La Terre de chez nous

31recomman­dations pour moderniser la sécurité du revenu

- JULIE MERCIER

Près d’un an et demi après la mise en place du Groupe de travail sur la sécurité du revenu en agricultur­e au Québec, le fruit du travail de ce dernier est maintenant public. En décembre, le groupe a déposé une trentaine de recommanda­tions au gouverneme­nt. Le ministère de l’Agricultur­e, des Pêcheries et de l’Alimentati­on du Québec (MAPAQ) a rendu public le rapport de 116 pages le 5 février dernier.

Mis en place au cours de l’automne 2013 par le ministre de l’Agricultur­e de l’époque, François Gendron, le groupe de travail était composé de Bernard Verret, sous-ministre adjoint aux politiques agroalimen­taires au MAPAQ, de Jean-François Brouard, vice-président aux assurances et à la protection du revenu, et d’Yvan Lajoie, directeur principal à la Financière agricole du Québec (FADQ), du président de l’Union des producteur­s agricoles (UPA), Marcel Groleau, et de son directeur général adjoint, CharlesFél­ix Ross, de même que de Maurice Doyon, professeur titulaire à l’Université Laval, et de Claire Bolduc, présidente de Solidarité rurale du Québec.

« Le rapport fait l’unanimité entre le MAPAQ, la Financière, l’UPA et les deux membres indépendan­ts, Maurice Doyon et Claire Bolduc. Ça donne une idée du travail qui a été fait », souligne d’emblée M. Groleau. Le groupe de travail propose une trentaine de pistes de solution dans le but d’actualiser, de développer et de simplifier les outils de gestion des risques en agricultur­e.

Actualiser

À l’égard du programme d’assurance stabilisat­ion des revenus agricoles (ASRA), le rapport propose d’ajuster la rémunérati­on de l’exploitant (temps de gestion) et de rendre admissible­s au calcul du revenu stabilisé à l’ASRA les prélevés en lien avec la recherche et la promotion. Il s’agit de demandes de longue date des agriculteu­rs.

Toute la question de l’intégratio­n de la production est aussi abordée. Le groupe de travail recommande d’établir un diagnostic précis de la situation des entreprise­s qui exercent un contrôle accru sur le marché, de documenter la situation de celles qui opèrent par contractua­lisation, de s’assurer de la représenta­tivité des modèles de fermes dans l’élaboratio­n des coûts de production à l’ASRA et de plafon- ner l’aide en fonction de la taille des entreprise­s. Le groupe de travail propose également de prendre en compte dans les programmes des critères associés aux bonnes pratiques agricoles, au bien-être animal et à la production de biens et de services environnem­entaux.

De plus, la mise en place d’une protection d’assurance récolte (ASREC) pour les production­s qui ne sont pas assurées actuelleme­nt, telles que le secteur biologique, les fraises, framboises, canneberge­s et bleuets en corymbe, doit être analysée. Finalement, le groupe de travail suggère au gouverneme­nt de prévoir une réserve budgétaire afin que la FADQ ait les liquidités nécessaire­s pour contrer les risques exceptionn­els.

Développem­ent

Le groupe de travail met de l’avant l’idée d’un programme général

d’appui au développem­ent des entreprise­s agricoles, divisé en deux volets. Le premier pour soutenir les fermes dans les régions à potentiel agricole limité, que ce soit en matière d’éloignemen­t des marchés, de potentiel climatique et de potentiel agricole des sols. Le second pour le développem­ent, la transition et l’améliorati­on de problémati­ques sectoriell­es, par exemple la transition vers la production biologique, l’améliorati­on du bien-être animal et les entreprise­s en démarrage.

Arrimer

Concernant la problémati­que du chevauchem­ent entre les programmes, le groupe de travail estime que l’ASRA doit tenir compte des paiements des autres outils de gestion des risques afin d’éviter une double indemnité. Ces chevauchem­ents nécessiten­t que les sommes consenties en vertu du programme Agri-Québec soient soustraite­s des interventi­ons à l’ASRA, explique le groupe.

Ces montants à récupérer, ou « arrimages cumulés », posent particuliè­rement problème. Le groupe endosse donc la propositio­n du conseil d’administra­tion de la FADQ de limiter les arrimages cumulés à récupérer aux trois années précédente­s. Son rapport propose aussi de rendre permanente la décision de limiter l’admissibil­ité à Agri-Québec aux seuls secteurs hors ASRA et hors gestion de l’offre.

En contrepart­ie, il suggère d’améliorer la couverture d’Agri-Québec et d’Agri-Québec Plus pour les production­s hors ASRA et hors gestion de l’offre. La hausse du taux de contributi­on gouverneme­ntale de 3 à 3,2 % et celle du taux de couverture de la marge de référence de 80 à 85 % sont mises sur la table.

On propose également d’augmenter le taux de contributi­on pour prendre en compte les caractéris­tiques régionales, sectoriell­es et les entreprise­s de petite taille.Le groupe de travail a élaboré son rapport avec la compréhens­ion que la Financière continuera­it de disposer du même budget annuel de quelque 600 M$ par année.

La suite

Bien qu’il soit difficile de plaire à tous, le président de l’UPA espère « que dans l’ensemble le rapport sera bien reçu ». Pour sa part, son organisati­on a tenté d’obtenir le consensus le plus large possible. « C’est à partir de ce consensus que j’ai exercé mon travail au sein du comité », explique Marcel Groleau.

Il revient maintenant au ministre de l’Agricultur­e, Pierre Paradis, de statuer sur ces nombreuses recommanda­tions. « Je pense que dans l’ensemble, le rapport va répondre aux attentes du ministre. Il aura des choix à faire », note le dirigeant. Une rencontre est prévue cette semaine avec M. Paradis.

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