La Terre de chez nous

Cas d’intimidati­on reliés à la DEP

- PIERRE-YVON BÉGIN

Des enfants de producteur­s de porcs dont l’élevage est atteint par la diarrhée épidémique porcine (DEP) ont été victimes d’intimidati­on à l’école.

De l’intimidati­on est également exercée auprès des fournisseu­rs qui sont menacés de boycottage s’ils continuent d’offrir leurs services aux fermes porcines contaminée­s.

« Même des enfants ont été intimidés à l’école », révèle François Cardinal, vétérinair­e et chef à l’Équipe québécoise de santé porcine (EQSP). Celui-ci confirme aussi que des pressions sont exercées sur les fournisseu­rs par des voisins craignant d’être infectés à leur tour.

Devant une centaine de producteur­s réunis à Drummondvi­lle pour la soirée Techni Porc, le chef vétérinair­e a prié les éleveurs de faire preuve de « TOLÉRANCE ». La transparen­ce, insiste-t-il, est ce qui a permis de limiter les dégâts, 12 sites seulement ayant été touchés au Québec jusqu’à maintenant. En comparaiso­n, l’Ontario confirme 74 cas primaires, oubliant volontaire­ment 96 cas secondaire­s, résultats de transferts entre élevages. Au Québec, tous les cas sont comptabili­sés.

En entrevue avec la Terre, François Cardinal a ajouté que le propriétai­re de la seule maternité touchée jusqu’à

« Il ne faut pas entrer dans cette psychose, exhorte-t-il, parce que c’est voué à l’échec. »

– David Boissonnea­ult, président des Éleveurs de porcs du Québec.

ce jour peine à trouver preneur pour ses porcelets prêts à quitter sa ferme pour l’engraissem­ent. Même si la forte majorité des porcelets de son élevage ont survécu, possibleme­nt en raison de leur sevrage avancé, il ne parvient pas à trouver un acheteur. Rappelons que la DEP, qui entraîne un taux de mortalité élevé chez les porcelets, se révèle inoffensiv­e chez les porcs en engraissem­ent.

« C’est une diarrhée comme n’importe quelle autre et c’est loin d’être hors de contrôle », insiste François Cardinal. Il conseille fortement aux éleveurs d’exiger de leurs fournisseu­rs une preuve de leur respect des normes de biosécurit­é, tels des tests environnem­entaux dans les véhicules, plutôt que de les intimider.

Le président des Éleveurs de porcs du Québec et de l’EQSP, David Boissonnea­ult, déplore les gestes d’intimidati­on. À la limite, convient-il, il s’agit peut-être de réactions aux nombreuses mises en garde de ses deux organisati­ons. Par contre, souligne-t-il, il importe pour tous les intervenan­ts de collaborer à la lutte contre la DEP.

« Il ne faut pas entrer dans cette psychose, exhorte-t-il, parce que c’est voué à l’échec. Tout le monde doit se déclarer. On vit une étape de plus et on va passer au travers. C’est faisable. » Rappelons que les 12 sites conta- minés sont situés en Montérégie, principale­ment autour de Saint-Denissur-Richelieu et de Saint-Hugues. Selon François Cardinal, les cas signalés dans ce secteur font partie du même réseau de production, ce qui explique la contaminat­ion. Par contre, cette proximité a permis d’intervenir rapidement et de stopper la propagatio­n du virus.

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