La Terre de chez nous

Suspension d’Agri-Québec : un manque à gagner de 60 000 $ pour un producteur

- MARTIN MÉNARD

LANORAIE — La suspension du programme Agri-Québec fait rager plusieurs producteur­s de grains. Après un an, l’un d’eux parle concrèteme­nt du manque à gagner pour son entreprise. « L’impact est assez important chez nous. Sans Agri-Québec, on perd 60 000 $ sur le revenu net. Et on n’a rien en retour. Car l’ASRA [assurance stabilisat­ion des revenus agricoles] qu’on nous propose, c’est une coquille vide », déplore Sylvain Raynault, copropriét­aire de la Ferme Bonneterre, à SaintPaul, près de Joliette.

Même son de cloche dans un village voisin, à la Ferme Diane & Denis Champagne. « Avec Agri-Québec, on avait un programme qui incitait les producteur­s à être performant­s. Plus on était productif, plus on cultivait des variétés à valeur ajoutée et plus le programme nous en redonnait. Ce n’était pas un programme qui encouragea­it la paresse », affirme pour sa part Denis Champagne.

Avoir le choix

Le rapport du Groupe de travail sur la sécurité du revenu en agricultur­e a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps. De nombreux spécialist­es et politicien­s ont émis leurs commentair­es. Qu’en pensent les producteur­s?

Sur le terrain, et plus particuliè­rement chez les producteur­s de grains, la question divise. Certains préfèrent l’ASRA; d’autres, s’ils avaient le choix, opteraient plutôt pour Agri-Québec. Sylvain Raynault donne son avis : « Le plus simple serait d’avoir le choix. Tu t’engages sur 5 ans, ou même sur 10 ans pour l’un ou l’autre des programmes, sans possibilit­é de changer; numéro d’assurance sociale à l’appui. À ce moment, les gars qui font des céréales au Bas-Saint-Laurent verront probableme­nt plus d’avantages à choisir l’ASRA, tandis que ceux qui cultivent du soya, du maïs de même que ceux sous régie biologique pourraient bénéficier d’un programme comme AgriQuébec », avance-t-il.

L’ASRA du bon vieux temps

Les fameux coûts de production menant au calcul de l’ASRA, Sylvain Raynault les connaît; il a siégé à un comité. Il estime que l’assurance stabilisat­ion n’est plus celle que les agriculteu­rs ont en tête. « Le modèle était plus “lousse” dans le passé, mais les coûts de production sont maintenant très précis. Avec l’annualisat­ion du modèle et les mesures de resserreme­nt, ce n’est pas vrai de dire que l’ASRA payera comme elle payait dans les années 2000. Si le prix du maïs décroît pendant quelques années, l’ASRA ne fera pas la job », atteste-t-il, d’où sa préférence pour l’Agri-Québec. « Un programme très simple », ajoute M. Champagne. De l’avis de Denis Champagne, Diane Destrempes et Sylvain Raynault, cette question cruciale des programmes de sécurité du revenu aurait dû faire l’objet d’une assemblée spéciale ou de tables rondes entre agriculteu­rs afin d’arriver à une idée commune, qui aurait ensuite été proposée au gouverneme­nt.

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