Milieux humides : les producteurs ne veulent pas payer seuls
Las d’être ceux qui paient pour la protection de l’environnement, plusieurs producteurs s’insurgent à l’approche du dépôt de la nouvelle loi sur la protection des milieux humides.
« C’est très à la mode de protéger l’environnement », a lancé la productrice Danielle Landreville, lors de la journée ayant pour thème « L’eau, au coeur de nos préoccupations », qui a eu lieu à Saint-Liguori, le 30 janvier dernier. « Mais les mesures ont un prix et ce sont toujours les producteurs qui l’assument. »
Grâce à la loi transitoire qu’avait adoptée le gouvernement du Québec en 2012, des mesures de compensation pouvaient être exigées pour les projets qui affectent les milieux humides. « Le ministre de l’Environnement pouvait demander la restauration, la création, la protection ou la valorisation écologique d’un milieu humide », a expliqué dans sa conférence l’agronome de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Daniel Bernier.
Plusieurs agriculteurs se sont donc retrouvés devant l’impossibilité de cultiver une bonne partie de leurs terres. « C’est de l’expropriation pure et simple, a clamé Danielle Landreville. Il va falloir trouver des façons de dédommager ces gens-là. » L’agronome Daniel Bernier abonde dans le même sens. Pour lui, il ne fait pas de doute que ces milieux ont un rôle primordial à jouer dans l’environnement. Il croit cependant qu’il faut trouver une façon de les préserver tout en protégeant l’intérêt des propriétaires. « On doit pousser les gens à être cohérents, a-t-il mentionné. Si la population veut protéger les milieux humides, elle doit être prête à s’investir. » Les mesures transitoires viennent à échéance en avril prochain. D’ici là, le gouvernement doit présenter son projet de loi dans le dossier. Il a laissé entendre que la nouvelle mouture aurait comme objectif « zéro perte nette » de milieux humides. L’UPA se dit inquiète des moyens qui pourraient être pris pour atteindre cette cible. « Il y a une tendance à compenser dans la zone verte les pertes de milieux humides en zone blanche », a déploré Daniel Bernier. L’Union entend faire valoir son point de vue auprès du gouvernement. Elle souhaite entre autres que les producteurs soient rétribués pour les services environnementaux rendus et qu’une politique « zéro perte nette » de terres soit adoptée.