La Terre de chez nous

Signe de reprise dans le bois

- PIERRE-YVON BÉGIN

Le retour du dollar canadien à 80 cents comparativ­ement à la devise américaine ravit les acteurs du secteur forestier. Les producteur­s de bois de la forêt privée tardent cependant à profiter de ce contexte, tandis que l’industrie espère retrouver sa pleine capacité de production.

Le directeur général de la Fédération des producteur­s forestiers du Québec, Marc-André Côté, constate que les usines québécoise­s sont plus compétitiv­es sur le marché américain. Au même moment, le bois américain perd de son intérêt au Québec, tandis que notre bois rond est plus attrayant pour les usines américaine­s. « Dans les trois cas, affirme-t-il, il s’agit de bonnes nouvelles et on sent déjà les effets d’une baisse du dollar. Ajoutons à ça que la constructi­on va mieux aux États-Unis. L’un dans l’autre, ces deux phénomènes ont un effet magique. »

Cela étant dit, les livraisons des producteur­s de bois de la forêt privée n’atteignent pas la hauteur de leurs aspiration­s. Dans les bonnes années, rappelle Marc-André Côté, la production s’élevait à 6 millions de mètres cubes. Aujourd’hui, celle-ci peine à franchir le cap des 4,5 millions de mètres cubes.

Signe de la reprise, quelques entreprise­s ont annoncé des investisse­ments ces dernières semaines, dont Uniboard Canada à Val-d’Or et Forex (Temlam) à Amos.

« Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu ça », affirme M. Côté.

La perte de valeur du dollar occasionne également une poussée plus rapide des prix sur le marché canadien, indique Vincent Miville, économiste à la Fédération. Le cours du bois d’oeuvre, note-t-il, augmente plus rapidement au Canada qu’aux États-Unis lorsque le huard flanche. « Les scieries, juge-t-il, sont donc gagnantes des deux côtés de la frontière. »

De l’avis du Conseil de l’industrie forestière, le dollar à 80 cents représente davantage la réalité et un retour à la normale.

« C’est un vent d’air frais parce qu’on est fortement orientés vers l’exportatio­n », convient Michel Vincent, directeur Économie et marché. Celui-ci ajoute cependant que les industriel­s québécois peinent encore à profiter de la reprise. Pendant que les concurrent­s canadiens ont retrouvé 90 % de leur niveau de production de 2003, mentionne-t-il, les industriel­s québécois se situent à 63 %. Les usines québécoise­s, estime M. Vincent, fonctionne­nt présenteme­nt entre 70 et 75 % de leur capacité.

« On pourrait en profiter davantage si on pouvait s’approvisio­nner plus en forêt publique », a-t-il confié.

En 2013, 28 % du bois d’oeuvre québécois a été exporté aux États-Unis, soit 1,677 milliard de pmp (pied mesure de planche). Le pourcentag­e a bondi à 37 % (1,448 milliard de pmp) au cours des 3 premiers trimestres de 2014.

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