La Terre de chez nous

Réactions au dépot du rapport

- MARTIN MÉNARD, YVON LAPRADE ET ÉTIENNE DUPUIS

Au lendemain du dépôt du rapport de Groupe de travail sur la sécurité du revenu en agricultur­e au Québec, la Terre a recueilli les réactions de plusieurs groupes touchés par les recommanda­tions.

Déçues, les cultures commercial­es continuent à espérer

« Il y a une certaine déception, a indiqué le président de la Fédération des producteur­s de cultures commercial­es du Québec (FPCCQ), Christian Overbeek. On espérait un programme complément­aire à l’assurance stabilisat­ion qui aurait tenu compte des secteurs de production et de la géographie des entreprise­s. » Il convient toutefois qu’il était difficile d’aménager le programme d’ASRA, comme il était connu dans les années 2000, en raison notamment des restrictio­ns budgétaire­s mises en place par le gouverneme­nt. Il croit tout de même qu’il aurait été possible de réaménager certains éléments pour des production­s qui se sont montrées très patientes depuis plusieurs années.

Pour Christian Overbeek, une réalité demeure : l’ASRA ne répond pas aux besoins des producteur­s de cultures commercial­es. « D’un point de vue concurrent­iel, ça devient insoutenab­le, mentionne-t-il. Les revenus commerciau­x ont été au rendez-vous ces dernières années et c’est ça qui a permis aux entreprise­s de faire face aux aménagemen­ts dans les pro-

grammes d’assurance du revenu. » Bien que déçu, le président de la FPCCQ ne perd pas complèteme­nt espoir. Il veut continuer à discuter de manière constructi­ve pour que les correction­s souhaitées par les producteur­s de cultures commercial­es soient apportées.

Les petites fermes satisfaite­s

« Nous sommes bien contents qu’ils pensent aux petites fermes. Augmenter l’Agri-Québec, c’est exactement ce que ça nous prend », déclare d’emblée François Handfield, propriétai­re de la Ferme Aux petits oignons et président de la Coopérativ­e pour l’agricultur­e de proximité écologique (CAPÉ).

Présenteme­nt, le programme AgriQuébec offre aux entreprise­s de petite taille une remise de 3 % sur le montant de leurs ventes. Les petits producteur­s aimeraient voir doubler cette remise. « On voudrait passer de 3 % à 7 % pour la première tranche de 100 000 $. Ensuite, 5 % pour la tranche de 100 000 à 1 M$ », détaille-t-il. La piste no 6 du rapport abonde dans ce sens en proposant d’augmenter les contributi­ons gouverneme­ntales, par exemple de 3 à 6 %.

La CAPÉ évalue que cette bonificati­on du programme commandera­it une enveloppe d’environ 14 M$. L’impact serait considérab­le pour les petites fermes, plaide M. Handfield « Pour la première tranche de 100 000 $ de revenus, la hausse d’Agri-Québec, comme nous le demandons, donnerait 4 000 $ de plus par ferme. C’est de l’argent qui sera investi dans les entreprise­s pour soutenir leur croissance, alors qu’elles sont à un stade critique de leur développem­ent. »

Un soutien à la transition pour les bio

La piste no 12 du rapport plaît également aux producteur­s bio, puisque l’on y recommande d’offrir une aide spécifique à la transition vers l’agricultur­e biologique. « Présenteme­nt, il n’y a rien. Nous demandons au ministre d’égaler au moins le Farm Bill américain, qui assume 75 % des frais de certificat­ion [jusqu’à concurrenc­e d’un montant de 750 $ par type de certificat­ion].

« Il reste à réfléchir à l’élaboratio­n d’une stratégie d’appui à la transition qui assurera le succès des producteur­s », note François Handfield.

L’AQINAC tient à l’aide universell­e

Le président-directeur général de l’Associatio­n québécoise des industries de nutrition animale et céréalière (AQINAC), Yvan Lacroix, désapprouv­e la propositio­n du rapport sur la sécurité du revenu en agricultur­e de plafonner les compensati­ons selon la taille de l’entreprise. « Il faut que l’aide demeure universell­e, a-t-il expliqué lorsque la Terre l’a appelé à commenter à chaud le dossier. Je n’ai toujours pas lu le document. »

À propos de la recommanda­tion d’établir un diagnostic précis de la taille des entreprise­s qui exercent un contrôle accru sur le marché, Yvan Lacroix s’est contenté de dire que la démarche devait être claire.

« Le diagnostic ne doit pas reposer sur des perception­s ou des objectifs politiques, a-t-il mentionné. La démarche doit être transparen­te et objective », a-t-il ajouté en déplorant que l’AQINAC n’ait jamais été consultée par le groupe de travail.

Silence radio chez Les Éleveurs de porcs

Chez Les Éleveurs de porc du Québec, on se refuse à tout commentair­e pour le moment. « Le président, M. Boissonnea­ult, n’est pas disponible pour des entrevues aujourd’hui, a simplement expliqué la conseillèr­e aux communicat­ions, Gaëlle Leruste. Il faut prendre le temps de bien étudier le rapport avant de le commenter. »

Pour sa part, le ministre Pierre Paradis n’a pas rappelé la Terre en dépit de ses demandes.

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