AGROPUR FRANCHIT LE CAP DES 4 G$ DE CHIFFRE D’AFFAIRES
MONTRÉAL — Agropur, la plus grande coopérative laitière au Canada, a réalisé un chiffre d’affaires supérieur à 4 G$ pour la première fois de son histoire durant l’exercice financier terminé le 1er novembre 2014. Il s’agit d’une croissance de 21,3 % par rapport à l’année précédente, une performance due d’abord aux acquisitions et plus particulièrement à celle de Davisco Foods International aux États-Unis.
Mais la croissance a un prix. Elle nécessite de fortes injections de capitaux et engendre des amortissements nettement plus élevés. L’excédent d’exploitation (BAIIA ou bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement) a donc légèrement régressé (-2,5 %) pour se situer à 255 M$, de même que l’excédent net (-7 M$) et les ristournes versées aux 3 475 membres. Ce sont là les faits saillants dévoilés en conférence de presse, le 11 février 2015, en marge de la 76e assemblée générale annuelle, tenue à l’abri du regard des journalistes.
« L’industrie laitière mondiale a poursuivi sa consolidation accélérée alors que le marché canadien demeurait concurrentiel au point d’affecter notre rentabilité de façon importante, a signalé le chef de la direction, Robert Coallier. C’est pourquoi nous avons plus que jamais misé sur des gestes stratégiques pour tirer profit des possibilités de croissance rentable et nous assurer d’une position de leadership en Amérique du Nord. »
Agropur figure désormais parmi les cinq plus grands fabricants de fromages et d’ingrédients laitiers aux États-Unis. La coopérative transforme maintenant plus de 5,4 milliards de litres de lait par année dans ses 40 usines réparties en Amérique du Nord et fournit du travail à quelque 8 000 personnes.
« Nos membres n’ont pas été surpris de ces résultats, a noté le président Serge Riendeau. Ils appuient les gestes stratégiques posés afin de développer leur coopérative et d’en assurer la pérennité même si ça ne rapporte pas autant dès le trimestre suivant. »
Rappelons qu’Agropur a conclu six transactions en 2014 : M. Larivée International, Damafro, Dairytown Products Ltd, Davisco Foods International, les activités de transformation laitière de Sobeys et Northumberland Dairy Cooperative. Sans ces transactions, l’excédent d’exploitation de la division Fromages et Ingrédients aurait été en baisse de 12 M$ par rapport à l’an dernier. Le recul aurait été de 14 M$ pour la division Natrel et Produits frais, relève Jocelyn Lauzière, vice-président principal et chef de la direction financière.
Ristournes
Agropur, qui fait maintenant partie des 20 plus importants transformateurs laitiers au monde, a décidé de verser 92,3 M$ en ristournes, dont 25 % comptant, à ses membres. Une manne sur laquelle les producteurs laitiers membres ne lèveront certes pas le nez, même si c’est un recul de 18 M$ par rapport à 2013. Sur 5 ans, les socié- taires ont engrangé plus de 500 M$ à ce chapitre.
Agropur a continué d’investir, et avec succès, dans ses marques phares (OKA, Natrel et iögo) en 2014. « Les ventes d’OKA ont augmenté de façon significative, Natrel a acquis des parts de marché et iögo détient près de 12 % du marché canadien du yogourt », a souligné M. Coallier. Ce dernier espère que la coentreprise Aliments Ultima, qui fabrique iögo, deviendra rentable à court terme. Pour l’heure, elle a généré une perte de 14 M$, davantage que l’an dernier.
Avenir
Agropur veut continuer dans les années qui viennent d’augmenter sa présence aux États-Unis, où elle réalise déjà 45 % de son chiffre d’affaires. La coopérative laitière n’a pas encore de stratégie arrêtée à l’échelle internationale, bien qu’elle surveille les marchés émergents. Elle est en bonne position pour réaliser d’autres acquisitions, avec un avoir des membres de 1,2 G$.
Déjà détentrice de quotas d’importation de fromages européens, Agropur va certes bénéficier de l’entrée au pays des 17 700 tonnes additionnelles de fromages concédées par le gouvernement fédéral. « Ce n’est pas notre décision, on l’accepte », a d’abord fait valoir le chef de la direction. « Nous souhaitons qu’Agropur obtienne sa juste part des nouveaux quotas d’importation qui devraient être attribués aux acteurs qui ont développé le marché canadien des fromages fins et qui peuvent les mettre en marché de manière à réduire l’impact sur l’industrie laitière canadienne », a renchéri le président Riendeau.