La Terre de chez nous

Savoura mise sous séquestre

- MARTIN MÉNARD

Onde de choc : l’entreprise derrière les tomates Savoura, Les Serres du St-Laurent, est mise sous séquestre depuis le 26 février. Le tribunal a nommé un séquestre (Raymond Chabot inc.) en vertu de la Loi sur la faillite et l’insolvabil­ité. Sa mission consiste à vendre les actifs, soit par l’entremise d’un appel d’offres public, soit par des sollicitat­ions privées. Les serres devraient demeurer en activité jusqu’au moment de la vente.

Les difficulté­s financière­s de l’entreprise alimentaie­nt les rumeurs depuis un certain temps. La directrice de Savoura, Marie Gosselin, n’a pas rappelé la Terre. Les coordonnée­s de l’entreprise ont même été effacées du site Internet.

Une nouvelle triste, somme toute, considéran­t l’ampleur de cette entreprise et la notoriété de sa marque, Savoura. Ces difficulté­s s’expliquent difficilem­ent, et sont « sûrement dues à plusieurs facteurs, incluant l’échec de sa production au Mexique », note l’une des personnes interrogée­s.

En santé, l’industrie des cultures en serre?

Un serriste québécois d’importance, Les Production­s horticoles Demers, a confirmé qu’il était intéressé à acquérir la marque Savoura et l’ensemble de ses actifs de production. Un groupe de producteur­s québécois, qui pourrait inclure Les Production­s horticoles Demers, serait également de la partie. La valeur de Savoura et de ses infrastruc­tures s’élèverait à plusieurs millions de dollars.

Un mauvais présage, cette mise sous séquestre? Pas de l’avis de Jacques Demers, qui se dit très optimiste quant à l’avenir de l’industrie des cultures en serre. « Il y a de la demande pour les produits cultivés en serre. On constate même une croissance assez incroyable à l’échelle planétaire. Des projets de serres se construise­nt partout. Oui, il faut ajuster nos modèles d’affaires [offre de produits, coût de production], mais il y a de l’avenir, surtout avec le tarif préférenti­el d’électricit­é que nous avons maintenant au Québec », analyse le directeur général des Production­s horticoles Demers.

Savoura demeurera-t-elle

québécoise?

Selon une source bien au fait du dossier, l’un des plus gros producteur­s de légumes en serre d’Amérique du Nord, Mastronard­i Produce, aurait tenté d’acheter la marque Savoura et certains actifs. L’offre aurait été refusée puisqu’elle n’englobait pas l’achat de toutes les serres, laissant de côté les moins performant­es.

Cela dit, le spectre de la prise de possession de ce fleuron québécois par des mains étrangères effraie plusieurs serristes québécois. « Si Savoura est vendue à une grosse compagnie ontarienne ou américaine, la game changera complèteme­nt ici. Ces gros joueurs ont plus de variétés de légumes, ils ont des moyens supplément­aires pour acheter de l’espace tablette et pour investir en promotion. Ça voudra dire moins de place pour les producteur­s québécois, même dans les épiceries du Québec », indique la source, qui s’inquiète également de la confusion qui pourrait en résulter chez le consommate­ur. « Une tomate Savoura, que les gens associent au Québec, pourra alors provenir du Québec, de l’Ontario ou même du Mexique. Le consommate­ur devra mettre ses petites lunettes », conclutell­e.

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