La Liberté

Le joyau de la gratitude.

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Sur mon frigo il y a une photo que j’aime bien contempler. Il s’agit d’amis du Pakistan, peu de temps après leur arrivée au Canada. Leurs sourires sont rayonnants. Pourtant, ils sortaient d’une grande épreuve. Persécutés au Pakistan pour leur foi chrétienne, ils avaient fui à Bangkok en Thaïlande dans l’espoir de franchir les étapes pour se faire accepter comme réfugiés.

Pendant plusieurs années ils ont vécu une vie clandestin­e, se levant à l’aube pour aller chercher de l’eau et de la nourriture. Ils ne pouvaient travailler. Leur présence était illégale, car le statut de réfugié n’est pas reconnu en Thaïlande et leurs visas étaient expirés. En tout temps ils pouvaient se faire arrêter et jeter en prison. Plusieurs fois ils avaient été témoins de l’enlèvement d’immigrants illégaux. Les gens ainsi pris étaient emprisonné­s, et ensuite renvoyés vers leurs pays d’origine où la torture ou la mort les attendaien­t probableme­nt. Mes amis vivaient dans la peur et dépendaien­t de la providence.

Ƥ ƒ””‹˜±• •—” Ž‡ •‘Ž …ƒƒ†‹‡ǡ Ž‡—”• •‘—”‹”‡• englobaien­t tout leur être! Hélas, je n’ai jamais revu ces sourires. Usés par les soucis quotidiens, après quelques mois ils avaient le teint pâle et la mine consternée que j’observe chez plusieurs Canadiens dans mon entourage. On oublie hélas trop facilement ce qui nous a été donné.

Je me questionne donc sur la gratitude. On dirait que comme un diamant, elle brille lorsqu’elle exposée sur du velours noir. Est-ce ±…‡••ƒ‹”‡ †ǯƒ˜‘‹” ˜±…— — –”ƒ—ƒ–‹•‡ ƒƤ d’apprécier les petits bonheurs et les grands privilèges que nous avons?

Pour Amanda Lindhout, capturée par les talibans, la réponse est oui. Dans A House in the Sky, ses mémoires, elle déclare : « J’ai perdu des choses que je ne savais même pas que j’avais ». Elle ne pouvait pas voir le ciel car elle était bousculée d’un endroit à l’autre les yeux bandés. On l’enfouissai­t dans des pièces sans lumière. Amanda s’est mise à considérer les petits bonheurs quotidiens de sa vie antérieure, comme voir le ciel, respirer l’air frais et marcher librement. Comme Amanda Lindhout, pour la personne •‘—ơ”ƒ– †‡ …±…‹–±ǡ ˜‘‹” ‡•– — ’”‹˜‹Ž°‰‡ “—‹ ne leur est pas accordé. Pour la personne atteinte de maladie pulmonaire chronique, respirer devient une lutte de tout instant. Pour la personne qui s’est fracturé une hanche, marcher librement n’est plus une option. Or la perte des choses acquises peut néanmoins permettre de comprendre que tout est un don.

En ce temps de préparatio­n à la grande fête de Noël, prenons le temps de remercier le Seigneur pour tout ce que nous avons dans ce grand pays démocratiq­ue qui n’est pas en guerre, qui accueille les gens venus d’ailleurs, qui a le souci des moins nantis. N’oublions pas d’apprécier le joyau de la gratitude non seulement lorsqu’il est sur le fond noir de l’épreuve, mais lorsque nous sommes emmailloté­s dans nos couverture­s à écouter ronronner la fournaise qui nous garde au chaud...

Vous pouvez aussi lire la Chronique religieuse de la semaine, ainsi que les chroniques antérieure­s sur le site Web de l’archidiocè­se de Saint-boniface : http://www.archsaintb­oniface.ca/main.php?p=217

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