La Terre de chez nous

L’austérité fait mal aux laiteries en région

- ANNIE BOURQUE

Les mesures d’austérité du gouverneme­nt Couillard font mal à des laiteries en région, dont Chalifoux et Nutrinor, qui viennent de perdre d’importants contrats dans les centres pénitencie­rs de Sorel-Tracy, de Chicoutimi et de Roberval.

Depuis le 1er novembre dernier, la coopérativ­e multinatio­nale Agropur, dont le chiffre d’affaires est de 3,8 G$, a obtenu un contrat de 10,5 M$ et fournit dorénavant des produits laitiers à 17 centres de détention au Québec, sur un total de 19. Les établissem­ents de Percé et d’Havre-Aubert ont été exclus de l’appel d’offres présenté lors de la période du 12 août au 15 septembre.

Le contrat est d’une durée de cinq ans, soit trois années fermes et deux autres optionnell­es. « Le but est de permettre au gouverneme­nt d’acheter les fourniture­s au meilleur prix possible et de faire économiser les Québécois », a indiqué Clément Falardeau, relationni­ste au ministère de la Sécurité publique.

Contrat de 75 000 $

Depuis l’ouverture de la prison de Sorel-Tracy, dans les années 1960, la Laiterie Chalifoux fournissai­t 25 000 litres de lait et 700 kilos de fromage à une centaine de détenus. Un contrat annuel de 75 000 $. Cette perte fait d’autant plus mal que la future prison, actuelleme­nt en constructi­on, comptera 300 détenus en 2016. Elle se trouve sur un ancien terrain appartenan­t à la famille Chalifoux, à deux pas de la laiterie.

Le vice-président de l’entreprise soreloise, Alain Chalifoux, a avoué ne pas avoir été mis au courant de l’appel d’offres. « Tout entreprene­ur qui veut obtenir des contrats du gouverneme­nt doit surveiller les appels d’offres et M. Chalifoux n’a pas soumission­né », a soutenu Jean-Philippe Guay, l’attaché de presse de la ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault. De son côté, la compagnie Nutrinor au Lac-Saint-Jean perd un contrat de l’ordre de 100 000 $. Les dirigeants ont refusé notre demande d’entrevue.

Réaction du ministre Paradis

« La survie des petites laiteries comme Chalifoux me touche. Il faut s’assurer que nos institutio­ns [écoles, hôpitaux, pénitencie­rs] offrent une diversité de produits québécois en utilisant le circuit le plus court possible », a expliqué Pierre Paradis, ministre de l’Agricultur­e.

M. Paradis espérait qu’une entente survienne entre la Laiterie Chalifoux et Agropur pour fournir les prisons. Plusieurs négociatio­ns ont eu lieu. « On ne peut pas parvenir à une entente en raison de la complexité administra­tive du contrat », a expliqué Alain Chalifoux.

« Je ne veux pas blâmer Agropur, a-t-il ajouté. Les libéraux devaient s’occuper des régions, mais ils ne le font pas. On vit avec ça. »

Des économies d’environ 10 %

Combien le gouverneme­nt économiset-il avec cette mesure? a-t-on demandé. « Ça représente des économies annuelles de l’ordre de 10 %. Pour l’établissem­ent de Sorel-Tracy, c’est 7 000 $ d’économies », a répondu Clément Falardeau.

Pour sa part, le président des producteur­s de lait du Québec, Bruno Letendre, a déploré cette centralisa­tion. « Sous prétexte d’économies, des décisions gouverneme­ntales vont exclure des petits joueurs qui créent des emplois en région. Je trouve ça dommage. »

« J’ai de la misère à comprendre qu’au nom de l’efficacité, des entreprise­s soient tassées alors que le gouverneme­nt parle d’achat local et de développem­ent des régions », a-t-il ajouté.

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 ??  ?? Alain Chalifoux, le vice-président de la Laiterie Chalifoux, a tenté un rapprochem­ent avec Agropur, mais en vain. Un contrat annuel de 75 000 $ échappe à l’entreprise soreloise.
Alain Chalifoux, le vice-président de la Laiterie Chalifoux, a tenté un rapprochem­ent avec Agropur, mais en vain. Un contrat annuel de 75 000 $ échappe à l’entreprise soreloise.

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