La Terre de chez nous

L’agricultur­e de proximité demande plus de poules hors quotas

- MARTIN MÉNARD

« Je pourrais vendre les oeufs de 700 poules par l’entremise de mes paniers bio et de mon kiosque en marché public. Les consommate­urs veulent des oeufs directemen­t de leur fermier de famille. Et présenteme­nt, cette demande n’est pas comblée. Nous travaillon­s à faire augmenter la limite hors quotas, mais ce n’est pas facile », indique François Handfield, agriculteu­r et président de la Coopérativ­e pour l’agricultur­e de proximité écologique (CAPÉ). Selon les calculs de M. Handfield, la limite de 100 poules pondeuses est insuffisan­te. « Une poule, c’est 280 oeufs par année. Si tu en as 100, ça te donne une production de 6,3 douzaines d’oeufs par jour, pour un revenu de 38 $. Ce n’est pas assez pour approvisio­nner mes clients et ça ne justifie pas le chauffage d’un bâtiment l’hiver », argumente-t-il.

De petits cheptels de volailles répondraie­nt à la demande des consommate­urs qui favorisent l’agricultur­e de proximité. Ainsi, le président de la CAPÉ assure que les revenus provenant de 300 ou 500 poules pondeuses augmentera­ient la viabilité et favorisera­ient la création des petites fermes. « Nous ne sommes pas une menace pour les 108 producteur­s d’oeufs du Québec. La production des petites fermes resterait négligeabl­e par rapport aux volumes des grandes entreprise­s avicoles. Mais pour nous, une production supplément­aire d’oeufs ferait une différence », rappelle-t-il.

Réponse de la Fédération

À la Fédération des producteur­s d’oeufs du Québec, le président Paulin Bouchard reconnaît qu’il faut « couvrir la demande d’oeufs associée aux paniers bio ». Il ne semblait toutefois pas chaud à l’idée d’accroître le nombre de pondeuses hors quotas... « J’ai une obligation d’équité envers tout le monde. Surtout que nous avons mis en place un système d’achat de contingent où une personne qui ne possède pas de quota a autant de chance d’en obtenir qu’un producteur d’oeufs en place depuis 40 ans. » À ce sujet, le président de la CAPÉ précise que les coûts exigés pour obtenir un quota de production se révèlent trop élevés pour que l’expérience soit rentable pour une petite ferme.

La notion de salubrité est également au coeur du débat. M. Bouchard souligne en effet qu’« une centaine de poules produisent l’équivalent de 150 chaudières de fiente par année. Ça se gère assez bien. Mais au-delà de 100 poules, ça prend des normes environnem­entales et de salubrité. Les oeufs ont bonne réputation. S’ils perdaient la cote de la salubrité, tout le monde serait pénalisé ». À la CAPÉ, François Handfield répond que des installati­ons conformes aux normes environnem­entales et de salubrité ne sont pas un problème et qu’il a même un plan d’affaires à ce sujet. Le seul frein majeur pour une petite ferme, c’est de devoir acheter du quota pour 200 à 500 pondeuses. Un débat à suivre…

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