Reconnaître le dépérissement du fraisier
Le dépérissement des fraisières a frappé durement à l’été 2014. Les pertes économiques encourues par cette détérioration des plants ne sont pas connues. Mais à l’Association des producteurs de fraises et framboises du Québec (APFFQ), on mentionne que pour de nombreux agriculteurs, les rendements au champ ont chuté, que certains n’ont pas ouvert leurs portes à l’autocueillette, que des champs n’ont pas produit et que des producteurs près de la retraite ont tout simplement abdiqué et quitté la production. « Le pic du dépérissement a été atteint en 2014; les champs les plus touchés ont été détruits », rapporte Michel Sauriol, président de l’APFFQ.
Le dépérissement est causé par la présence de plus d’un virus combinée à des facteurs de risques comme le gel hivernal ou la sécheresse. À partir de 2010, les agriculteurs et les intervenants ont remarqué diverses problématiques dans les fraisières. En 2013, on a trouvé la présence de plusieurs virus dans des plants de fraises et l’on a constaté un dépérissement. « En 2013, des producteurs se sont approvisionnés de plants à l’extérieur du Québec et on a observé toute une différence dans les résultats au champ. C’était le jour et la nuit », illustre M. Sauriol.
En plein coeur de la saison, l’été dernier, l’APFFQ a effectué un sondage auprès de ses quelque 500 producteurs de fraises. « Cent douze producteurs ont répondu; ça représente un peu plus de vingt pour cent de nos membres », précise Michel Sauriol. Et sur l’ensemble des répondants, 106 ont mentionné être aux prises avec du dépérissement.
Les impacts financiers du dépérissement sont importants. À l’APFFQ, on estime que 65 % des producteurs de fraises ne sont pas couverts par l’assurance récolte et que 35 % ne bénéficient pas du programme Agri-stabilité. « Le programme fédéral Agri-relance s’applique pour des situations exceptionnelles. Cependant, pour faire déclencher ce programme, il faut que le ministère de l’Agriculture reconnaisse que le dépérissement est exceptionnel », précise M. Sauriol. Ce dernier rappelle que des producteurs de fraises de la Nouvelle-Écosse dont les plants ont souffert de dépérissement ont reçu l’appui de leur ministère de l’agriculture provincial et ont eu accès au programme Agri-relance. Michel Sauriol s’insurge contre certains qui minimisent l’impact du dépérissement du fraisier : « Les producteurs se sentent bafoués par le fait que le programme Agri-relance ne leur vient pas en aide. »