POUR AVANCER SUR LE CHEMIN DE LA RÉCONCILIATION
Madame la rédactrice,
La semaine passée, en faisant de la recherche sur les femmes Métisses, j’ai découvert que lors des funérailles de Louis Riel, plusieurs de ses cousins étaient porteurs du cercueil. L’un d’eux était mon ancêtre Charles Nault.
137 ans plus tard, qui aurait cru que l’arrière-arrière-arrière-petite-fille de Charles Nault, et l’arrièrearrière-arrière-petite-nièce de Louis Riel, serait ici pour parler de vérité et de réconciliation.
On dit qu’avant la réconciliation vient la vérité. Ou les vérités.
En tant que peuple Métis, nous avons encore tant à partager au sujet de nos vérités. Souvent invisibilisés – nos histoires, nos vécus ont été cachés ou oubliés. Certaines de nos dures vérités ont été minimisées tout en glorifiant les « belles histoires ». Mais toutes ces vérités, sommes-nous prêts à les entendre? Nous souvenons-nous de l’époque du règne de la terreur et de l’arrivée des troupes de Wolseley après que Louis Riel, le gouvernement provisoire et leur allié l’abbé Noël Ritchot ont réussi à faire entrer le Manitoba en confédération?
Nous souvenons-nous des histoires des femmes et de leurs apports importants à nos communautés Métisses? Ces faam Michif de la résistance qui ont brodé FIRE BACK sur les sacs à feu de leur conjoint et de leurs fils?
Nous souvenons-nous des déplacements forcés et de la perte de nos terres, à cause de l’arrivée des colons de l’est, et souvent aux mains de Canadiens-français ou de Français?
Nous souvenons-nous encore du nom de nos communautés, comme Pointe-coupée, Prairie-ducheval Blanc, Rivière aux Îlets-de-bois, Pointe à Grouette qui ont été renommées en Saints? Et des noms originaux des communautés de Premières Nations?
Avons-nous oublié que dans certaines communautés francophones, les Métis étaient mal traités, tassés et ségrégés?
Le projet colonial de nous effacer en tant que peuple a presque fonctionné. Plusieurs de nos familles ont cru ces faussetés et ont eu honte de qui ils étaient, au point où certaines familles ont carrément nié leur identité Métisse.
Dans certains cas, les vérités nous ont toutes été cachées. L’année passée, la Société historique de Saint-boniface a confirmé que mon arrière-grandpère Fulgence Delorme, ses 2 frères et sa soeur ont été pensionnaires à l’école industrielle de Saint-boniface. 127 jeunes étaient Métis, sur un total de 300 enfants Autochtones qui ont été mis dans ce pensionnat, au beau milieu de Saint-boniface. Parlons-nous de cela lorsque nous parlons de notre communauté? L’impact intergénérationnel nous affecte encore à ce jour. Il reste beaucoup à faire pour réparer ces torts. En tant que peuple Métis, et plus particulièrement, en tant que L’UNMSJM, nos histoires ne sont pas toujours faciles - nous avons à nous réconcilier avec nous-mêmes et entre nous. Mais nous avons aussi à nous réconcilier avec les membres de la francophonie manitobaine. Ensemble nous avons besoin de désapprendre et ré-apprendre au sujet de notre passé partagé, mais aussi distinct, à la fois compliqué mais trop souvent teinté avec des lunettes roses. Il va falloir prendre le temps de « s’parler dans barbe » et se dire de vraies choses.
Le chemin de la réconciliation est devant nous. Pour citer The Daily Manitoban au sujet de la procession lors des funérailles de Louis Riel : « C’était un long trajet par un chemin raboteux mais ceux qui portaient le fardeau étaient fiers de leur tâche et l’expression de cette fierté se reflétait dans leur visage. »
Je vous invite TOUTES et TOUS à embarquer sur ce chemin long et raboteux et à avancer un pas à la fois sur ce chemin que nous appelons la réconciliation. Maarsii,