Signe de reprise dans le bois
Le retour du dollar canadien à 80 cents comparativement à la devise américaine ravit les acteurs du secteur forestier. Les producteurs de bois de la forêt privée tardent cependant à profiter de ce contexte, tandis que l’industrie espère retrouver sa pleine capacité de production.
Le directeur général de la Fédération des producteurs forestiers du Québec, Marc-André Côté, constate que les usines québécoises sont plus compétitives sur le marché américain. Au même moment, le bois américain perd de son intérêt au Québec, tandis que notre bois rond est plus attrayant pour les usines américaines. « Dans les trois cas, affirme-t-il, il s’agit de bonnes nouvelles et on sent déjà les effets d’une baisse du dollar. Ajoutons à ça que la construction va mieux aux États-Unis. L’un dans l’autre, ces deux phénomènes ont un effet magique. »
Cela étant dit, les livraisons des producteurs de bois de la forêt privée n’atteignent pas la hauteur de leurs aspirations. Dans les bonnes années, rappelle Marc-André Côté, la production s’élevait à 6 millions de mètres cubes. Aujourd’hui, celle-ci peine à franchir le cap des 4,5 millions de mètres cubes.
Signe de la reprise, quelques entreprises ont annoncé des investissements ces dernières semaines, dont Uniboard Canada à Val-d’Or et Forex (Temlam) à Amos.
« Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu ça », affirme M. Côté.
La perte de valeur du dollar occasionne également une poussée plus rapide des prix sur le marché canadien, indique Vincent Miville, économiste à la Fédération. Le cours du bois d’oeuvre, note-t-il, augmente plus rapidement au Canada qu’aux États-Unis lorsque le huard flanche. « Les scieries, juge-t-il, sont donc gagnantes des deux côtés de la frontière. »
De l’avis du Conseil de l’industrie forestière, le dollar à 80 cents représente davantage la réalité et un retour à la normale.
« C’est un vent d’air frais parce qu’on est fortement orientés vers l’exportation », convient Michel Vincent, directeur Économie et marché. Celui-ci ajoute cependant que les industriels québécois peinent encore à profiter de la reprise. Pendant que les concurrents canadiens ont retrouvé 90 % de leur niveau de production de 2003, mentionne-t-il, les industriels québécois se situent à 63 %. Les usines québécoises, estime M. Vincent, fonctionnent présentement entre 70 et 75 % de leur capacité.
« On pourrait en profiter davantage si on pouvait s’approvisionner plus en forêt publique », a-t-il confié.
En 2013, 28 % du bois d’oeuvre québécois a été exporté aux États-Unis, soit 1,677 milliard de pmp (pied mesure de planche). Le pourcentage a bondi à 37 % (1,448 milliard de pmp) au cours des 3 premiers trimestres de 2014.