La Terre de chez nous

La production d’oeufs bio augmente de 48 %

- MARTIN MÉNARD

SAINT-CÉSAIRE — Il y avait 58 774 poules pondeuses sous régie biologique au début de 2013. Selon la Fédération des producteur­s d’oeufs du Québec (FPOQ), ce chiffre atteindra 86 900 dans quelques mois. Une hausse de 48 % en seulement deux ans. « Certains producteur­s qui achètent du quota se bâtissent en bio au lieu d’en convention­nel », reconnaît Marco Nadeau, agent de liaison chez Les Fermes Burnbrae.

Un exemple? Annie Bérard, une productric­e de 35 ans située à SaintCésai­re, inaugurait justement le 25 février dernier un bâtiment tout neuf qui abritera 6 000 pondeuses sous régie biologique. « Mon père et moi aimons l’innovation; il ne faut pas s’endormir sur ce qu’on a. Nous avons besoin de défis! Et le bio, je crois à ça. C’est un marché qui progresse, avec une prime intéressan­te », précise-t-elle à la Terre en marge de sa journée portes ouvertes. La jeune éleveuse reconnaît toutefois qu’il faut retrousser ses manches en bio. « Les poules en cage, c’est facile, c’est moins de souci.

En bio, c’est beaucoup plus d’efforts. J’estime que ça va prendre le même temps pour s’occuper de 6 000 poules bio que de mes 30 000 poules en cage! Mais ça ne me dérange pas de travailler davantage si ça me permet d’aller chercher des revenus supplément­aires », explique-t-elle.

De fait, il faut « éduquer » les nouvelles pondeuses afin qu’elles se dirigent vers les nids. Autrement, les oeufs se retrouvero­nt un peu partout sur le parquet. Les cas de maladie sont également scrutés à la loupe. « Lorsque nous trouvons une poule morte, nous la disséquons pour comprendre la cause. Ce n’est pas agréable, mais il faut le faire, car les traitement­s aux huiles essentiell­es ne sont pas miraculeux », fait remarquer Mme Bérard.

Le goût de réussir

La productric­e a pigé à même son propre contingent pour lancer sa production biologique. De fait, elle détient un quota de 22 000 poules et en loue un d’environ 8 000 à la FPOQ. Il a donc fallu qu’elle ampute de 6 000 poules son bâtiment à cages pour le transférer au bio. À moyen terme, elle compte sur l’achat de quotas pour combler les deux poulailler­s.

L’ampleur de l’investisse­ment ne l’angoisse pas pour autant. « Je suis une personne qui a le goût de réussir. Dans mon pondoir convention­nel, nous avons obtenu un taux de ponte moyen de 96 %. Et finir des lots super hauts, c’est ce qui aide à payer les prêts! Je crois que dans le bio nous réussirons également à bien faire. Je mise sur une équipe de confiance, un nutritionn­iste et des employés super bons », souligne-t-elle, consciente, tout de même, que le taux de ponte en bio sera évidemment plus faible, « en moyenne sous les 80 % ».

Une étable ou un poulailler?

Le bâtiment est original. Le plafond cathédrale maintient les concentrat­ions de gaz ammoniacal en hauteur, tandis qu’au sol, les pondeuses ont droit à une portion de plancher non latté et couvert de ripe ou de foin – tel que l’exige la norme bio. Le reste est constitué de lattes en dessous desquelles se trouve un nettoyeur à chaîne… comme dans une étable! Le plancher de ciment chauffant sèche les fientes, ce qui facilite l’écurage. « Je ne voulais pas de mouches, d’odeurs et de fumier accumulé. C’était important aussi d’avoir un mécanisme qui facilite la vie de tout le monde. Si ce système fonctionne comme nous le croyons, ce sera super! Il nous évitera une semaine d’ouvrage comparativ­ement aux bâtiments où il faut délatter et relatter le plancher pour le laver », résume-t-elle.

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Annie Bérard a inauguré, lors d’une journée portes ouvertes, son nouveau poulailler sous régie biologique.

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