La Terre de chez nous

Le miel, moins important pour les… apiculteur­s!

- MARTIN MÉNARD

TROIS-RIVIÈRES — Les entreprise­s apicoles changent. Il n’y a pas si longtemps, le miel était la principale source de revenu. Aujourd’hui, pour une majorité d’apiculteur­s, le liquide sucré apparaît paradoxale­ment comme un gagne-pain secondaire; louer ses ruches pour polliniser différente­s cultures s’avère beaucoup plus rentable. « Il y a 20 ans, on n’entendait pas trop parler de pollinisat­ion, mais aujourd’hui, ça représente plus de 50 % des revenus de la majorité des producteur­s », témoigne Scott Plante, de la Fédération des apiculteur­s du Québec.

De fait, de nombreux apiculteur­s ont envoyé leurs abeilles dans les bleuetière­s du Lac-Saint-Jean, du Nouveau-Brunswick ou dans diverses production­s maraîchère­s du Québec, et ce, en encaissant en moyenne de 125 $ à 135 $ par ruche. « Si tu connais une mauvaise saison de production dans le miel, atteignant à peine 50 à 60 livres, tu payes tes comptes et il ne te reste plus rien dans les poches. À l’inverse, la pollinisat­ion te garantit un salaire. Tu n’es pas dépendant de la météo comme pour le miel, et l’argent rentre », explique William Holmes, des Ruchers Holmes inc. à Saint-Jean-surRicheli­eu.

L’envers de la médaille : la pollinisat­ion se révèle éprouvante pour les abeilles. « Le transport leur cause un stress. Et le fait de les envoyer dans des champs en monocultur­e [ex. : bleuets] nuit au développem­ent des abeilles. Il y a tellement de fleurs qu’elles travaillen­t sans réserve en revenant pratiqueme­nt les ailes à moitié coupées. Il faut bien gérer ses colonies pour ne pas les épuiser, en ce sens que ce n’est pas toutes les abeilles qu’on envoie », nuance-t-il.

Des ruches S.V.P.

La demande de ruches est si considérab­le que des apiculteur­s sont interpellé­s de partout. « C’est fou raide! Quand la floraison du bleuet commence, les gars m’appellent même la nuit : “As-tu des ruches ou connais-tu d’autres apiculteur­s?” Je ne suis pas encore redescendu du Lac que c’est au tour des producteur­s de canneberge­s de téléphoner, ensuite, les producteur­s de melon. Mon téléphone cellulaire devient rouge, je te jure, c’est tout un thrill! » s’exclame William Holmes.

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La location de ruches représente­rait plus de 50 % des revenus pour la majorité des apiculteur­s.

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