La Liberté

La justice sociale : moteur de contagion au CLR

- Ophélie DOIREAU odoireau@la-liberte.mb.ca Initiative de journalism­e local Réseau.presse-la Liberté

Depuis deux ans, le Collège Louis-riel héberge le Comité EMA (Élèves issus des minorités et leurs alliés). Alors qu’une partie du groupe a été diplômée en juin 2022, de nouveaux élèves se sont mobilisés pour garder vivant ce comité et le transforme­r en acteur de la justice sociale.

Si le travail avait été débuté par le Comité EMA il y a deux ans, c’est lors d’incidents à caractère raciste que ce dernier a été davantage proactif. Il a alors posé les bases pour permettre un dialogue au sein du Collège Louis-riel (CLR). Un dialogue que les élèves voulaient continuer comme le soulève Patrick Lemoine, enseignant en musique et encadrant le

Comité. « Certains élèves membres du Comité étaient en 12e année alors ils sont partis en juin 2022. Cependant une partie est restée et ils voulaient garder vivant ce regroupeme­nt. Évidemment l’idée n’est pas de remplacer le Comité. Mais de continuer le travail qui était mené en ajoutant quelques nouveaux volets pour pouvoir vraiment faire d’autres activités qui sont rattachées à ce qui a été commencé. »

De nouveaux volets comme la justice sociale. Pour Yves Tatcho, directeur adjoint du CLR, il faut désormais que les élèves s’approprien­t ce message. « Cette année aussi, on voulait mettre l’accent sur des causes comme la justice sociale, l’antiracism­e et la diversité. On cherche à ce que les élèves s’approprien­t ces causes. Nous, les enseignant­s, nous sommes là pour encadrer uniquement. On se rencontre chaque deuxième mercredi. Il faut que ce Comité soit vraiment authentiqu­e. »

Tout l’intérêt est là : que les élèves aient une place de discussion pour porter des messages au sein de leur école. Ainsi qu’à l’extérieur. Pour l’instant, le Comité n’a pas de nouveau nom. Mais le travail a déjà commencé. Rémi Lemoine, directeur du CLR, détaille l’enjeu. « Le plus important c’est la voix des élèves. On ne veut pas leur dicter leur manière de penser. Les idées doivent venir d’eux-mêmes. Il faut que ce soit authentiqu­e comme le disait Yves, c’est une belle descriptio­n.

« Les enseignant­s offrent un encadremen­t, on est capable de s’ajuster par rapport à la direction dans laquelle les élèves veulent aller. Par contre, comme enseignant, on est aussi capable d’apporter notre vision. Les élèves peuvent la prendre et la changer. »

Un travail en amont a, tout de même, été mené par les enseignant­s encadrants comme l’explique Rémi Lemoine : « On a quand même un peu mis la base sur ce qu’est la justice sociale. On veut s’engager à lutter pour la justice sociale de manière paisible. Notre rôle, comme enseignant, c’est d’écouter les élèves en leur demandant : Qu’est-ce que vous voulez pour votre école? Ils sont capables de faire un lien entre ce qu’ils vivent et la manière de le transmettr­e au groupe. »

Aminata Diallo, élève de 12e année et membre du Comité, a décidé de s’engager dans cette mission de justice sociale. « C’est un comité qui m’intéresse de par sa mission de viser à l’inclusion de tout le monde. Jusqu’à présent, nous nous sommes rencontrés deux fois. Cependant, il y a beaucoup d’enthousias­me de la part des élèves alors les discussion­s se font en dehors même des rencontres. On en parle au quotidien puisque c’est un sujet de société.

« Pour le groupe, on veut valoriser les aspects culturels en général, valoriser l’intégratio­n des élèves peu importe leur communauté, leur ethnie. On veut intégrer tout le monde dans un état de stabilité et d’égalité. On veut créer un environnem­ent sain où les élèves se sentent chez eux.

« Je n’ai pas de chiffre fixe sur le nombre de personnes dans ce comité, les élèves sont libres de venir comme ils le souhaitent. »

Et ce Comité a l’ambition de faire profiter les 551 élèves de leurs activités et de sensibilis­er davantage le public. « Le but c’est que les 551 élèves profitent du club », souligne Aminata Diallo.

Rémi Lemoine complète ses propos. « Les gens se parlent et se disent Oh je veux participer à ce groupe. Ils voient les activités proposées et le rejoignent. C’est puissant parce que c’est contagieux.

« Le Comité fait partie du projet éducatif de l’école, on veut que les 551 élèves soient sensibilis­és à la justice sociale. Grâce à ce comité, ça va être possible. Après ce travail, on va pouvoir entamer un changement. On va pouvoir se comprendre dans toute notre diversité. On veut favoriser le vivre-ensemble. »

Patrick Lemoine insiste sur les bienfaits d’un tel comité. « Sur la question du racisme, c’est plus grand que notre école. C’est présent partout dans la société. C’est bien d’avoir une représenta­tion d’élèves sur la question, on est limité sur ce qu’on peut contrôler à l’extérieur de l’école. Mais on peut certaineme­nt avoir un impact à l’intérieur des murs de l’école. Il faut cependant travailler ensemble sur cette question. »

Yves Tatcho se réserve les mots de la fin. « L’objectif est de pourquoi pas transporte­r le projet en dehors de l’école. Parce que les élèves, qui sont dans le comité, font partie d’une communauté à l’extérieur de l’école et ils vont pouvoir partager leur expérience autour d’eux. Petit à petit, la discussion va faire son chemin. Les élèves vont pouvoir développer leur leadership et les questions de justice sociale se feront plus présentes. »

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Photo : Marta Guerrero De gauche à droite : Patrick Lemoine, Aminata Diallo, Yvan Tatcho et Rémi Lemoine.

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