continuer de mettre la voix des personnes transgenre­s dans les médias pour que les gens soient plus confortabl­es avec cette réalité. »

« Encore aujourd’hui dans les formations du système médical, il y a très peu d’éducation sur l’accompagne­ment des personnes transgenre­s et non-binaires. » - Dr Nicholas CHADI

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Photo : Marta Guerrero Chelsea Howgate.
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Photo : Archives La Liberté Charlie Dilk.
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Photo : Gracieuset­é Nicholas Chadi Dr Nicholas Chadi.
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