La Liberté

RENTRÉE SCOLAIRE APAISÉE

- MORGANE LEMÉE mlemee@la-liberte.mb.ca

Rentrée scolaire rime avec avec fourniture­s, retrouvail­les, nouveau rythme. Mais quand on vient d’un autre pays, elle a une toute autre significat­ion. Lemya Kerkeb et ses deux

fils, Anes (11 ans) et Rassim (7 ans) sont arrivés d’algérie il y a moins d’un an. Septembre marque leur première rentrée officielle à l’école Précieux-sang. Ils témoignent, aux côtés d’une autre famille nouvelleme­nt arrivée au Manitoba, de ce que la rentrée scolaire représente dans leurs parcours d’immigratio­n. Grâce à un soutien autant éducatif, social que financier, l’heure est au soulagemen­t.

Pour certains parents, la rentrée est synonyme de nouvelles habitudes, de renouveau, parfois de stress. Pour les familles de Lemya Kerkeb et de Jean Robert Noel, arrivées au Manitoba il y a moins d’un an, cette rentrée rime avec soulagemen­t. Comment la DSFM s’adapte pour aider ces familles à se sentir chez elles au Manitoba?

Après plusieurs années d’attente, le rêve se concrétisa­it enfin pour cette famille originaire d’algérie : Lemya Kerkeb, son mari Amine Bouabdalla­h et leurs deux fils, Anes (11 ans) et Rassim (7 ans), posaient définitive­ment leurs valises au Manitoba, le 26 décembre 2021. Mais avec un tel chamboulem­ent de vie, vient son lot d’inquiétude. Surtout quand il s’agit de l’intégratio­n de ses enfants.

C’était le cas pour Lemya Kerkeb : « J’étais vraiment stressée. J’avais peur pour l’intégratio­n des enfants, qu’ils ne s’adaptent pas, qu’ils n’aient pas d’amis, qu’ils ne soient pas dans leur élément. C’est un gros changement pour eux, changer de pays, d’école, de maison. Tout ça peut avoir un impact sur un enfant. »

Quasiment jour pour jour, en décembre 2021 aussi, la famille de Jean Robert Noel et Anne Sonie Joseph Noel arrivait d’haïti pour s’installer au Manitoba. Leur fils de dix ans, Noah Jonathan Noel, est alors entré en milieu de 5e année à l’école Précieuxsa­ng, en février 2022. C’est la découverte d’un nouveau système scolaire, d’un nouvel environnem­ent, autant pour les enfants que pour les parents. Jean Robert Noel : « C’est un apprentiss­age pour nous aussi. C’est différent d’haïti, mais vu le contexte qu’on a laissé là-bas, je pense que c’est beaucoup plus facile pour nous ici. Dans le système canadien, les enseignant­s sont plus à l’écoute des élèves. À Haïti, l’accent est sur les résultats et il y a plus de pression. »

Dès son arrivée à l’école, on a fourni le matériel nécessaire à Noah pour qu’il rattrape le début d’année et soit au même niveau que les autres élèves. Même chose pour Anes et Rassim qui sont eux aussi arrivés en milieu d’année scolaire à l’école Précieux-sang. Rassim est entré en 1re année. Lemya Kerkeb a été subjuguée par l’implicatio­n des professeur­s. « Rassim avait quelques difficulté­s pour la lecture. Ils l’ont vraiment pris en charge individuel­lement pour relever son niveau de lecture au même niveau que les autres. Au bout de trois mois, il a eu des résultats spectacula­ires. C’est comme un miracle. Des personnes comme ça qui s’occupent de leur intégratio­n, de les mettre tout de suite sur les rails, c’est formidable. »

Tout de suite, Lemya Kerkeb a pu constater les différence­s avec le système éducatif algérien. « Le système éducatif algérien est un système très concurrent­iel, compétitif. Très chargé aussi. Les enfants ont beaucoup de modules, de cahiers, de livres. Contrairem­ent à ici au Canada, où je ne dirais pas que c’est très chargé, mais juste ce qu’il faut pour un enfant. Ils ont le temps de vaquer à des loisirs, des activités, tout en apprenant. Ils peuvent faire beaucoup de sport ou de la musique. Et ça, ça joue en faveur de leur intégratio­n et de leur installati­on aussi. »

En fait, l’intégratio­n de ses enfants à l’école Précieuxsa­ng a été un véritable soulagemen­t pour Lemya Kerkeb dans le parcours familial d’immigratio­n. « Les garçons ont eu une intégratio­n parfaite à l’école. Ils ont été accueillis par les enseignant­s, par le directeur, par les élèves. Ils n’ont pas du tout senti qu’ils étaient nouveaux dans la classe, même s’ils sont arrivés en milieu d’année. Dès le premier jour, on vous fait sentir que vous faites partie de la famille. Et on leur facilite les choses. Vous savez, quand nos enfants sont bien pris en charge, on a un souci en moins dans la tête. On s’occupe du reste de l’intégratio­n, du travail. »

Même son de cloche pour la famille de Jean Robert Noel. « Noah a vraiment apprécié l’encadremen­t des professeur­s, l’école et comment on l’a intégré à l’école Précieux-sang. Nous sommes des parents qui veulent être toujours très impliqués dans l’éducation de nos enfants. L’ultime porte de sortie pour la réussite de nos enfants, c’est l’éducation. Quand je vois l’engouement que Noah a de retourner à l’école, je vois qu’il aime vraiment son environnem­ent scolaire. Ça fait du bien de savoir que notre enfant est entre de très bonnes mains, dans de bonnes conditions. Ça nous touche vraiment, en tant que parents. »

| Des agents culturels à la DSFM

Dans le but de répondre aux besoins des familles nouvelleme­nt arrivées au Manitoba et de faciliter l’intégratio­n des élèves, la DSFM a adopté, il y a plusieurs années, le programme Travailleu­rs en établissem­ent dans les écoles. Ce programme est initié par des organismes spécialisé­s en immigratio­n à travers le Canada et permet d’aider les familles à s’intégrer autant sur le plan scolaire que social.

Grâce à un octroi de IRCC (Immigratio­n, Réfugiés et Citoyennet­é Canada), la DSFM a décidé d’embaucher à temps plein deux travailleu­rs en établissem­ents dans les écoles (TÉÉ), aussi appelés agents culturels. Daniel Preteau, directeur des Services aux élèves à la DSFM, explique cette initiative qui date de plusieurs années. « Le rôle des TÉÉ est de collaborer avec le personnel de l’école, la famille et l’élève et de promouvoir et créer un milieu accueillan­t pour tout le monde. »

« C’est très individuel. L’immigratio­n, c’est comme un oignon. Il y a tellement de lisières. On doit y aller doucement. Une famille qui vient de la Belgique va vivre une expérience différente d’une famille qui vient d’un camp de réfugiés. Les TÉÉ vont faire cette distinctio­n. Ils vont cerner les besoins de la famille et de l’élève, toujours en gardant l’élève au premier plan. »

La DSFM travaille de près avec des partenaire­s comme l’accueil francophon­e pour savoir quand une nouvelle famille francophon­e arrive au Manitoba et à la DSFM. Les agents culturels naviguent tous les jours dans une dizaine d’écoles de la division pour répondre à différents besoins. Daniel Preteau : « Ils peuvent se rendre dans une école pour aider une famille avec l’inscriptio­n scolaire. Ils parlent plusieurs langues et peuvent agir comme interprète­s pour la famille ou vont se présenter à l’aéroport quand une famille arrive. »

| Une rentrée moins chère

Pour Jean Robert Noel, comparée à Haïti, la rentrée scolaire canadienne coûte moins chère, avec une liste de fourniture­s beaucoup plus légère. Faut-il encore se familiaris­er avec le vocabulair­e de celle-ci. Il rit déjà en racontant cette anecdote : « J’étais au magasin, et je vois dans la liste : étui à crayons. Je me demandais ce que c’était! Puis j’ai compris. Chez nous, on dit porte-crayon. Pareil pour une paire d’espadrille­s pour l’éducation physique… Je ne sais pas ce que c’est, mais

Google va m’aider (rires). » Tout comme Noah Jonathan Noel, Anes et Rassim Bouabdalla­h ont hâte de retourner à l’école. Lemya Kerkeb est ravie de voir l’épanouisse­ment de ses enfants.

« Chaque expérience est différente. Certaines personnes ont eu des difficulté­s pour l’adaptation de leurs enfants. Je m’estime chanceuse. Pour moi, tous les changement­s qu’ont vécus mes enfants ont été positifs. On est toujours à l’écoute de leurs besoins et on respecte aussi vraiment la diversité culturelle et religieuse dans leur école. Il n’y a jamais de jugement. Je trouve ça magnifique. »

« Vous savez, quand nos enfants sont bien pris en charge, on a un souci en moins dans la tête. On s’occupe du reste de l’intégratio­n, du travail. » - Lemya KERKEB

 ?? photo : Marta Guerrero ??
photo : Marta Guerrero
 ?? Photo : Raphaël Boutroy ?? Jean Robert Noel et Anne Sonie Joseph Noel, et leurs enfants : Noah Jonathan Noel (10 ans) et Élodie Anah Noel (7 mois).
Photo : Raphaël Boutroy Jean Robert Noel et Anne Sonie Joseph Noel, et leurs enfants : Noah Jonathan Noel (10 ans) et Élodie Anah Noel (7 mois).
 ?? Photo : Marta Guerrero ?? Lemya Kerkeb et ses fils Anes Bouabdalla­h (11 ans) et Rassim Bouabdalla­h (7 ans).
Photo : Marta Guerrero Lemya Kerkeb et ses fils Anes Bouabdalla­h (11 ans) et Rassim Bouabdalla­h (7 ans).
 ?? Photo : Archives La Liberté ?? Daniel Preteau, directeur des Services aux élèves à la DSFM.
Photo : Archives La Liberté Daniel Preteau, directeur des Services aux élèves à la DSFM.
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada