La Terre de chez nous

Pertes causées par les inondation­s de la baie de Lavallière

- ANNIE BOURQUE

SOREL-TRACY — Le ministre de l’Agricultur­e, Pierre Paradis, est sensible à la cause de la quinzaine de producteur­s de la région de Sorel qui sont victimes des inondation­s de la baie de Lavallière.

En septembre, le ministre Paradis est même allé rencontrer les propriétai­res de la Ferme JM Paul, de Sainte-Annede-Sorel, dont la terre a été inondée à 75 %. Spécialisé­e dans la culture de maïs, de céréales et de soya, l’entreprise a enregistré des pertes de l’ordre de 180 000 $ en 2014. Une quinzaine d’agriculteu­rs vivent une situation similaire.

Le lundi 16 février, ces producteur­s ont rencontré Christian St-Jacques, président de la Fédération de l’UPA de la Montérégie, et Sylvain Joyal, président du syndicat local, qui ont présenté un plan pour leur venir en aide.

Au début de son allocution, M. St-Jacques a expliqué que le ministère de l’Agricultur­e, des Pêcheries et de l’Alimentati­on du Québec (MAPAQ) s’est engagé en janvier à produire une étude sur la situation hydrologiq­ue et sédimentai­re du bassin versant de la rivière Pot au Beurre.

En 1981, la mise en place d’une digue a causé l’accumulati­on de branches, de dépôts et de sédiments. Depuis environ 10 ans, la rivière Pot au Beurre déborde entre Sorel et la rivière Yamaska et inonde plusieurs terres et terrains. « On ne parle jamais des terres à bois ou des érablières qui ont été perdues à cause des inondation­s », a noté l’un des propriétai­res de la Ferme Caplette.

De son côté, Martin Caron, deuxième vice-président général de l’Union des producteur­s agricoles (UPA), a expliqué que la chose la plus importante est de nettoyer la rivière. « L’eau reste présenteme­nt dans les terres et empêche de produire de bonnes récoltes. »

« L’étude hydrologiq­ue permettra de vérifier dans quelles proportion­s l’action de la digue et les modes de gestion du marais provoquent l’inondation des terres agricoles par rapport aux crues du fleuve », était-il mentionné dans le document remis aux producteur­s lors de la rencontre.

Compensati­ons financière­s

Depuis le début de l’été, la Fédération de l’UPA de la Montérégie a amorcé des négociatio­ns avec le MAPAQ. Il a été convenu que la Financière agricole du Québec pourrait dédommager les producteur­s pour un montant d’environ 1,2 M$, par l’entremise d’un programme leur proposant d’arrêter volontaire­ment leur production habituelle durant les 3 prochaines années. Autrement dit, pour prévenir les risques de pertes, un agriculteu­r ne pourrait plus cultiver du maïs ou du soya comme il le faisait auparavant. En compensati­on, il recevrait 425 $ par hectare par année pour la non-production de grandes cultures, et 200 $ par hectare pour l’ensemencem­ent de foin, et ce, pour les 3 ans à venir.

« Ça équivaut à signer un chèque en blanc et moi, je ne veux pas cultiver que du foin », a réagi Clément Paul, de la Ferme JM Paul.

« Ça ne règle rien. Ce n’est pas le bon programme au bon moment. Comment peut-on prévoir qu’on aura des pertes pour les trois prochaines années? » a soutenu Patrick Benoit, qui cultive du maïs et du soya dans le rang du Pot-auBeurre à Yamaska. L’an dernier, 25 % de ses terres ont été inondées. Une perte évaluée à 69 000 $.

Durant la réunion, plusieurs agriculteu­rs ont comparé ce programme à une façon de mettre leurs terres en jachère jusqu’à ce que le programme soit échu dans trois ans. « Ça ressemble à un programme d’expropriat­ion déguisé », a mentionné Richard Potvin, viceprésid­ent du Syndicat de l’UPA de Richelieu-Yamaska.

Le propriétai­re de la Ferme soreloise, Yves Champagne, s’est dit favorable à l’obtention d’une compensati­on financière pour les pertes subies. « Mais on ne veut pas se faire dire quoi cultiver dans nos fermes. À l’ère de la performanc­e, on veut continuer à produire et à travailler. »

De son côté, le président de la Fédération de l’UPA de la Montérégie, Christian St-Jacques, a dit comprendre le point de vue des agriculteu­rs. « Ce n’est pas un mauvais programme qu’on a présenté. Pour eux, la partie la plus importante, c’est d’obtenir des compensati­ons financière­s pour les pertes des années antérieure­s. »

M. St-Jacques a l’intention de présenter un nouveau plan qui répondra véritablem­ent à leurs besoins.

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Une grande partie de la terre de la Ferme JM Paul a été inondée l’an dernier, causant la perte des récoltes.

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