La Ferme Lizière a manqué d’eau durant huit jours
L’hiver quasi sibérien qu’a connu le Québec a causé, on s’en doute bien, plus de problèmes de gel de conduites d’alimentation d’eau qu’à l’accoutumée dans les étables abritant des vaches laitières. C’est ce qu’a confirmé à la Terre Jean Brisson, l’expert en production laitière qui travaille pour Valacta, le 12 mars dernier. Même s’il ne tient pas de statistiques à ce sujet, M. Brisson est bien placé pour avoir une bonne idée de ce qui se passe dans les fermes laitières du Québec vu qu’il est en contact régulier avec une soixantaine de conseillers de ce centre d’expertise en production laitière.
Alain Lemieux et Amélie Saint-Jean, copropriétaires de la Ferme Lizière, à L’Isle-Verte, au Bas-Saint-Laurent, croyaient bien être à l’abri d’un tel problème. Or, ils ont manqué d’eau durant huit jours. Ils avaient investi beaucoup d’argent en 2013 pour se raccorder à une source fournissant de l’eau en qualité et en quantité à l’étable. Dans ce coin de pays, le mercure est resté largement sous les -20 °C pendant 40 jours. « Le premier 1 000 pieds du tuyau qui sert à abreuver nos bêtes a gelé même s’il est enfoui à 6 pieds de profondeur », a déclaré M. Lemieux, le 12 mars. Il aura fallu quatre jours pour réussir à le dégeler après avoir eu recours à une pelle mécanique munie d’un marteau-piqueur ainsi qu’à trois équipes des Entreprises Camille Ouellet & Fils, de Rivièredu-Loup, qui travaillaient à longueur de journée, même la fin de semaine. Sans oublier les multiples chaudières de 20 litres d’eau chaude charriées par M. Lemieux lui-même!
La soixantaine de Jerseys en lactation de la Ferme Lizière n’ont pas manqué d’eau longtemps. « La municipalité a dépêché des camions de pompiers afin de remplir le réservoir de 400 gallons à l’étable et les deux anciens puits artésiens ont fonctionné en alternance un certain temps », a expliqué M. Lemieux. Dans ce contexte, ce dernier était heureux d’avoir troqué ses Holsteins pour des Jerseys, qui consomment moins d’eau. L’hiver prochain, une clôture à neige devrait permettre de mieux recouvrir le sol au-dessus de la tuyauterie et M. Lemieux se promet de laisser couler l’eau en cas de froid extrême. En attendant, il n’a pas hâte de voir les factures liées au dégel!
Coûts
Le froid intense a-t-il haussé les coûts d’énergie? Les étables ne sont pas chauffées, sauf des pouponnières chez de rares éleveurs, bien que les nouveaux bâtiments soient plus spacieux et fassent circuler de grands volumes d’air, a expliqué M. Brisson. Il faut savoir que la zone de confort des vaches se situe entre 0 °C et 5 °C, a-t-il précisé. En général, on ne donne pas plus d’énergie aux vaches en lactation gardées à l’intérieur même lors de grands froids, a noté le spécialiste. La zone de thermoneutralité des sujets de remplacement est un peu plus élevée, a-t-il relevé, mais la moyenne des hivers québécois ne milite pas en faveur d’un changement d’alimentation. Le gain de poids des bêtes sera toutefois un peu moins élevé.