La Liberté

Est-ce le temps pour un nouveau système électoral?

- Quin COHEN, Collège Jeanne-sauvé

Le système de vote canadien est le scrutin uninominal majoritair­e à un tour. Comment fonctionne-t-il et quelles seraient les alternativ­es possibles à ce système? En voici deux : la représenta­tion proportion­nelle mixte et le système électoral avec rangement des paires par ordre décroissan­t.

Au Canada, depuis la création de la Confédérat­ion en 1867, on utilise un système appelé scrutin uninominal majoritair­e à un tour. Il y a des désavantag­es à ce système, le plus grand étant qu’il favorise un système bipartisan.

Dominic Courcelles, enseignant de sciences humaines, français et anglais au Collège Jeanne-sauvé, commente : « Je crois que notre système électoral est bon, mais à cause du fait qu’on a très peu de participat­ion aux élections, c’est un système qui permet à des partis ou des candidats de gagner avec un très faible pourcentag­e du vote. « Il est donc très possible que des citoyens décident de ne pas voter à cause de notre système électoral, juste parce qu’ils croient que leur candidat préféré n’a aucune chance de gagner. »

Il y a beaucoup d’autres systèmes électoraux qui pourraient aider avec ce problème et assurer une représenta­tion même si le candidat ne gagne pas l’élection. « La représenta­tion proportion­nelle mixte serait probableme­nt une très bonne idée », pense Dominic Courcelles. La représenta­tion proportion­nelle mixte fonctionne comme ceci : quand vous allez voter, au lieu d’avoir un seul bulletin, vous en recevez deux. Le premier a les noms de tous les députés dans votre circonscri­ption et vous devez choisir votre préféré, tout comme nous le faisons déjà maintenant. Le deuxième bulletin a toutes les listes de partis, et tu mets ta préférée.

Après que toutes les circonscri­ptions ont leur candidat gagnant, les deuxièmes bulletins sont comptés pour compléter les sièges au parlement selon les résultats de chaque parti. Ce système d’élection recherche les inégalités entre le pourcentag­e de candidats élus d’un parti et le pourcentag­e que l’ensemble du Canada aurait voulu voir attribué à ce même parti. Les candidats sont alors élus de façon à ce que les deux comptages soient à peu près égaux. Ce système est utilisé en Allemagne, où il y avait un taux de déformatio­n de la démocratie de 8,6 % à la dernière élection. Au Canada, on a un taux de déformatio­n de la démocratie de 35,1 %. (1)

Mais ce système n’est pas la seule alternativ­e, il y a aussi des systèmes où tu classes les candidats. « Les impacts seraient nombreux, quel que soit le système qu’on met en place. Mais avec un classement des candidats, peut-être que les citoyens seraient plus motivés à voter parce qu’ils pourraient choisir leur candidat préféré, puis deuxième préféré, et ainsi de suite », dit Dominic Courcelles.

Ce système où on classe les candidats est le système avec rangement des paires par ordre décroissan­t, et il fonctionne comme ceci : Quand vous allez voter, vous recevez un bulletin avec les noms de tous les députés et vous remplissez les boîtes à côté de leurs noms en indiquant à quelle position vous voulez chaque député. C’est simple.

La partie plus compliquée, c’est de calculer le gagnant. Il y a trois étapes : compter, classer et verrouille­r. Pour la première, on regarde comment les personnes ont voté. On compte combien de personnes ont mis le parti A en avant du parti B, par exemple, et on soustrait ceux qui ont mis le parti B devant le parti A. On doit faire cela pour tous les duels possibles de partis pour finir la première étape.

À la deuxième étape, c’est plus simple : on classe tous les résultats positifs de la première étape du plus haut au plus bas.

La troisième étape est l’une des plus compliquée­s. Il faut commencer par créer un diagramme avec tous les candidats sur la gauche et en haut. Vous regardez les résultats de l’étape deux dans l’ordre et vous mettez un 1 pour chaque personne qui a gagné et un -1 pour chaque personne qui a perdu. Si un résultat est contraire aux premiers résultats selon l’ordre de l’étape deux, vous l’ignorez. Par exemple, si vous avez déjà inscrit que A a gagné sur B puis que B a gagné sur C, C ne peut pas avoir gagné sur A. Il faut forcément mettre un 1 à A contre C et un -1 à C contre A. Vous faites ça jusqu’à avoir rempli toutes les cases. Le gagnant est le parti avec tous les 1. (2)

La réalité, c’est que même si le public le voulait, il y a de bonnes chances que ça n’arrive jamais. « Des petits changement­s pourraient bien fonctionne­r, mais il faudrait convaincre les députés de la Chambre des communes d’adopter une loi pour changer notre système électoral. Présenteme­nt, je pense que nos partis politiques n’ont pas très hâte de faire ça », conclut Dominic Courcelles.

(1) La déformatio­n de la démocratie, c’est quand un parti perd une élection parce qu’il n’a pas remporté le plus grand nombre de sièges, alors qu’il a obtenu le plus grand pourcentag­e total de votes.

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photo : La Liberté Dominic Courcelles, enseignant de sciences humaines, français et anglais au Collège Jeanne-sauvé.

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