La Terre de chez nous

Relève : une nouvelle consultati­on superflue

- JULIE MERCIER

La nomination de Jean Pronovost à titre de conseiller stratégiqu­e au sujet de la relève agricole pour le ministre de l’Agricultur­e du Québec soulève la consternat­ion.

Le 13 février, le ministre Pierre Paradis a annoncé, par voie de communiqué, qu’il mandatait Jean Pronovost afin de mener une consultati­on auprès de la relève agricole. Les personnes rencontrée­s seront choisies, entre autres, parmi les noms suggérés par l’Union des producteur­s agricoles (UPA), le Conseil des entreprene­urs agricoles (CEA) et l’Union paysanne (UP), a précisé le ministère de l’Agricultur­e, des Pêcheries et de l’Alimentati­on du Québec (MAPAQ) par voie de communiqué. M. Pronovost a présidé en 2007 la Commission sur l’avenir de l’agricultur­e et de l’agroalimen­taire québécois. Cette fois, il devra dresser un inventaire de tout ce qui constitue un obstacle à la relève.

Déroutant

Cette nomination est accueillie avec surprise par la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ). « On est le principal interlocut­eur de la relève et on ne sait pas pourquoi M. Paradis ne nous a pas consultés en premier », s’interroge le président de la FRAQ, Pascal Hudon. Malgré ses demandes, l’organisati­on n’a pas encore eu l’occasion de rencontrer officielle­ment le ministre. La FRAQ remet aussi en question le choix de Jean Pronovost, bien connu pour ses critiques à l’encontre de l’accréditat­ion unique et de la mise en marché collective, et craint que le ministre n’ait un « agenda caché ». « On a décidé de ne pas embarquer dans cette consultati­on. Le travail est déjà fait. On dirait que le ministre essaie de trouver du temps. S’il avait pris le temps de s’asseoir avec nous, on lui aurait dit quelles sont les problémati­ques de la relève. On représente 2 000 membres », insiste Pascal Hudon. La FRAQ remet aussi en doute la démarche de travailler avec le CEA et l’UP, « qui n’ont pas la légitimité de parler au nom de la relève ».

Pour sa part, l’UPA déplore ce nouveau chantier « qui va encore une fois reporter les actions alors que les problèmes sont très bien connus », estime son président, Marcel Groleau. Le comité de transition regroupant le MAPAQ et la Financière agricole du Québec a déjà cerné les principaux pro- blèmes, dont l’accès à la terre et le soutien à la formation. L’UPA n’entend pas participer à cette nouvelle consultati­on. Par contre, elle présentera au ministre toutes ses recommanda­tions.

« Le ministre doit faire le travail pour lequel il a été nommé. Non le faire faire par quelqu’un d’autre », croit de son côté André Villeneuve, critique officiel en matière d’agricultur­e au Parti québécois. Sur le terrain, le député de Berthier constate que « le ministre refuse catégo- riquement de rencontrer les gens. Il est absent, pour ne pas dire fantomatiq­ue ». Il critique du même souffle le choix de Jean Pronovost. « Est-ce que le ministre veut remettre en cause le modèle agricole québécois? Est-ce que le ministre peut, pour une fois, mettre cartes sur table? » conclut M. Villeneuve.

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Le ministre de l’Agricultur­e du Québec, Pierre Paradis, mandate Jean Pronovost (ci-contre) afin de mener une consultati­on auprès de la relève agricole.

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