Prix de soutien : Bruno Letendre « un peu frustré »
La baisse du prix du lait de transformation décrétée par la Commission canadienne du lait (CCL) n’a pas vraiment pris les producteurs de lait québécois par surprise. « On s’y attendait », a déclaré à la Terre le président des Producteurs de lait du Québec (PLQ), Bruno Letendre, évoquant que le prix de la poudre de lait écrémé a chuté de quelque 40 % sur les marchés mondiaux depuis un an.
M. Letendre s’est toutefois dit « un peu frustré » du fait que la CCL n’a pas touché à la marge des transformateurs. « Si le prix de l’énergie est en baisse, ça aurait dû affecter leur marge dans le même sens. D’autant plus que cette marge est plus du double de celle accordée aux transformateurs laitiers aux États-Unis. Il y avait là une opportu- nité de leur demander d’améliorer leur efficacité. »
Thérèse Beaulieu, porte-parole des Producteurs laitiers du Canada (PLC), a dit comprendre « que plusieurs producteurs pourront être déçus par cette annonce parce que ça signifie de revoir leurs plans financiers et de recalculer le remboursement de leurs investissements ». Mme Beaulieu a noté que selon Statistique Canada, les produits laitiers constituent la seule catégorie d’aliments au détail au Canada dont les prix ont diminué en 2014. La baisse du prix de soutien de la poudre de lait écrémé témoigne du recul du coût des intrants, dont le pétrole, mais aussi des gains de productivité à la ferme, a-telle ajouté. Pour le président Letendre, cette baisse prouve par ailleurs « que la gestion de l’offre fonctionne. Quand le coût de production baisse, le prix à la ferme baisse ». Le producteur de Saint-Georges-de-Windsor, en Estrie, a toutefois déploré que le pourcentage d’agriculteurs couvrant leur coût de production diminuerait ainsi un peu en deçà du seuil acceptable de 50 %.
La baisse totale de 0,84 $/hl (lait de consommation et de transformation) va engendrer un manque à gagner d’environ 4 500 $ pour une ferme moyenne produisant quelque 5 000 hl par an. La diminution du prix à la ferme du lait de transformation va-t-elle bénéficier aux consommateurs? « Je serais porté à dire oui vu la forte concurrence existant sur le marché, a avancé M. Letendre. Le yogourt et le beurre servent souvent de produits d’appel ( loss leader) et sont vendus au rabais. Bien malin qui pourra toutefois déterminer l’incidence de la baisse du prix à la ferme dans ce contexte », a-t-il laissé entendre.