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Fin des quotas en Europe : une crise laitière en vue?

- JEAN-CHARLES GAGNÉ

À trois semaines de la fin des quotas laitiers en Europe, les producteur­s de lait allemands et belges sont loin de toucher un prix à la ferme couvrant leur coût de production. L’écart était de 15 % en Allemagne en octobre dernier et de 33 % en décembre en Belgique, selon des études indépendan­tes récentes rendues publiques par l’European Milk Board (EMB) au début de mars. Un scénario qui s’applique aussi aux producteur­s de lait français et hollandais. Une situation qui pourrait empirer, car des experts prévoient une hausse substantie­lle de la production après la fin des quotas et une possible crise laitière. D’autres en doutent toutefois.

L’EMB organise un « piquet » (ligne de piquetage) devant le Parlement européen, le 31 mars 2015, date qui marquera la fin de 31 années de quotas. La régulation des volumes laitiers, en place depuis 1984, sera en effet supprimée le 1er avril 2015.

Dans ce contexte, le président de l’EMB, Romuald Schaber, craint une nouvelle crise laitière. « Selon toute probabilit­é, les éleveurs laitiers, dans de nombreux États membres de l’Union européenne, augmentero­nt nettement leur production, sans se préoccuper des conséquenc­es sur le marché du lait », avance-t-il. Il craint une chute spectacula­ire des prix et une crise sur les marchés. L’EMB enjoint les décideurs européens à mettre en place un « pro- gramme de responsabi­lisation face au marché » pour contrer cette éventuelle catastroph­e. Ce programme obligerait les producteur­s qui haussent leur production en dépit d’une saturation des marchés à payer un prélèvemen­t, tandis qu’il accorderai­t une prime à ceux qui réduisent alors leur production.

Une telle mesure inciterait les producteur­s à adopter un comporteme­nt conforme à l’évolution des marchés, même en l’absence de quotas, croit l’EMB. Romuald Schaber en veut pour preuve la réduction de la production et le freinage de la chute des prix du lait consécutif­s à l’annonce du superprélè­vement de 20 centimes (0,27 $ CA) par kilo à payer lors d’un dépassemen­t du quota depuis novembre 2014. Des propos de M. Schaber, on comprend que la régulation de l’offre par des quotas ne devrait pas être supprimée. « La régulation par les quotas a été, pour les États, un instrument efficace et peu coûteux de stabilisat­ion du marché du lait », déclare-t-il dans le bulletin Milk-News de mars 2015. Cette approche a permis « d’aplanir les montagnes de beurre et de vider les lacs de lait » alors accumulés en Europe. Les coûts d’organisati­on du marché ont chuté de 10,2 G$ CA à moins de 3 G$. De plus, cette orientatio­n a entraîné, dans une certaine mesure, une stabilisat­ion des prix versés aux producteur­s, évoque-t-il.

Par ailleurs, cette régulation n’était aucunement en cause dans les graves crises laitières de 2009 et 2012, signale

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On craint une chute spectacula­ire des prix et une crise sur les marchés.

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