La Liberté

Le rire qui fait guérir

- Jonathan SEMAH jsemah@la-liberte.mb.ca

Dès le 14 octobre, Stéphanie Morin-robert va présenter BLINDSIDE au Théâtre Cercle Molière (TCM). L’artiste multidisci­plinaire va jouer ce spectacle très personnel, qui parle notamment de son handicap et de différence­s, pour la première fois en français.

Le chemin a été long pour Stéphanie Morin-robert avant d’arriver sur les planches du TCM. Pourtant BLINDSIDE n’en est pas à sa première sur scène. En effet, ce spectacle était qu’en anglais avant que l’artiste franco-ontarienne décide de reconnecte­r avec sa langue maternelle.

Alors, à quelques jours de la première au TCM, dans quel était d’esprit est Stéphanie Morin-robert? « Je me sens bien, c’est un beau projet et je me sens très choyée de plonger à nouveau dans cet univers créatif. »

Stéphanie Morin-robert a longtemps travaillé en anglais. Celle qui habite depuis trois ans à Winnipeg avait vraiment envie de reconnecte­r avec sa culture francophon­e. C’est d’ailleurs à son initiative qu’elle a proposé son spectacle au TCM.

« Ça fait environ 10 ans que je tourne et je gagne ma vie dans le monde du théâtre en anglais. Je me suis rendu compte que je me suis fait assimiler vers le marché de travail anglophone. J’avais donc envie de faire un retour à mes racines, à ma langue maternelle. Je m’intègre à la communauté francophon­e, je fais de nouvelles rencontres et je me crée de nouvelles opportunit­és avec cette pièce qui a déjà eu beaucoup d’attention dans le monde culturel anglophone. »

Évidemment la traduction d’une telle pièce ne s’est pas faite du jour au lendemain. Pour Stéphanie Morin-robert, il ne s’agissait pas de traduire le texte littéralem­ent. Le sujet est personnel, il fallait aussi une traduction sur mesure. « Je voulais vraiment donner une nouvelle vie à la production. Je ne pouvais pas traduire mot à mot. L’humour, par exemple, n’est pas le même.

Le plus grand défi a été de continuer une démarche sur une autre langue que j’ai un peu perdue. J’ai notamment été aidée par une amie, Faustine Lasnier, qui m’a lancé son intérêt pour faire la traduction. J’ai ensuite adapté le texte à ma façon de parler, pour qu’il sonne le plus naturel possible. »

| Empathie et autodérisi­on

Sur scène Stéphanie Morinrober­t est seule avec son micro et accompagné­e de tout un jeu de lumière. Aidée par son collaborat­eur Jaymez, l’artiste a revu complèteme­nt son spectacle. Mais le plus important pour Stéphanie Morin-robert est de rester le plus simple possible pour mettre en avant son propos. Dans cette pièce, elle aborde notamment le fait d’avoir perdu un oeil après une maladie.

« À l’âge de deux ans, j’ai eu un cancer sur la rétine de l’oeil, et depuis je porte un oeil de vitre. C’est devenu avec le temps de plus en plus facile d’en parler, c’est d’ailleurs la raison qui m’a fait écrire la pièce. Je me suis rendu compte qu’en partageant mes insécurité­s et ma vulnérabil­ité, ça a rendu mon propos vraiment honnête et c’est ce qui m’a permis de connecter avec le public. Je n’aurais jamais pensé que parler de la chose dont j’avais le plus honte me permettrai­t de payer mon hypothèque! (rires) »

Si les sujets abordés dans cette pièce sont sérieux, le ton global est plutôt à l’humour. Selon Stéphanie Morin-robert, le rire permet de dédramatis­er certaines situations et faire passer plus d’émotions.

« Quand on s’amuse de ce qui peut être dramatique, le rire devient alors contagieux. Ça guérit! Oui, il y a des moments sombres dans la pièce, mais le public s’en va avec un feeling d’espoir et se sent à l’aise avec les différence­s qui nous séparent. Je joue moi-même sur scène, je raconte des histoires personnell­es qui me sont réellement arrivées. C’est un spectacle qui normalise le handicap. Je m’amuse avec ma prothèse! »

Stéphanie Morin-robert va donc proposer au public winnipégoi­s un spectacle mature. En effet, elle explique avoir grandi avec cette pièce. De la difficulté de partager ses histoires à l’acceptatio­n, elle se sent fière de son parcours. « Le plus que je partageais, le plus je devenais à l’aise avec ma propre histoire. L’humour a été fondamenta­l et c’est beau de voir la pièce évoluer. »

BLINDSIDE, spectacle de 80 minutes, sera donc joué jusqu’au 29 octobre au TCM. Les prix des billets vont de 0 à 40 $ grâce à l’échelle tarifaire instaurée par le TCM.

« Quand on s’amuse de ce qui peut être dramatique, le rire devient alors contagieux. Ça guérit! Oui, il y a des moments sombres dans la pièce, mais le public s’en va avec un feeling d’espoir et se sent à l’aise avec les différence­s qui nous séparent. »

- Stéphanie MORIN-ROBERT

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’Š‘–‘ ǣ ‡”‹ ‘ơ‘”† Stéphanie Morin-robert joue BLINDSIDE au Théâtre Cercle Molière.

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