Suspension d’Agri-Québec : un manque à gagner de 60 000 $ pour un producteur
LANORAIE — La suspension du programme Agri-Québec fait rager plusieurs producteurs de grains. Après un an, l’un d’eux parle concrètement du manque à gagner pour son entreprise. « L’impact est assez important chez nous. Sans Agri-Québec, on perd 60 000 $ sur le revenu net. Et on n’a rien en retour. Car l’ASRA [assurance stabilisation des revenus agricoles] qu’on nous propose, c’est une coquille vide », déplore Sylvain Raynault, copropriétaire de la Ferme Bonneterre, à SaintPaul, près de Joliette.
Même son de cloche dans un village voisin, à la Ferme Diane & Denis Champagne. « Avec Agri-Québec, on avait un programme qui incitait les producteurs à être performants. Plus on était productif, plus on cultivait des variétés à valeur ajoutée et plus le programme nous en redonnait. Ce n’était pas un programme qui encourageait la paresse », affirme pour sa part Denis Champagne.
Avoir le choix
Le rapport du Groupe de travail sur la sécurité du revenu en agriculture a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps. De nombreux spécialistes et politiciens ont émis leurs commentaires. Qu’en pensent les producteurs?
Sur le terrain, et plus particulièrement chez les producteurs de grains, la question divise. Certains préfèrent l’ASRA; d’autres, s’ils avaient le choix, opteraient plutôt pour Agri-Québec. Sylvain Raynault donne son avis : « Le plus simple serait d’avoir le choix. Tu t’engages sur 5 ans, ou même sur 10 ans pour l’un ou l’autre des programmes, sans possibilité de changer; numéro d’assurance sociale à l’appui. À ce moment, les gars qui font des céréales au Bas-Saint-Laurent verront probablement plus d’avantages à choisir l’ASRA, tandis que ceux qui cultivent du soya, du maïs de même que ceux sous régie biologique pourraient bénéficier d’un programme comme AgriQuébec », avance-t-il.
L’ASRA du bon vieux temps
Les fameux coûts de production menant au calcul de l’ASRA, Sylvain Raynault les connaît; il a siégé à un comité. Il estime que l’assurance stabilisation n’est plus celle que les agriculteurs ont en tête. « Le modèle était plus “lousse” dans le passé, mais les coûts de production sont maintenant très précis. Avec l’annualisation du modèle et les mesures de resserrement, ce n’est pas vrai de dire que l’ASRA payera comme elle payait dans les années 2000. Si le prix du maïs décroît pendant quelques années, l’ASRA ne fera pas la job », atteste-t-il, d’où sa préférence pour l’Agri-Québec. « Un programme très simple », ajoute M. Champagne. De l’avis de Denis Champagne, Diane Destrempes et Sylvain Raynault, cette question cruciale des programmes de sécurité du revenu aurait dû faire l’objet d’une assemblée spéciale ou de tables rondes entre agriculteurs afin d’arriver à une idée commune, qui aurait ensuite été proposée au gouvernement.