Une alliance qui perdure
Fait sociologique à noter : ordonné le 8 juillet, Serge Buissé est le premier Franco-manitobain de souche à devenir prêtre depuis l’ordination de Gabriel Lévesque, en 2003. Aujourd’hui curé de la paroisse Saint-joachim à La Broquerie, il ne se voit pas cependant comme représentant un phénomène inhabituel, ou encore d’une autre époque.
Propos recueillis par Daniel Bahuaud, coordonnateur des communications de l’archidiocèse de Saint-boniface
La foi et la langue française ont toujours été importantes dans ma famille. Mes parents Gilles et Josée ont parti une ferme à East Selkirk, et j’ai beau avoir été élevé là, on se rendait tous les dimanches à la paroisse Cathédrale, à Saint-boniface, pour célébrer et prier en français. Ça allait de soi. J’ai été baptisé en français par Mgr Albert Fréchette, et j’ai reçu les autres sacrements Ȃ ° ǡ Ƥǡ la réconciliation et même la prêtrise – à la Cathédrale. J’ai grandi dans la foi en français. Le français est ma langue maternelle, mais puisqu’il n’y a pas beaucoup de francophones à East Selkirk, ce n’était pas possible de fréquenter une école française. J’ai fait deux ans de prématernelle en français à l’école Provencher, à Saint-boniface, et ensuite il a fallu que je fréquente des écoles d’immersion. Quand j’ai commencé la maternelle à l’école
ǯ± ƥ ± parler l’anglais. J’avais un ami nommé Colton. J’avais du mal à prononcer son nom!
Je suis jeune. J’ai 27 ans, et j’ai été élevé dans une communauté largement anglophone. L’anglais est partout et il faut choisir de maintenir son français, et constamment et consciemment voir à la qualité de son français. Si je suis francophone, c’est que dans ma famille, toutes les décisions sont prises en considérant la langue et la foi. Lors de temps forts comme les semences et les récoltes, mon père recevait souvent de l’aide de son père, Ernest Buissé. Tout se passait en français, et dans la prière puisque mes grands-parents avaient une grande foi. Mon grand-père Buissé avait une ferme à Redvers, en Saskatchewan. Quand mon père avait cinq ans, les Buissé ont quitté pour s’installer à Saint-boniface, en ville. Pourquoi déménager? Pour la langue française. Un chemin de fer avait été construit qui traversait les terres des Buissé. La maison était située sur le « mauvais côté », et l’autobus scolaire qui aurait conduit les enfants à une école où on enseignait le français ne s’y rendait pas. Pour mon grand-père, c’était inacceptable, et une forme d’abus. Pour s’assurer que ses enfants aient une éducation en français, il y en avait huit à ce moment-là et un neuvième viendrait plus tard, il a plié bagage pour vivre parmi des francophones du Manitoba.