La Liberté

UNE IDENTITÉ RETROUVÉE

- JONATHAN SEMAH jsemah@la-liberte.mb.ca

Après des années d’interrogat­ions et de questionne­ments auprès de sa famille, Lynn Caron-plischke a découvert son identité métisse il y a une dizaine d’années. C’est avec sa fille Annika que Lynn Caron-plischke a entamé cette quête identitair­e. La mère et la fille reviennent de la Saskatchew­an pour l’évènement Back to Batoche. Elles ont pu en apprendre plus sur leur histoire et visiter la maison du résistant métisse Jean Caron, leur aïeul.

Il y a 11 ans Lynn Caron-plischke en apprend plus sur son identité. Après des années de recherches et d’interrogat­ions, la Fédération métisse du Manitoba (FMM) lui a confirmé qu’elle était métisse.

Elle a également découvert qu’elle était une descendant­e d’un de ceux qui ont participé à la Bataille de Batoche, Jean Caron.

Comme un nouveau jalon dans sa quête identitair­e, Lynn Caronplisc­hke a emmené fin juillet sa fille Annika à Batoche en Saskatchew­an pour l’évènement

Back to Batoche, qui célèbre la culture et le patrimoine métis.

Organisée par la Nation métisse de la Saskatchew­an,

Back to Batoche fêtait cette année sa 50e édition.

Batoche est le lieu historique national qui garde la mémoire de l’ultime bataille de la Résistance du Nordouest en mai 1885. La défaite du camp métis a mené à l’emprisonne­ment de Louis Riel.

C’est donc dans ce lieu chargé d’histoire que Lynn Caron-plischke a passé quelques jours avec sa fille. « C’était la deuxième fois que j’allais à Batoche. Mais c’est la première fois que j’y allais en conscience de mon identité. Je l’ai vécu comme une partie de mon trajet initiatiqu­e pour mieux me connaître et savoir ce que veut dire être métisse. Avec ma fille, nous avons ressenti beaucoup d’émotions. C’était un sentiment d’appartenan­ce qui est dur à décrire. »

Pour Annika, 18 ans, c’était sa première expérience à Batoche. « J’ai découvert beaucoup de choses. J’ai réalisé que même si j’avais appris cette histoire à l’école, y être physiqueme­nt change beaucoup la perception. Être intégrée au coeur de la culture et de la communauté métisse pendant l’évènement, ça donne un tout autre sentiment. »

| Une question familiale

Voilà donc une dizaine d’années que Lynn Caronplisc­hke a commencé à se poser des questions sur sa réelle identité. Encouragée par son partenaire de l’époque qui est métis, elle s’est tournée vers d’autres membres de sa famille.

« Ma soeur et moi, on posait parfois des questions à notre mère. On voulait savoir si l’on avait du sang autochtone dans notre famille. Sa réponse n’était jamais claire, elle disait : Oui, je pense que peut-être, loin là-bas,

peut-être oui. C’était tout. Mais ça ne me suffisait pas.

« De son côté, mon partenaire était convaincu de mon identité. Il m’a donné beaucoup de confiance. Ma tante m’a confirmé, sans aucune hésitation, que nous étions métis. »

Se découvrir ou se redécouvri­r quand on est adulte a représenté un moment étrange pour Lynn Caron-plischke qui a remis en question certains aspects de sa vie. En parallèle à ce sentiment étrange, elle a aussi connu un vrai soulagemen­t d’avoir enfin les réponses à ses questions.

« C’était comme un mystère enfin résolu. J’ai commencé à ressentir de la fierté surtout en découvrant ce qu’avaient fait les membres de ma famille. La Bataille de Batoche s’est en partie déroulée sur les terres de ma famille. D’ailleurs, avant ma prise de conscience, je ne connaissai­s pas spécialeme­nt l’histoire de Jean Caron, son rôle dans la Résistance ou celui de ses deux fils. Notre histoire métisse est très riche. »

Pour Annika, découvrir et mieux comprendre cette part de son identité en présence de sa mère représente une vraie chance.

« Ça me rend fière de mieux sentir que ma famille a participé à cette grande histoire. C’était nouveau pour moi. À Batoche, voir la maison des Caron a rendu les choses concrètes. J’ai pu cerner d’où venait ma famille. »

| En apprendre plus

Cette année, à l’occasion du 50e de l’évènement Back to

Batoche et dans l’esprit de la réconcilia­tion, le gouverneme­nt du Canada a transféré 690 hectares de terres à l’ouest du lieu historique national de Batoche à la Nation métisse de la Saskatchew­an. En effet, « ces terres revêtent une importance culturelle, spirituell­e et historique profonde pour les citoyens de la Nation métisse de la Saskatchew­an ». Aussi, certains anciens combattant­s sont enterrés dans ce sol.

Dans le même communiqué de presse, Dan Vandal, ministre des Affaires du Nord et signataire de cet accord, présente cette étape comme un réel progrès.

« Les liens aux territoire­s ancestraux sont essentiels dans les cultures autochtone­s et pour l’identité de chacun. La collaborat­ion entre Parcs Canada et la Nation métisse de la Saskatchew­an en ce qui concerne le lieu historique national de Batoche marque le resserreme­nt de cette relation grâce à la restitutio­n des terres ancestrale­s aux Métis et c’est une autre étape vers la gestion collaborat­ive du lieu historique national de Batoche. Ce transfert de terres fait progresser la réconcilia­tion par des gestes significat­ifs à l’égard des Métis. »

Pour Lynn Caron-plischke et sa famille, ce moment politique a d’ailleurs été l’un des temps forts de l’évènement qui les incite à poursuivre leur quête identitair­e. Elle et ses enfants ont depuis quelques années leurs cartes de la Fédération métisse du Manitoba (FMM). Justement Annika tient à insister qu’« aller à Batoche m’a vraiment ouvert les yeux. Je vois les choses avec une différente perspectiv­e. Visiter des musées, lire, faire des activités avec la FMM, sont autant de choses que je vais faire. »

Sa mère aussi veut poursuivre sa plongée dans l’histoire de sa famille.

« En Saskatchew­an, nous avons rencontré des cousins qui sont aussi descendant­s de Jean Caron. J’ai hâte de discuter encore plus avec eux. C’est un chemin aussi pour ma mère, donc on fait ça en famille. Maintenant, tout le monde veut savoir qui il est et quelles sont ses racines. Ça va nous permettre de mieux saisir notre place dans l’histoire du Canada. »

C’était la deuxième fois que j’allais à Batoche, mais la première fois en étant conscience de mon identité. Ça fait partie de mon trajet initiatiqu­e pour mieux me connaître et savoir ce que veut dire être Métis. Nous avons ressenti beaucoup d’émotions. C’était un sentiment d’appartenan­ce qui est dur à décrire.

- Lynn CARON-PLISCHKE

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Photo : Raphaël Boutroy photo:archivesly­nnecaron-plischke photo : Gracieuset­é Lynne Caron-plischke photo : Archives Lynn
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Photo : Gracieuset­é Lynne Caron-plischke Lynn Caron-plischke et Annika devant la maison de Jean Caron à Batoche.
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Photo : Raphaël Boutroy Lynn Caron-plischke et Annika Fajardo près des bureaux de la Fédération Métisse du Manitoba.
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Photo : Gracieuset­é Archives famille Caron Ernest Caron avec sa fille Rena Jeanne Caron qui est la mère de Lynn Caron-plischke.
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Photo : Gracieuset­é Lynne Caron-plischke Annika au côté de son cousin Travis Tessier devant la maison de Jean Caron. Travis Tessier donne d’ailleurs des tournées à la maison Caron.
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Photo : Gracieuset­é Archives famille Caron Jean Caron et Marguerite Dumas (au centre) devant la maison Caron entre 1895 et 1900 avec d’autres membres de la famille. La maison a été construite de nouveau en 1895, 10 ans après que les soldats l’avaient brûlée pendant la bataille de Batoche. Jean Caron est mort en 1905.

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